Voici une liste de dix mangas qui vous feront cauchemarder des nuits entières. Que l’effroi vienne de l’homme ou d’un élément surnaturel, que la violence soit graphique ou psychologique les dix mangas de dix auteurs différents sélectionnés n’ont qu’un but : celui de vous faire frisonner de peur.
Avec cette liste j’ai essayé de mettre en avant des mangas horrifiques dans des genres différents. Mais la sélection est bien évidemment subjective et correspond à mes goûts personnels (et aussi à ce que j’ai lu). Donc si le manga occulte que vous vénérez n’y figure pas, je ne peux que vous suggérer d’en parler dans les commentaires. Et, cela va de soi, de lire ceux de ma liste.

Il aurait mieux fait de lire mon article.
Sur ce, et sans ordre particulier, commençons ce top 10.
1. La jeune fille aux camélias de Suehiro Maruo
Le manga de Suehiro Maruo met en scène la petite Midori dans un cirque de l’étrange. Avec un humour acerbe et un coup de crayon sublime, le mangaka raconte les malheurs de la jeune fille : perte de ses parents, viol, diverses maltraitances, tout y passe.
L’ambiance grotesque liée au cirque de l’étrange est le principal intérêt du manga. D’autant plus qu’elle est associée à une violence graphique dont seul Suehiro Maruo a le secret. L’auteur ne rechignant pas à expliciter les scènes les plus crues. Mais il ne faut pas retenir que la violence du dessin du mangaka. En effet, au fil des pages, on y croise de nombreuses cases dans lesquelles se mélangent un surréalisme occidental et des éléments graphiques propres au Japon traditionnel. Et c’est beau.
2. Shiori & Shimiko de Daijiro Morohoshi
Découpé en histoires courtes, le manga de Daijiro Morohoshi raconte les aventures surnaturelles de deux lycéennes : Shiori et Shimiko. C’est qu’il peut s’en passer des choses dans une petite ville de campagne japonaise : une tête décapitée vivante, un cerisier hanté, une camarade de classe anthropophage et cetera.
Plusieurs éléments sont géniaux dans ce manga. Le premier étant d’en faire des nouvelles horrifiques avec toujours les mêmes héroïnes. Par curiosité ou par malchance, les deux jeunes filles se retrouve toujours dans des situations délicates, qu’elles soient étranges ou effroyables. Au fil de leurs aventures, Shiori et Shimiko rencontrent divers personnages loufoques, qui interviennent plus ou moins régulièrement dans les histoires suivantes. Il y a donc une certaine linéarité dans la lecture qui la rend d’autant plus captivante. L’autre élément que j’aime dans Shiori & Shimiko est que les récits soient de manière générale basés sur des bouquins, eux-même créés pour les besoins du manga. Ainsi, une touche occulte est ajoutée à l’œuvre. Sans compter qu’on trouve de nombreuses références à la littérature fantastique, elle bien réelle, à commencer par des auteurs comme Allan Edgar Poe et HP Lovecraft.
3. L’école emportée de Kazuo Umezu
Qui n’a jamais fait le cauchemar de rester enfermé dans son école ? En tout cas Kazuo Umezu en a fait un manga. Une école primaire est projetée du jour au lendemain dans une sorte de futur post-apocalyptique, et ses élèves et professeurs aussi. Démarre alors une quête de survie pour tenter d’échapper aux crises de folie des uns et à l’égoïsme exacerbé des autres. Sans compter les créatures belliqueuses, plus terrifiantes encore que le lieu de captivité.
Kazuo Umezu met en scène un fantasme à faire frémir les plus masochistes d’entre nous, une situation qui, étant enfant, nous terrorisait : être prisonnier à l’école. Le manga est d’autant plus intéressant que son auteur parle de l’enfance mieux que personne. Les protagonistes font preuve d’une innocence souvent décrite on parle de gamins, mais à côté de ça, ils sont capable d’actes violents totalement gratuits. Alors bien évidemment c’est exagéré dans L’école emportée, mais la mise en lumière est intéressante. Tout comme l’est la relation aux adultes. Ici, les enseignants sont présentés comme des ennemis, des monstres sans scrupule. Une vision, toujours dans l’exagération, de l’enfant à de son professeur. La mise en contexte à travers le regard d’un môme est toute aussi passionnante que l’histoire elle-même.
