Hey Nostroblog, t’as kiffé quoi en 2015 ?

2015 ferme ses portes dans quelques heures et la brillante team qui sévit sur Nostroblog se lance dans un brûlant récapitulatif. Qu’avons-nous aimé ? Que souhaitons-nous retenir de cette année sur le plan culturel ? Entre avis underground, décalé et mainstream, il y a de bonnes chances que vous y trouviez votre compte.

Meloku

  • Un jeu vidéo : « Life is Strange »

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Après des années d’abstinence (ou presque, ma 3DS a bien tourné et j’ai fait quelques trucs indés sur PC), j’ai repris le jeu vidéo sur console fin 2014 avec l’acquisition d’une PS4. Jusque là, j’avais joué à de bons jeux qui me divertissaient, mais rien de transcendant. Jusqu’au jour où j’ai acheté Life is Strange. J’ai adoré cette enquête à base de voyages dans le temps bien que le scénario et même le pouvoir ne soient pas les éléments principaux de mon affection pour le jeu (même si le rythme typé série TV m’a passionné). Car Life is Strange est surtout le portrait d’une génération par le prisme de ceux qui préfèrent les arts à la bagarre. Assurément le jeu auquel j’aurais adoré jouer étant ado.

(Mais bon, j’avais Persona 3 qui est quand même 1000 fois mieux.)

  • Une série TV : « Mr. Robot »

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Comme pour les jeux vidéos, les séries TV américaines me laissaient souvent de marbre depuis quelques années (toujours à quelques exceptions près, hein) jusqu’à ce que je débute Mr. Robot. Une série qui est centrée sur l’état mental de son protagoniste, un jeune hacker asocial, révolté contre la société et le capitalisme, passablement instable. Un véritable plaisir d’avoir une série TV « fuck society » qui assume pleinement sa filiation avec Fight Club et qui correspond bien plus à ma vision du monde que les clichés bourgeois de Orange is the new black et la violence putassière de The Walking Dead. Oups.

  • Un magazine : « AnimeLand » (nouvelle formule)

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La revue AnimeLand a lancé sa nouvelle formule en février dernier, proposant des articles qui n’abordent pas uniquement les dernières nouveautés (moisies) à la mode qui seront oubliées dans six mois. En plus, on sent une volonté de proposer un travail de fond, plus analytique, au lieu de se contenter de gratter à la surface (je ne veux plus jamais lire qu’Inio Asano est banal et déjà-vu, s’il vous plait).

Bon, si j’en parle c’est surtout car j’écris dans AnimeLand depuis septembre, et que j’y aborde des trucs dans la continuité de ce que je fais sur le blog : Les thématiques de Junji Ito, des interviews d’Inio Asano et d’Atsushi Kaneko, un dossier sur les chats dans les mangas, et cetera. Lisez, c’est cool.

(Donc ce troisième choix était une pub)(désolé)(bien que je ne touche aucun argent, ni pour en parler ni sur les ventes)(bisou et bonne année.)

Eck

  • Une série TV : « Fargo » (saison 2)

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J’aurais aimé vous parler de Mr Robot ou Master of None mais en quelques lignes, non (cependant regardez-les). Je parlerai donc d’un autre coup de cœur en terme de série TV américaine qui déchire : Fargo. C’est pas vraiment la suite de la saison 1 car ça se passe avant dans la chronologie, bien avant, mais c’est pas détaché de tout rapport non plus car c’est dans le même coin. Avec une claque à chaque épisode pour la mise en scène, l’apport cinématographique qu’ajoute les choix de la musique aux mouvements de la caméra et le jeu d’acteur, il est indéniable que Fargo s2 se place au top du top du top du top de mon cœur. C’est à un poil de cul d’être estampillé Tarantino, tant les dialogues entre gangsters sont délicieux, les fusillades et autres règlements de comptes sont légion, et l’histoire dans sa globalité, avec sa folie nonchalante et ses enjeux, est excellemment bien menée du début à la fin sans perte de cohésion ni de rythme. Du travail de maître, merci et vivement la suite !

