The Leftovers est une série diffusée par HBO depuis le mois de juin 2014, créée par Damon Lindelof (Lost) et Tom Perrotta, et adaptée du roman de ce dernier. La première saison s’est terminée début septembre. Une 2ème saison a déjà été commandée.
L’histoire commence 3 ans après un étrange phénomène inexpliqué ayant vu la disparition (ce n’est pas un euphémisme, un coup ils étaient là, puis pouf ils l’étaient plus) de 2% de la population mondiale. The Leftovers est une série chorale où nous allons voir comment cette disparition a affecté la vie de ceux qui sont restés.
Le premier épisode m’a vraiment impressionné. Réalisé par Peter Berg (Friday Night Lights), il pose tout de suite une ambiance particulière. On voit d’abord la « disparition » mais à une petite échelle, à une échelle humaine, d’un point de vue empathique. Puis on arrive 3 ans plus tard. Il y a un peu de mise en place au niveau des personnages de la série, principalement le shérif, joué par le génial Justin Theroux. Mais il n’y a pas vraiment de ligne narrative installée. C’est plutôt une suite de vignettes, avec une atmosphère étrange, éthérée mais tendue, et quelques mystères gravitant ici et là.
En fait, ça m’a un peu fait penser à un début de série de David Milch (principalement John From Cincinnati). C’est peut-être pour ça que j’ai aimé.
Mais la suite m’a vite refroidi. La mise en scène reste très jolie (on est chez HBO après tout), et l’interprétation est de haut niveau. Mais toujours pas de ligne narrative… Oh, il y a bien une histoire, ou plutôt des histoires: celles des survivants. Ce qui nous fait en fait tomber dans le pur soap, ce qu’est vraiment The Leftovers. Alors attention, il n’y a rien d’insultant à faire du soap. Desperate Housewives en était, c’est vrai, mais Six Feet Under aussi, ça n’a rien à voir avec la qualité d’une série. Avec un bon emballage et des personnages intéressants, ça peut donner un très bon show. Mais je n’ai pas trouvé que c’était le cas avec The Leftovers, car ça a beau être joliment fait, je n’ai aucun intérêt pour les personnages. Je les trouve soit insipides soit antipathiques pour la plupart. Il y a peut-être une volonté de réalisme là-dedans. Peut-être trop. Ou peut-être juste que je ne suis pas le bon public. Mais vu que c’est moi qui écris ce billet, vous allez devoir faire avec.
Je n’avais pas vraiment d’attentes pour cette série. D’un côté, je n’ai jamais lu le livre dont elle est adaptée, et ne connait pas du tout l’auteur. De l’autre côté je suis un très grand fan de Lost, jusqu’à ses défauts, donc Lindelof est plutôt un bon gars dans mes registres. Et du troisième côté (on parle visiblement d’un triangle) je n’étais pas trop attiré par le pitch de départ.
Et puisqu’on parle de Lindelof, la comparaison entre Lost et The Leftovers semble inévitable.
Les deux sont des séries à mystère et des séries chorales. Les thèmes de la foi et la religion dominent. Et la majorité des personnages sont paumés, comme à la recherche d’une quête personnelle.
Peut-être que la grande différence est que The Leftovers peut se permettre la liberté d’être diffusée sur HBO alors que Lost devait répondre au cahier des charges d’une chaîne telle que ABC. HBO ne veut pas dire aucune contrainte, mais The Leftovers y répond parfaitement; la série est belle, complexe, adulte, et plaît aux critiques. Il est vite très clair qu’on ne va pas avoir un « mystère/monstre/aventure de la semaine » mais qu’on va plutôt s’intéresser aux tourments très profonds d’individus brisés.
Alors que Lost savait jouer de ses mystères. En balançant toujours un nouveau dès que le précédent s’essoufflait pour ne pas perdre le public (car ABC répond aux règles de l’audience, pas de la critique). Et on entre à nouveau dans le terrain de l’opinion si subjective et relative que je suis moi-même des fois en désaccord avec que j’écris, mais je préfère de loin l’écriture de cette dernière. Lost savait jouer avec des thèmes et des intrigues très complexes tout en étant une série grand public. Lost était aussi du soap et c’était également une série de science-fiction. La s-f, The Leftovers n’en porte que les habits, et on voit qu’ils démangent.
Je n’ai pas lu le livre de Tom Perrotta, donc je ne sais pas si la disparition sera un jour expliquée dans la série. Mais c’est totalement anodin. Pour l’instant en tout cas, le propos de la série ne se trouve pas là du tout. Le titre de la série prouve d’ailleurs bien que ce n’est pas aux absents qu’elle s’intéresse.
The Leftovers n’est pas une série pour les amateurs d’étrange, c’est une série qui s’intéresse au deuil, à la perte, au fait que plus les choses changent et plus elles restent les mêmes. C’est une série maline et qui a beaucoup de qualités, mais cela ne veut pas dire pour autant que c’est une série qui plaira à tout le monde.
Je viens de terminer mon visionnage de la saison un. Je suis globalement d’accord avec ton article d’un point de vu factuel, mais mon sentiment personnel est très différent, puisque c’est tout à fait mon style, et j’ai donc adoré la série.
Par contre : Comment ça « pas de ligne narrative » ? Le voile de mystère qui plane sur la série se lève à peine au terme de cette première saison et le style est relativement contemplatif, donc certes l’histoire avance assez peu, mais il y a sans conteste un fil rouge. (en fait, je pense que j’ai pas bien compris ce que tu entendais par « pas de ligne narrative », parce que ça me paraît difficile de passer à côté, donc si tu pouvais m’éclairer).
Pour finir, je trouve également la plupart des personnages antipathiques, mais en aucun cas insipides. Ils sont humains, ce qui permet de nombreux passages d’une rare intensité émotionnelle.
Je voulais dire que j’ai trouvé la structure narrative de l’ensemble assez faible. On sent que les scénaristes sont sur HBO et se permettent un peu trop de prendre leur temps avec les « vignettes ». Du coup, de mon point de vue de spectateur, le fil rouge paraît souvent absent.
Tu mens. Elle était vachement bien cette première saison. Alors j’espère que tu ne mens pas encore une fois en disant que la seconde est géniale.
Mais.
T’as pas menti.
Bordel.
Je me sens pas bien.
My work here is done.
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