J’étais assez content lorsque Akata a annoncé vouloir catégoriser leurs mangas autrement que par des termes comme shonen, seinen, shojo etc. Mais lorsque j’ai vu qu’ils lançaient une collection What The Fuck ?!, ma réaction fut plutôt mitigée… Et pourtant Magical Girl of the End, le fer de lance de cette collection, est parvenu à me faire apprécier le titre de la collection. Retour ce manga déjanté.
Magical Girl of the End est un manga de Kentaro Sato prépublié dans le Bessatsu Shonen Champion d’Akita Shoten. Au Japon, la série connaît son petit succès, si bien qu’un spin off, toujours écrit et dessiné par Kentaro Sato, est publié gratuitement sur Champion Tap. On trouve également sur le site en ligne de l’éditeur un crossover entre Magical Girl of the End et Hakaiju, un manga de Shingo Honda qu’on connaît bien dans nos contrées. En France le manga est donc publié par Akata depuis mai 2014.
Le manga débute lorsque Kii se rend à l’école pour passer une journée banale. Enfin c’est ce qu’il croit, puisque il se rendra rapidement compte qu’une magical girl a pénétré l’établissement scolaire pour buter tout le monde. What the fuck vous vous dites ? Oui, mais ce n’est pas tout, les magicals girls envahissent le Japon et transforment en espèce de zombies tous les habitants qu’elles massacrent. What the fuck vous vous dites ? Oui, c’est le titre de la collection.
Bien que déjanté, Magical Girl of the End possède des bases assez classiques. Par exemple, l’unième journée ordinaire qui va tourner au massacre, on l’a déjà vu dans Jeux d’enfants. La course-poursuite entre infectés et lycéens libidineux, on l’a déjà vu dans Highschool of the Dead. Les monstres qui viennent du ciel, on l’a déjà vu dans Bleach. Et des similitudes, on en trouve tout le long de la lecture. Ce manque d’originalité n’est pas tant dérangent que cela dans la mesure où Kentaro Sato a su créer un univers cohérent. De plus, malgré cette sensation de déjà-vu, on ne sait jamais où le manga veut nous mener et on est souvent surpris par les choix de l’auteur. Mais se dire « Je n’ai pas déjà lu ça quelque part moi ? » n’aide pas à entrer dans l’univers du manga.
On en vient naturellement à la principale qualité du manga : la narration. Tout va vite, très vite. Une fois dans le vif du sujet, impossible de lâcher le bouquin tant l’action ne laisse aucun temps mort. On a l’impression que l’histoire progresse au fil de notre lecture, qu’il s’est écoulé autant de temps dans le scénario que depuis qu’on a le livre en main. Et ça, c’est le signe d’une narration maîtrisée. De plus, l’auteur ajoute des éléments surprenants le lecteur, des magicals girls décalées, des morts inattendues… Bref, de quoi raviver la flamme de la lecture si besoin.
Si la narration est très efficace, ce n’est pas le cas du coup de crayon du maître. En effet, dès qu’il y a de l’action, tout devient un peu brouillon. Comme je l’ai dit, tout va vite dans cette série, mais de là à confondre vitesse et précipitation… On aurait aimé un peu plus de détails, voire d’explications, parce qu’on ne capte pas tous les délires du mangakas… Malgré cela, il faut avouer que ce n’est pas vilain. Pour peu qu’on accroche au chara design assez particulier, le manga à tout pour plaire. Mais ce qui fait le sel du design de Kentato Sato, c’est le faciès des magicals girls. Rien qu’en voyant leurs têtes, on comprend qu’on sera en face d’un manga déjanté. On notera également que le manga est bien gore, et assume pleinement le délire de survival horror. Et cela pour le plus grand plaisir des amateurs du genre.
Comme je l’ai affirmé dans le titre de l’article, on peut sans mal qualifier Magical Girl of the End de nanar. Un bon gros divertissement, assez gore et bourré d’action se basant sur une part de la culture otaku. Et pour le côté engagé ? On peut effectivement apercevoir un message maladroitement caché derrière ce manga. Les magicals girls envahissant le Japon ne seraient alors qu’une métaphore sur la recrudescence du genre dans le monde du manga et de l’animation japonaise. On a la sensation que l’auteur tente de nous faire passer ce message à la lecture. Mais au final, c’est surtout un prétexte pour dessiner un bon gros divertissement bien déjanté.