  • Un éditeur : « Hollow Press »

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C’est pas un bouquin mais un éditeur. Italien et indépendant qui plus est, aficionado de culture underground et d’auteurs transversaux. Shintaro Kago, Paolo Massagli ou encore Tetsunori Tawaraya, que des noms qui, une fois connus, nous rappellent le caractère trash et décalé de leur œuvre. Mais aussi le sens esthétique certain d’un dessin travaillé et d’un impact visuel voulu pour son lectorat. C’est aussi sale et repoussant que beau et vibrant. Je fais la lente mais sûre acquisition d’une majorité des titres de cet éditeur car non seulement j’adore leur initiative et leur ligne éditoriale mais aussi car ils font un boulot propre et convaincant, pour ne pas dire militant, en publiant des titres que d’autres n’oseraient pas approcher ni même de loin avec un mouchoir sur la bouche. Chochottes. C’est donc avec plaisir que je vous recommande les lectures de Toxic Psycho Killer ou encore Industrial Revolution and World War, qui sortent de l’ordinaire pour le meilleur plus que pour le pire !

Bobo

  • Une série TV : « Sense8 »

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Dernière création des sœurs Wachowski, pour l’occasion épaulées par J.M. Straczynski, cette série de 12 épisodes diffusés d’un seul bloc sur Netflix est mon coup de cœur de cette année 2015. Reprenant et développant des thématiques chères aux réalisateur et réalisatrices, Sense8 narre les histoires individuelles mais convergentes de huit êtres qui se retrouvent connecté·e·s par la psychée à l’ouverture du premier épisode. Passée la découverte de ces connexions mentales, lors de scènes parfois amusantes, parfois pleines de suspens, on pourra regretter l’avancée un peu lente du scénario sur son ensemble. Mais cela se fait au profit du développement des personnages, que l’on apprend à connaître et à aimer. En conclusion, pour faire bref, Sense8 est une expérience à vivre.

  • Un album CD : « Endless Form Most Beautiful » (Nightwish)

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Le dernier Nightwish avait de quoi susciter des attentes. Après s’être une nouvelle fois débarrassé de leur chanteuse (ça remonte à l’automne 2012), le groupe a embauché Floor Jansen pour remplacer Anette Olzon et a promu Troy Donockley qui jusque-là apparaissait de temps à autres et les suivait en tournée. Endless Form Most Beautiful succède à l’excellent Imaginaerum, et un peu comme ce dernier, chaque piste musicale est un morceau d’un ensemble cohérent. Cependant, cette fois-ci on n’a pas un voyage dans des mondes imaginaires, le thème de l’album étant à l’inverse consacré à la science. On notera ainsi la participation étonnante de Richard Dawkins sur Shudder Before The Beautiful et The Greatest Show On Earth. Alors que vaut ce huitième album ?

Il est dans la continuité des précédents. On retrouve des thèmes familiers, que ce soit dans les chœurs et orchestres, mais aussi dans les instruments choisis. Pas de changements brusques par rapport à Imaginaerum, mais une évolution dans la continuité.

Dear Noctis

  • Un film : « The Voices »

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The Voices, c’est le film à moitié OVNI comédie horrifique thriller psychologique de Marjane Satrapi (Persepolis). Oui, ça fait beaucoup ! C’est l’histoire de Jerry, un célibataire qui vit avec son chat et son chien dans une petite ville américaine. Tout se passe bien pour lui dans son nouveau travail où il fait la rencontre d’une jolie comptable. Jusqu’au moment où il arrête de prendre ses médicaments…

Le film alterne parfaitement entre un humour absurde sombre avec des moments à l’ambiance malsaine. Le côté dérangé est accentué par une bande son surprenante et une scène finale totalement décalée. Juste un regret, que le film n’ait pas régulièrement une scène où l’on explose de rire pour sortir de cette atmosphère trop pesante. La descente progressive en enfer de Jerry est parfaitement mise en scène. On y voit également les failles du système de réinsertion, au niveau psychologique. Ryan Reynolds est excellent, on sent le travail derrière mais aussi l’intérêt qu’il a eu pour ce rôle. Gemma Arterton est délicieuse dans son rôle de t… suspense !

  • Un album CD : « What Went Down » (Foals)

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What Went Down est le quatrième album du groupe de rock anglais Foals sorti cet été. Et encore une fois avec eux, il n’y a pas grand-chose à jeter. Chaque chanson impose une ambiance différente tout en gardant leur son très reconnaissable. Ce dernier est surtout dû à l’écho de la voix de Yannis Philippakis, le chanteur qui pose son empreinte sur chaque morceau. Le quintette passe d’un What Went Down nerveux, par un A Knife In The Ocean puissant, à des chansons plus aériennes. Le son de ce groupe prend tout son sens en concert, où il dégage toute sa puissance, ce que j’ai pu vérifier lors du festival La Route du Rock 2015 où il a électrisé la foule ! Avec ce quatrième album, Foals est désormais considéré comme une valeur sûre du rock britannique.