4. Fraction de Shintaro Kago
Shintaro Kago scinde l’histoire en deux parties. D’un côté on suit un tueur en série. Et de l’autre côté l’auteur se met en scène, parlant à son éditrice de son désir de se lancer dans le genre du thriller. Un chapitre sur deux, chaque histoire avance. Elles suivent un même objectif, à savoir tromper le lecteur, le perdre pour mieux le piéger, tout en lui proposant un manga horrifique macabre, froid et sanglant.
Ce qui fait le sel de Fraction, ce sont les deux histoires qui se rejoignent plus ou moins. Dans les chapitres consacrés au tueur en série, le lecteur pense avoir toutes les cartes en main pour comprendre l’histoire. Mais c’est sans compter Shintaro Kago qui les redistribue à chaque fois qu’il s’approche du but pour mieux le tromper. Le tout avec une logique anormalement morbide. Avec l’histoire du mangaka, l’auteur dévoile son don pour le trucage et son envie de sans cesse surprendre le lecteur. Il évoque des techniques de mise en perspective cinématographiques pour arriver à ses fins, ce qui tranche radicalement avec ce dont le genre du thriller nous a habitué en bande-dessinée.
5. Spirale de Junji Ito
Junji Ito nous propose une longue fresque horrifique autour d’un thème : la fascination de la spirale. Cette multitude d’histoires courtes ayant un fil directeur, Kirie de retour à son village d’enfance, intrigue autant qu’il terrifie. Son auteur nous prouve définitivement qu’il est le plus grand maître du manga d’horreur de son époque.
Effectivement, avec Spirale, Junji Ito nous montre l’étendu de son talent. Au sein d’un même récit, bien que fragmenté, le mangaka varie les manières de faire peur. Les personnages succombant à la folie croisent ceux défigurés par la malédiction de la spirale. Tantôt l’effroi se repose sur l’ambiance, pesante et malsaine, tantôt on est écœuré par des scènes gores. Un condensé d’horreur nippone auquel s’ajoute l’inventivité sans limite d’un auteur. Assurément le manga horrifique le plus complet ayant vu le jour.
6. Panorama de l’enfer de Hideshi Hino
Au fil de ce manga, un artiste nous présente treize tableaux qu’il a peint avec son propre sang. On s’immerge dans un récit malsain et lugubre dans lequel la folie du narrateur interpelle. Pris à parti, le lecteur ne peut qu’exprimer du rejet et de la terreur face au spectacle présenté.
Si Panorama de l’enfer est un manga comme seul Hideshi Hino sait en faire, ce n’est pas seulement dû au trait si particulier de l’auteur. Oui, son coup de crayon est difforme, propre à l’horreur. Mais il y a plus dans ce manga là. Hideshi Hino se livre, parle de son enfance, des deux bombes atomiques qui ont dévasté le Japon, de la Mandchourie. Ainsi, plus qu’un récit personnel est mise en avant grâce à des métaphores une part de l’histoire d’un pays. Une page noire, horrifique.
7. Litchi Hikari Club d’Usamaru Furuya
Usamaru Furuya revisite une pièce fameuse pièce de Tokyo Grand Guignol, une troupe de théâtre undergound japonais. Neuf adolescents ont fabriqué une machine pour capturer des jeunes filles. L’une d’elles serait la clef de la réussite de Zera, leur leader. Mais, bien évidemment, les choses vont mal tourner.
Car oui, entre amours interdits, complots et autres trahisons, tous les éléments sont là pour que ce manga grand-guignolesque dérive en bain de sang. Construit à la manière d’un thriller, Usamaru Furuya multiplie les horreurs pour faire monter la tension. Et ce, jusqu’à un final saisissant. Malgré tout, Litchi Hikari Club est une histoire d’amours (oui, au pluriel). Une sorte de mélange de La Belle et la Bête et Roméo et Juliette avec les tripes à l’air. Vous voyez le genre ?
8. La fille fantôme de Kazuichi Hanawa
Une petite fille, décédée en mangeant du fugu, erre parmi les vivants en tant que fantôme. A travers son périple, elle est témoin d’histoires spirituelles et répugnantes. Se contentant d’observer, elle laisse le premier rôle aux acteurs guettés par la mort en personne.
