Il y a quelques mois je vous présentais une liste de dix mangas d’horreur à ne pas lire avant de dormir. Il est plus que temps de continuer cette série d’articles avec une sélection sur un thème plus aguicheur mais non moins intéressant : le sexe. Mais pas seulement, car ici on ne va pas parler de hentai. Les mangas que j’ai choisi de mettre en avant aujourd’hui se démarquent par la vision de leur auteur : drôle ou sensuelle, poétique ou politique, sentimentale ou décadente, autant de facettes que revêt la sexualité.
Les règles sont bien évidemment les mêmes que pour la précédente sélection. C’est-à-dire que j’ai décidé de présenter des œuvres qui ne se ressemblent pas trop et d’auteurs différents. Cette liste me ressemble et correspond à mes goûts (et à mes lectures, cela va de soit). Donc si vous avez des mangas à conseiller, n’hésitez pas à le faire !

(En fait c’est surtout que je trouve Nozokiana nul.)
Sur ce, et sans ordre particulier, c’est parti pour ce top 10 des mangas érotiques mais pas que.
1. Asatte Dance de Naoki Yamamoto
Un jeune étudiant hérite du jour au lendemain d’une somme colossale. Cependant, pour la toucher il devra finir ses études et se marier. Tout aurait pu bien se passer, sauf qu’à son réveil il trouve une charmante jeune fille à ses côtés. Est-elle amoureuse de lui ou en a-t-elle après sa fortune future ? En cette question se trouve une bonne partie de l’intérêt du manga.
Une comédie sentimentale presque banale (rappelons tout de même qu’elle est sortie avant Video Girl Ai) qui intéresse par son approche désabusée dans la sexualité. Si les personnages couchent ensemble ce n’est pas vraiment par amour, les sentiments viendront après (ou pas). Du coup, Naoki Yamamoto représente des étudiants qui ont envie d’entendre d’autres refrains que l’habituel « l’important c’est d’aimer », le tout avec une esthétique au charme ravageur et un arrière-plan théâtral.
2. La chenille de Suehiro Maruo
Adapté de la nouvelle d’Edogawa Ranpo, La chenille raconte l’histoire de Tokiko, une femme qui s’occupe de son mari revenu infirme de la guerre. Enfin c’est un euphémisme, le militaire est devenu ce qu’on peut appeler un homme-tronc…
C’est ici que débute une étrange relation sexuelle entre la femme et le mutilé. Elle le domine, le méprise, ne le considère même plus comme humain, et pourtant elle éprouve du plaisir à l’humilier. Cette sexualité décadente, qu’on pourrait qualifier de sadique, à de quoi marquer les esprits à elle-seule. Et pourtant derrière l’étrangeté grotesque se cache une critique virulente de la politique, et principalement du militarisme.
3. La fille de la plage d’Inio Asano
Ils ont couché, puis se sont aimés. Voici en gros le point de départ de La fille de la plage, un manga qui prend à contre-pied non seulement les comédies sentimentales mais aussi les mangas pornographiques typiques.
C’est avec une sensibilité à fleur de peau et un ton cru qui le caractérisent qu’Inio Asano aborde les émois sexuels de deux adolescents qui ne s’aiment pas, ou du moins pas en même temps. Perdus entre sentiments et désir, les protagonistes explorent leur sexualité jusqu’à la déviance. Un récit agrémenté par une poésie reflétée par le cadre littoral, loin de la banlieue tokyoïte habituelle.
4. Maka-Maka de Torajiro Kishi
Ce manga raconte de la manière la plus simple du monde la relation entre deux amies, a priori hétérosexuelles, qui se livrent à une relation lesbienne. On suit, chapitre après chapitre, la douce évolution de leur amitié à travers des tranches de vie quotidienne liées au plaisir charnel.
Maka-Maka est intéressant à bien des égards. Tout d’abord car il s’éloigne des stéréotypes éculés du yuri (ou manga lesbien) en dressant le portrait de femmes qui aiment les hommes et qui s’adonnent au libertinage saphique comme à un jeu. Torajiro Kishi choisi de prendre le genre à revers dans l’esthétique également, en évitant les trames donnant un effet romantique, comme en voit des tonnes dans le yuri (et par extension dans le shojo). Autre détail qui rend Maka-Maka atypique, le mangaka exprime son art en couleurs, et non en noir et blanc.
5. Stairway to Heaven de Makoto Kobayashi
Mourir à 92 ans après avoir passé sa vie à faire de bonnes actions, c’est la porte ouverte au paradis non ? Pas pour Chiya en tout cas puisque les instances suprêmes lui ont découvert un défaut : celui d’être restée vierge.