  • Un jeu vidéo : « Undertale »

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Si vous aimez les RPG et que vous faites partie de la communauté steam, alors si vous n’avez ou ne connaissez pas Undertale, aventurez-vous ! C’est un des jeux vidéo indépendants qui aura le plus marqué l’année 2015 malgré son histoire de départ des plus classiques : Après une bataille opposant les monstres aux humains, ces derniers scellèrent leurs ennemis sous terre. Longtemps plus tard près d’une montagne, une enfant tombe dans le monde des monstres. Mais la légende raconte que personne n’en est jamais revenu…

Passée l’introduction aux puzzles plutôt enfantins et sans réelle histoire, le joueur entre dans un univers bourré de bonnes idées, charmant, drôle, où l’on se prend d’affection pour certains monstres. Ici tout n’est pas une question de tuer l’autre pour obtenir ce que l’on veut et dès le début on nous incite à épargner les monstres rencontrés. Le joueur est maître de son destin, sa façon de jouer influence directement le déroulement du jeu, passant ainsi selon les choix d’une ambiance sereine à une ambiance plus maléfique… . La durée de vie peut sembler courte au premier abord mais est tout à fait correcte, car vous devrez le recommencer pour tout découvrir !

Enwyn

  • Un album BD : « Le jour où ça bascule »    

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Je l’ai attendu de pied ferme celui-là et j’ai pas été déçu. Si vous suivez régulièrement la nostrosphère vous en avez déjà sûrement entendu parler. Le jour où ça bascule est une anthologie regroupant 14 auteurs (si on compte Enki Bilal qui a fait la couverture) venus des quatre coins du monde (ou plutôt de 3 … ‘fin bref), chacun ayant fait une nouvelle autour de cette fameuse phrase éponyme. On regrettera l’absence de femme dans la liste des auteurs. De plus, les auteurs choisis étaient censés avoir une influence de Mœbius dans leur œuvre, j’ai eu du mal à discerner cette influence dans certaines : il va falloir que l’on m’explique ce qu’Eddie Campbell a fait de « Mœbiusien » dans la sienne. Vous êtes sûrement en train de vous dire : « mais il est pas censé l’avoir aimé ce foutu bouquin ? ». Même avec tous ses défauts, ça a été un coup de cœur tout simplement car cela fait plaisir de voir autant d’auteurs aussi intéressants les uns que les autres, avec certaines histoires faisant écho à d’autres. Je mettrais un énorme plus pour les nouvelles d’Emmanuel Lepage et de Keichi Koike qui ont sûrement fait la valeur de ce livre à eux seuls. Bien que l’ensemble soit inégal avec des histoires plus intéressantes que d’autres, cela fait plaisir de voir un éditeur faire la démarche de réunir tant d’auteurs autour d’un même livre.

  • Un manga : « Sunny »

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Celui de ma liste qui a sonné comme une évidence. Bien que j’en ai déjà parlé, 3 tomes sont sortis depuis cet été. Et si dans cet article j’avais dit qu’il allait falloir garder un oeil vigilant sur la suite, c’est plus qu’une vieille histoire. Chaque tome de Sunny me touche toujours autant. Si certains sont meilleurs que d’autres, la qualité est présente en permanence. En apprendre un petit peu plus à chaque tome sur les personnages, ce qui les relie … Exceptionnel. Sunny est la quintessence de l’art de l’auteur. Je t’en prie, Taiyô Matsumoto, ne t’arrête jamais.

Maerlyn

  • Une série TV : « The Leftovers » (saison 2)

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J’avais déjà donné mon avis sur la saison 1. Je trouvais la série intéressante mais souffrant de beaucoup de défauts. Tous ces défauts sont gommés dans cette seconde saison. Et, enfin affranchie du livre original que la saison 1 adaptait, la série s’envole. Le thème de la perte est toujours présent mais celui de la famille devient bien plus important. Ce qui m’a beaucoup aidé à enfin éprouver de l’empathie pour les personnages. D’ailleurs, Justin Theroux en écorché vif prend vraiment aux tripes. Et puis c’est tellement beau, putain. Pour faire simple, cette saison fait passer la série d’anecdotique à indispensable.