Kazuichi Hanawa signe un manga ésotérique et horrifique des plus intéressants. En effet, l’auteur ajoute aux intrigues de La fille fantôme un arrière-fond religieux, bouddhique. Il revient avec sarcasme sur les agissements fanatiques de certains pratiquants, tourne en dérision la soi-disant bonté de ses préceptes. Dans le même temps, il distille une iconographie religieuse. L’autre point fort de l’œuvre est évidemment le trait du maître : rond et sale, les personnages dégageant de la puissance par le biais de leur regard. Fantômes, métamorphoses, malédictions, supplices de l’Enfer, voilà à quoi ressemble l’horreur selon Kazuichi Hanawa.
9. La dame de la chambre close de Minetaro Mochizuki
Quand Hiroshi surprend une femme au physique presque inhumain sonner chez son voisin et qu’il lui adresse la parole, il ne sait pas quelle erreur il commet. En effet, depuis ce jour la jeune femme commence à le suivre et à le harceler. C’est ainsi que débute une quête horrifique explorant les limites de la folie.
Minetaro Mochizuki développe un récit des plus angoissants. Le protagoniste se retrouve désarmé face à la folie de sa poursuivante. La non-compréhension des agissements, la perte de repères et la déraison transmettent au lecteur un sentiment d’impuissance, voire d’inquiétude. Il est désormais difficile de ne pas se sentir aussi acculé que Hiroshi. Bref, La dame de la chambre close est un monument du manga de frissons. Assurément oppressant et renversant.
10. Kitaro le repoussant de Shigeru Mizuki
Le dernier mais pas le moindre. On y suit les aventures de Kitaro, jeune yokai borgne et né dans un cimetière, luttant entre les hommes et les créatures surnaturelles afin que les deux partis vivent en communion. Il ne fait aucun doute qu’il s’agit du manga le moins effrayant de cette liste, mais ce n’est certainement pas le moins intéressant.
En effet, le principal fait d’arme de Shigeru Mizuki est d’avoir remis au goût du jour les yokais, créatures folkloriques japonaises, part le biais de cette succession de nouvelles. A travers des histoires aussi bien effrayantes que drôles, on croise tout un bestiaire traditionnel oublié ainsi que certains mythes occidentaux. A cela s’ajoute des thèmes comme l’écologie, le rejet du modernisme et j’en passe. Kitaro le repoussant s’impose comme la pièce maîtresse du manga fantastique. Une œuvre à mettre entre toutes les mains.
J’aimerais bien me procurer les Kitarô, mais qu’est-ce qu’ils sont chers ! Je vais prochainement lire l’école emportée et Spirale ne m’avait pas trop fait peur… Par contre niveau ambiance ça en jette !
Oh oui, mais ils valent le coup (et le coût).
Litchi Hikari Club ? J’en ai pas gardé un si mauvais souvenir au point de ne plus en dormir la nuit, au contraire. Par contre, Carnets de massacre là…
J’avoue que j’ai peut-être un peu exagéré dans l’intitulé (me connaissant, ça m’étonne :3). J’ai préféré mettre Fraction plutôt que Carnets de massacre tout simplement parce que je l’ai préféré. Mais c’est sûr que ce dernier est au panthéon du crade.
Éclectique (t’en as fait quand t’étais jeune, tout ça), bien dosé. Bien joué.
Que du bon! J’ai pas encore eu l’occasion de lire La dame de la chambre close mais tout ce que fait Minetaro Mochizuki est cool. La première partie de Dragon Head (le tunnel) est bien malsaine je trouve!
Clairement pas au niveau des 2-3 premiers tomes de Dragon Head, mais très bon quand même.
Ca tombe bien, je cherchais justement ce genre de manga. Et là, tu nous fais une petite liste. Il m’en manque pas mal, je vais pouvoir me faire plaisir :) C’est Spirale qui me tente le plus mais je vais me laisser tenter par les autres aussi.
Pour moi Spirale est le classique résumant l’image de l’horreur à la japonaise. Bonnes lectures :)
Essayez aussi Tomié du même auteur, c’est une pépite d’angoisse.
Mon fils a 10 ans et lis Ina Zuma Eleven et One Piece. Il a du mal à dormir depuis quelques mois. Est-ce que ce serait lié aux manga? Il a peur la nuit.
Je ne suis pas spécialiste, mais de nombreux enfants lisent ces mangas sans avoir de soucis. Ca peut jouer dans l’excitation (ce sont des lectures dynamiques) mais je pense que la base du problème est ailleurs. Manque de sport ? Alimentation peu variée ? Mieux vaut en parler au médecin de famille :)
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Je préfère largement le 3eme
Mes préférences vont pour La jeune fille aux camélias et Litchi Hikari Club (mais je les aime tous).