Cela fait déjà un bon petit bout de temps que je voulais découvrir les œuvres de Junko Mizuno. Depuis le hors-série d’AnimeLand sorti à l’été 2006. C’est dire si ça date. Pour m’initier à l’auteur, parmi ses titres déjà disponibles chez Imho, j’ai préféré commencer par sa trilogie de contes : Cinderalla, Hansel & Gretel et La Petite Sirène. Tous exprimant la sensibilité mais aussi l’évolution de l’auteur.
Pure Trance et Pilou patienteront un peu. Notamment, pour le second, parce que la suite et fin se fait encore attendre, même si Imho a annoncé au début de l’été que Mizuno ferait son retour chez eux en 2014. Pour Pilou ou pour un autre titre ? Mystère !
Cinderella est donc le premier titre des éditions Imho, foulant nos vertes contrées au printemps 2004. Hansel & Gretel suivra un an plus tard, puis le dernier tome de cette trilogie de contes l’hiver de la même année.
Pour son premier livre (en France, puisque Mizuno a débuté sa carrière avec Pure Trance), on entre en terrain connu avec une adaptation de Cendrillon, la marâtre acariâtre, les belles-sœurs reloues, la bonne fée, la citrouille et tout le reste. Eh bien, pour commencer, Mizuno décide de bazarder tout ça. Hop, c’est fait.
Sa Cinderella vit heureuse avec son père, adorant travailler pour son restaurant de yakitori. Et puis, un jour, il meurt. Mais il revient alors, la nuit suivante, sous la forme d’un zombie ! Pire que tout, il annonce son remariage…
Pour Gretel et son frère Hansel, pareil, le conte d’origine est littéralement passé à la moulinette. Dans la version de Junko Mizuno, le monde est une ode à la nourriture : un cochon vend sa propre viande, les épinards poussent dans les cheveux de fées des bois et on peut trouver des gisements de croissants (ou peut-être de donuts, miam). La belle vie. Mais un jour, une terrifiante sorcière vient perturber à jamais la rêverie tranquille des villageois…
Comme vous l’aurez deviné, La Petite Sirène subit le même sort. La version revisitée par Mizuno reste toutefois légèrement moins fourre-tout et nawak, plus sobre, que pour les deux one-shot précédents. Ici, on a un clan de pêcheurs qui massacrent les sirènes pour revendre leurs organes… Mais Julie tombe amoureuse de l’un d’eux. Terrible dilemme…
Le trait de la mangaka, que je trouve très cartoony, est facilement identifiable : des formes rondes alliées à des couleurs vives et acidulées. Mais l’univers en lui-même est loin d’être aussi mignon que les personnages représentées. La candeur du dessin est de loin dépassé par l’horreur glauque voire gore des scénario : zombie, énucléation, cannibalisme… Un contraste bien marqué entre l’aspect visuel et les histoires narrées.
Si les femmes de Junko Mizuno, ses héroïnes, sont souvent topless (quand ce n’est pas le nu intégral comme pour la première scène de Gretel) et habillées de tenues bien trop courtes, elles sont néanmoins au premier plan et reste les actrices principales de leur vie. On pourra peut-être regretter que la motivation principale de deux des héroïnes, Cinderella et Julie la sirène pour ne pas les nommer, soit l’amour, et donc un homme, même si cela est plus à imputer aux contes d’origine qu’à l’auteur.
En effet, les personnages masculins restent en faible nombre et dans des rôles mineurs de faire-valoir. Quoiqu’il arrive, les hommes sont dans l’ombre des femmes, le véritable sexe fort ici. Même pour Hansel, qui aura toutefois droit à son heure de gloire (histoire de justifier la présence de son nom dans le titre, tout de même). A noter que les hommes ne feront pas de full frontal nudity.
La nourriture joue également un rôle crucial dans les trois one-shot, écho du passé de l’auteur, anorexique durant sa jeunesse (selon ce même numéro d’AnimeLand évoqué précédemment). La belle-mère de Cinderella est une boulimique qui avale crêpes sur crêpes sans pouvoir s’arrêter, le monde de Hansel et Gretel est entièrement composé d’aliments aux couleurs chatoyantes et l’histoire elle-même tourne autour du rapport à la nourriture. Dans La Petite Sirène, l’aspect « gastronomie » transparaît via les habitudes alimentaires des femmes-poissons : la chair humaine… Seul titre où cet aspect aura un ton négatif, sombre et tourmenté…
D’ailleurs, si les deux premières adaptations ont des couleurs qui chantent les louanges de l’arc-en-ciel, La Petite Sirène dévoile des teintes plus pâles, des tons pastels un peu plus sombres qui vont de mises avec un récit plus sanglant. Il est aussi le seul one-shot a se finir avec une note douce-amère, là où les autres pourraient avoir la fameuse ligne « Happy End« . Simple hasard ou réelle évolution marquante, il faudra que je me procure d’autres titres plus récent de la mangaka pour le découvrir !
L’édition d’Imho est quant à elle impeccable, sachant que le sens de lecture français a été retravaillé par Junko Mizuno en personne. Ces trois œuvres montrent donc tout le talent de la mangaka et j’ai hâte de découvrir ses titres originaux.
Ca a l’air sympa, ca change des histoire trop guimauves…
Pour la guimauve, effectivement, vaux mieux aller voir ailleurs, même si la romance n’est pas absente des titres de Mizuno. :3
Oulah, ça m’a l’air très WTF tout ça, mais pourquoi pas, le trait est original et une revisite plus sombre est toujours appréciable. J’irai lire ça, merci pour la découverte !
De rien, en espérant que ces lectures te plaisent ! :3
J’avais beaucoup discuté de ces titres avec le staff d’Imho à Japan Expo ! (Bon du coup j’avais pris la Fille de la Plage) mais j’ai bien envie de tenter cette mangaka quand même =)
Heureux que cet article t’aies redonné envie. :3
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