  • Une série-documentaire : « Making a murderer »

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Après « The Jinx » et « Serial », les documentaires « true crime » ont décidément le vent en poupe en ce moment. Mais Making a Murderer dépasse de loin les deux premiers (géniaux, mais l’un avec un réalisateur aux méthodes douteuses, et l’autre avec des problèmes de rythme) grâce à une affaire captivante où les images parlent d’elles-mêmes. On y voit d’abord l’enquête puis le procès qui a suivi. Les réalisatrices n’ont pas besoin de créer un faux suspense quand une affaire a déjà autant de rebondissements plus incroyables les uns que les autres. Un documentaire pour tous les gens fascinés par le système judiciaire, les affaires criminelles, et à quel point notre monde est pourri.

  • Un jeu vidéo : « Her Story »

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Beaucoup de gros jeux sont sortis cette année, mais au final c’est cette petite pépite que je retiens. Un jeu où la seule chose à faire est de rechercher les extraits vidéos d’un interrogatoire et d’essayer de comprendre ce qu’ils racontent. Et même si niveau écriture, ce n’était pas du très haut niveau (néanmoins, ça faisait l’affaire), j’ai trouvé l’approche fascinante. C’est peut-être le gameplay qui se rapproche le plus d’un vrai jeu d’investigation, quelque chose que j’ai toujours voulu voir sur ce média. Et j’espère que d’autres vont s’en inspirer.

Raismith

  • Un film : « Birdman »

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Mon collègue Eck vous en a déjà parlé en bien, Birdman fut aussi un de mes coups de cœur ciné cette année. Tous les items de la fiction sont portés à leur paroxysme : réalisation, narration, caractérisation des personnages, effets de styles,… . Je suis surtout sous le charme de cette réalisation sous forme d’un seul faux plan séquence. En un sens, la grande longueur des plan-séquences d’un certain genre de cinéma comme celui de Birdman s’oppose au montage nerveux des blockbusters que j’exècre. On peut dire que cette idée du cinéma est plaisante et le média y gagnerait si plus de films essaieraient d’obtenir la qualité technique et artistique du film de Alejandro Gonzalez Innaritu.

  • Un album BD : « L’arabe du futur » (tome 2)

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Dans la famille BD franco-belge de 2015, Riad Sattouf remet le couvert et nous offre le second tome de sa biographie dessinée remarquée. Plus que le portrait sans concession de la Syrie d’Hafez el-Assad, c’est le regard d’un enfant sur l’incompréhensible qui est décrit : que ce soit le conservatisme de son père, la haine de ses cousins ou la sympathie de ses autres cousins, Sattouf livre un second opus bourré d’humour et de sens.

  • Un manga : « Sunny »

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En 2015, Taiyou Matsumoto faisait partie des auteurs que j’avais honte de n’avoir pas lu. Sunny, sa dernière série en date parue chez Kana, fut l’occasion de m’atteler à la tâche. Si le premier tome m’avait paru « pas mal », le second a fini de me convaincre. On se prend réellement d’empathie pour ces enfants, car Matsumoto parle du drame de l’abandon parental avec talent et justesse (couplés à ses capacités narratives et visuelles d’auteur de bandes dessinées). Il faut dire qu’il a connu cette situation, et qu’il a avoué en être encore marqué (dixit Kaboom n°7). Au fur et à mesure de la lecture, on ressent la lenteur du drame et la puissance des émotions. Assurément un des mangas marquants de 2015.

VpViennetta

2015, une année presque sabbatique pour ma part. Peu de nouveautés sont passées devant mes petits yeux, faute de temps et parfois d’intérêt pour aller creuser. Quelques relectures et revisionnages m’auront cependant rappelé qu’on peut aussi chérir sa médiathèque personnelle plutôt que de toujours chercher à la faire croître.

  • Deux animes : « Haikyuu!! » (saison 2) et « Ace of Diamond » (saison 2)

Lorsque deuxième saison il y a, c’est souvent l’heure de la confirmation. Les séries de sport sont certes un brin à part : une deuxième saison résulte plus d’un découpage du support original que d’une authentique deuxième fournée, motivée par le succès de la première. Il n’en reste pas moins qu’on peut distinguer celles qui connaissent un sérieux coup de mou des autres, celles qui vous transportent toujours plus loin. Haikyuu!! et Ace of Diamond semblent être faites de ce bois (prudence tout de même, leurs saisons sont toujours en cours).