Avant de conclure, je me permets une note sur l’édition. Le papier utilisé est vraiment trop fin. J’ai sauté des pages à plusieurs reprises à cause de cela, ce qui, dans un manga aussi dynamique, peut offrir quelques spoils. De la même manière, je me suis rendu compte en écrivant cet article que je n’avais pas lu la dernière page du premier tome… Même si ce n’est pas un problème fondamental, c’est assez embêtant.
Pour conclure, donc, je vais devoir avouer que mon avis sur ce manga est assez mitigé. D’un côté Magical Girl of the End est un très bon divertissement qui s’assume, très plaisant à lire, et d’un autre, j’ai eu un peu de mal à entrer dans l’univers de l’auteur à cause notamment d’une sensation persistante de déjà-vu et des scènes d’action brouillonnes. Malgré tout, un titre déjanté de la sorte fait du bien de temps en temps, et après la sortie de l’inattendu Reversible Man chez Komikku, c’est plaisant de savoir qu’un autre éditeur s’intéresse à des œuvres dites What the fuck.
L’avis de Meloku, c’est bien, mais quoi de mieux que vous forger le votre grâce à la lecture en ligne proposée par Akata ? L’extrait, c’est ici.
Je pensais que tu parlerais un peu plus du chara-design, parce qu’il s’agit vraiment du point qui m’a rebuté. Que le héros soit lisse et passe-partout, ok, il est aussi banal que les journées qu’il vivait (quel point de départ follement banal). Mais les personnages secondaires sont des stéréotypes (peut-être assumés et mieux contournés par la suite, j’en sais rien) : la lycéenne timide à la bouille toute mimi, la grande gueule à gros seins (et qui, anatomiquement parlant, relève de l’Impossible)… D’ailleurs, il y aurait à redire sur les rôles féminins en général : zombie et/ou cruche et/ou fan-service.
Par ailleurs, je m’attendais pas à ce que les Magical Girls soient juste des zombies. Au final, c’est un manga de survie plutôt basique dont la particularité réside seulement dans le type d’envahisseur… Pas du tout ce à quoi je m’attendais.
Bref, une déception pour ma part.
C’est vrai que le chara design des humains m’a un peu rebuté, on accroche ou non. Mais dans l’euphorie de l’action, je n’y ai plus fait gaffe et c’est bien passé finalement. Sur les rôles féminins, je suis assez d’accord… Après c’est à prendre pour ce que c’est : un divertissement. Et puis les personnages masculins ne sont pas franchement mieux servis, notamment avec le pleutre qui sert de héros.
On peut divertir de manière intelligente, sans se complaire avec des personnages stéréotypés. Et le coup du héros pleutre et blasé, on le connaît, c’est pour mieux montrer son évolution vers la voie du Sauveur, mauvais exemple. :3
Les divertissements avec des personnages qui sortent des stéréotypes restent rares, malheureusement. On verra pour le héros. En tout cas il m’a fait pensé à celui de Gantz, un petit con auquel on s’attache au fur et à mesure.
Je suis d’accord avec Bobo, et j’insisterai encore d’avantage sur le côté soit disant « déjanté » du manga. Je ne trouve pas qu’il le soit. La trame est banale, les personnages creux, l’action prévisible et confuse. Même ces passages où l’auteur décide de tuer ses personnages sont de plus en plus courants ces derniers temps, et les victimes apparaissent dès le début comme des faire-valoir dont le but est de donner l’illusion du dommage collatéral. J’aurais à la limite été étonné de voir la fille aux gros nichons se faire tuer, mais non, évidemment. Les méchants sont des magical girls, certes, cela ne suffit à mon avis pas à qualifier l’oeuvre de « déjantée », ni même d’un temps soit peu originale ou novatrice (Reversible Man, malgré nombre de défauts, était bien plus barré dans son genre). Après, les dessins sont sympas et c’est plutôt efficace, c’est surtout l’impression d’avoir été trompé sur la marchandise qui me gonfle.
C’est vrai que le début ne m’a pas surpris du tout. Peut-être parce que j’ai lu de telles scènes de massacres dans une classe assez souvent (rien que dans Gantz que j’ai refait cette année et King’s Game). Pour la suite, j’ai été un assez étonné par certains choix de l’auteur, notamment concertant des personnages qui auraient mérité un développement un peu plus approfondi. Après c’est sûr que MGOTE n’est pas aussi barge qu’un Reiko the zombie shop, mais je le trouve bien plus grand public. En tout cas ça m’a assez intéressé pour que je lise la suite.