Ainsi, la vielle dame est condamnée à retrouver son corps de 20 ans et est envoyée au Chichon Manchi, à comprendre l’Enfer des plaisirs… C’est ainsi que débute une fresque surréaliste à base de tentation et de perversion sexuelle en tout genre. Absurde et inventif, l’Enfer charnel selon Makoto Kobayashi regorge d’éléments comiques en faisant l’un des mangas les plus drôles publiés en France.
6. Folles Passions de Kazuo Kamimura
Une œuvre consacrée au disciple de Hokusai, un jeune dessinateur fougueux qui excelle dans les estampes érotiques. Outre son travail d’artiste, Kazuo Kamimura passe au crypte les relations sexuelles et sentimentales du garçon.
Mais ce qui intéresse dans Folles Passions, ce n’est pas forcément la vie de Sutehachi, ses relations fusionnelles avec les femmes et l’influence qu’elles ont sur son dessin. Non (enfin si, un peu quand même). C’est tout le contexte artistique de l’époque d’Edo qui est fascinant, avec la croisée d’écrivains et d’illustrateurs célèbres autour du personnage emblématique de Hokusai.
7. Ogenki Clinic de Haruka Inui
Un problème d’ordre sexuel ? Rendez-vous à la clinique du bien-être. Un docteur spécialisé et sa jolie infirmière régleront tous vos soucis. Bon, de manière pas très académique, mais ne dit-on pas que c’est le résultat qui compte ?
Avec Ogenki Clinic, on explore les déviances sexuelles et fétiches en tout genre (et même parfois on les découvre) avec un humour grivois qui ne plaira pas à tout le monde. Pourtant, passé certains gags qui ne volent pas très haut, il nous reste une comédie sexy et rigolote sur des personnes dont la sexualité n’est pas approuvée par la société. Et c’est déjà pas mal non ?
8. Pilou, apprenti gigolo de Junko Mizuno
Le manga raconte l’histoire d’un extra-terrestre kawaii venu sur notre belle planète bleue pour rencontrer l’amour. Navigant de femmes en femmes, il découvre les terriennes avec un élan de naïveté.
En lisant cette série, on constate à quel point Junko Mizuno aime mettre en scène de manière érotique de belles jeunes femmes, car plus que le mignon Pilou, ce sont elles les héroïnes. L’auteure les dessine à travers des histoires toutes plus perchées les unes que les autres. Mais ce qui frappe vraiment en ouvrant le bouquin, c’est la force graphique qu’il dégage. Junko Mizuno dessine selon une esthétique qui lui est propre et le résultat est ravageur. Plus qu’un manga érotique, on se trouve face à une œuvre d’art.
9. Voyage à Uroshima de Yoji Fukuyama
Il s’agit d’une relecture complète du conte populaire japonais Urashima Taro. Le personnage principal ne se rend pas dans une cité sous-marine mais dans une ville étrange dans laquelle tout le monde couche avec tout le monde. Tout le temps. Partout.
Faire l’amour est simple comme bonjour, littéralement. Et le protagoniste, non coutumier de cette pratique libertine publique, va être un peu réticent à l’idée de s’adonner au plaisir de la chair avec des inconnues au beau milieu de la rue. Pourtant il est obsédé par la recherche d’une lycéenne, avec qui il a couché en rêve. Outre le côté absurde de cette ville, ce qui est intéressant dans Voyage à Uroshima c’est la métaphore sur la caractère éphémère du plaisir explicitée par la référence au conte populaire.
10. Golden Boy de Tatsuya Egawa
Kintaro, petit génie de 25 ans, parcourt le Japon à vélo afin de rencontrer des gens et d’expérimenter des petits boulots. Une quête qui vaut toutes les études du monde. Sur sa route, forcément, il croisera des femmes.
Golden Boy est un manga fascinant selon plusieurs aspects. D’abord pour sa profonde critique sociale dans laquelle Tatsuya Egawa met à mal le système scolaire qui n’apprend pas ce qu’est réellement la vie. Mais aussi par ses qualités de comédie érotique. On y croise de nombreuses femmes qui succombent toutes (ou presque) aux charmes de Kintaro, ce qui a pour conséquence de développer un théâtre amoureux s’éloignant de plus en plus du côté sociétal du début du manga.
Il y en a pas mal qui me tentent… Ca va pas être bon pour mon porte monnaie ! Merci pour ces découvertes !
Pingback: SOL ~ Seasonal Print Collection by Junko Mizuno | Heaven Manga
J’ai vu l’anime de Golden Boy et j’ai adoré ! Le manga me tente énormément du coup ! XD
J’ai fait un tour sur cette liste pour voir un peu, mais finalement j’ai lu Maka-Maka et WOW, c’était vraiment cool. Une belle histoire, pas seulement une histoire chaude, mais aussi une belle histoire d’amour. J’ai adoré. Maintenant je vais essayer de trouver les autres. Merci pour cette liste :)