Haikyuu!!, reposant sur son improbable duo, le petit diamant brut et le soliste génial mais incompris, est sûrement l’épopée sportive la plus pêchue de ces dernières années. Production I.G., merci. Malgré une progression assez classique de l’intrigue, difficile de bouder son plaisir devant des actions d’éclat qui évitent l’écueil du shonanisme à dormir debout (qui a dit Kuroko’s Basket, The Prince of Tennis et consorts ?).

Ace of Diamond continue aussi son bonhomme de chemin malgré la perte de personnages importants qui s’apprêtent à quitter le lycée une fois diplômés. Sans être une « grande » série, elle cultive toujours son principal atout : tous les joueurs sont importants. Bien sûr, quelques protagonistes sont davantage mis en avant, mais tout le monde finit par s’illustrer. Une qualité rare, surtout que non revendiquée sans l’appliquer : nombre d’animes du genre ne cessent de clamer l’importance de l’esprit d’équipe sans que cela ne reste des paroles en l’air.

  • Un film  : « Vers l’autre rive »

Dernier film de Kiyoshi Kurosawa (Tokyo Sonata, Shokuzai) sorti dans les salles obscures françaises, Vers l’autre rive mêle quotidien, faits divers et fantastique de manière très homogène. Comprenez sans artifices ou effets spectaculaires. L’absence de tels procédés donne dans de rares cas lieu à des changements de plans assez surprenants (pour ne pas dire abrupts), mais l’ensemble reste cohérent.
Mille fois le film aurait pu sombrer dans le pathos, amour et deuil étant des thèmes clefs de l’histoire, mais non. Chaque tranche de vie semble parvenir à faire naître une émotion, légère, pudique, éphémère. Sur ce plan-là, Vers l’autre rive est une réussite.

Lvk

  • Un album CD : « The Pale Emperor » (Marilyn Manson)

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Le révérend Manson a débarqué en 2015 avec son nouvel ami Tyler Bates (OST Gardiens de la Galaxie, John Wick, Sucker Punch, 300, etc.) pour proposer The Pale Emperor. Un album venu -malgré le titre- redonner des couleurs à la discographie un peu fade, depuis le milieu des années 2000, d’un Manson qui n’effraie plus personne.  Un esprit de rédemption flotte au milieu des sonorités moins métal. Marilyn Manson (le groupe) livre un album plein d’agressivité mais dont les principaux mots qui me viennent en tête sont lent et planant. Manson (le chanteur) règle ses comptes avec la vie, la mort et la religion. La pièce maîtresse de l’opus se nomme The Mephistopheles Of Los Angeles est synthétise à merveille ce que peut être le génie d’un artiste torturé et torturant. Les riffs sont brutaux, la voix pleine d’émotion, les mots sont posés et pleins de réflexion. The Pale Emperor a été mon album de chevet cette année, il est maintenant dans mon top 3 de la disco mansonienne à avoir à la maison (à côté de Holy Wood et Antichrist Superstar).

  • Un jeu vidéo : « Metal Gear Solid V : The Phantom Pain »

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J’ai longuement hésité à sélectionner mon jeu de l’année et jusqu’à la publication de l’article, Metal Gear Solid V (MGS V) était en ballotage défavorable face à des jeux indés comme Invisible Inc, Nova-111, Fistful Of Gun, Her Story et Hotline Miami 2. Je pourrai dire que j’attends avec impatience la version définitive de Life is Strange et la suite des épisodes de Void and Meddler. Je pourrai aussi recommander de jouer à The Fall mais sorti en 2014 donc ça serait un hors sujet.

Non, finalement je vais balancer MGS V comme mon AAA qui tâche. Et le choix du verbe est volontaire. Entre le divorce Konami-Kojima, l’accouchement douloureux du jeu et le manque de structure scénaristique qui lui ait reproché, le dernier épisode de la saga MGS a vraiment détonné en 2015. Pour ma part je l’ai trouvé excellent, adapté à l’air du temps avec un gameplay fouillé et des enjeux colossaux qui demandent de l’aborder de manière totalement nouvelle. Impossible de jouer à ce MGS avec la même philosophie historique que nous a inculqué Kojima. Le délire de missions sous forme d’épisodes de séries TV a été succulent pour un joueur comme moi ne pouvant y toucher qu’une heure par jour. Kojima n’a pas réalisé un chef d’œuvre mais pas loin.

  • Un film : « Ex_Machina »

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Mad Max étant pris et Star Wars VII sonnant comme une évidence, j’ai préféré évoquer Ex_Machina réalisé par Alex Garland dont c’est le premier film. Auparavant passé par les scénarios de Sunshine, 28 jour plus tard et les jeux vidéo Unslaved et Devil May Cry (DMC), Garland livre ici une histoire classique sur la robotique.  Il met en opposition un homme face à une intelligence artificielle ayant l’apparence d’une femme. Le film s’intéresse aux échanges entre les deux personnages dans un huis clos impressionnant de maîtrise.

El Tooms

  • Un jeu vidéo : « F4llout »

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Bim ! Alors que je ne l’attendais pas de sitôt, voilà que Bethesda annonce six mois avant sa commercialisation un nouvel épisode de la franchise chère aux explorateurs des terres désolées. Effet Buff. Une ogive nucléaire lâchée dans un champ de maïs. Les kilotonnes d’heures passées dans le Boston irradié me confortent dans l’idée que c’est autant de la bonne que celle consommée dans le 3 ou dans le New Vegas. Sans Addictol, la fête est plus folle.

  • Un film : « Mad Max : Fury Road »

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Rien ne m’avait préparé à ça quand je me suis installé confortablement dans le fauteuil rouge feutrine de ma salle de ciné. La mâchoire a eu du mal à se refermer. Mad Max : Fury Road est un film d’action incomparable et imparable. Une montée d’adrénaline effrénée, du jubilatoire et du suffocant deux heures durant, des acteurs payants et marquants. Il est l’ambassadeur le plus probant du genre cyberpunk depuis… les anciens !

  • Un album CD : « Alva Noto – Xerrox vol. 3 »

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Raster Noton poursuit toujours, chaque année, son inexorable essor. Preuve en est avec la nomination pour The Revenant. Carsten Nicolai, sous sa forme Alva Noto, m’a encore fait embarquer loin, très loin de mon gris quotidien. Le projet Xerrox, débuté il y a de cela huit ans, continue son petit bonhomme de chemin vers l’apothéose. Nappes plus aériennes, rythmes plus lents, tout est conçu pour faire dériver les esprits vers des mondes (meilleurs ?) nouveaux. Mon favori :

Damien

  • Un manga : « Ritournelle »
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©2014 Aoi Ikebe / Akita Shôten

En 1780, Fabre d’Églantine compose un opéra-comique comportant un chant faisant référence à Marie-Antoinette et intitulé Il pleut bergère. Sous ses airs charmeurs, le contenu de cette romance revêt un caractère sexuel assez cru pour l’époque puisqu’il conte comment un homme parvient inélégamment à séduire au premier soir, et sous les yeux de sa mère, une fille « ramassée » sous la pluie avec une fellation à la clef. Cette chanson est prononcée dans le one-shot Ritournelle (komikku, collection Horizon) par quelques filles du ruisseau : forme-t-elle un écho aux maltraitances qu’elles subiraient au quotidien ? Comment s’échapper de ce tourbillon d’afflictions sempiternelles ? Existe-t-il un monde où le chagrin et la douleur n’existent pas ? Peut-être. Peut-être pas.

Dans un pays et une époque indéterminés se trouve le cloître Otro Lado où vivent des sœurs de tous âges, éloignées d’un ailleurs hanté par le Malin, ici symbolisé par l’homme séducteur. Une fois tous les 7 ans, ces sœurs forment une procession de bénédiction dans le village voisin pour chanter les louanges du Seigneur avant de retourner dans leur abbaye. 7 ans plus tôt, sœur Marwena fait brièvement la connaissance d’un jeune homme avant de s’abîmer à nouveau dans la prière et la chasteté. 7 ans plus tard, reverra-t-elle cet homme ? Sa foi va-t-elle à nouveau défaillir ou bien résistera-t-elle ? Ritournelle fonctionne comme indiqué dans sa définition littéraire, à savoir une chanson avec ses refrains fréquents : Marwena forme un couplet précédé et suivi d’un refrain : celui de l’amour ressassé et interdit dans ce cycle septennal. L’auteure agence les principaux aspects du quotidien des sœurs et des tourments de Marwena dans un jeu de couleurs, d’ombres et de lumières savamment orchestrés autour des thèmes antinomiques de l’abnégation (l’austérité cistercienne du monastère) et de la tentation (la palette chaude au red light district du bourg voisin).

Si religion et libre-arbitre forment le cœur du récit, ils sont traités avec justesse, offrant dans un graphisme épuré des situations symboliques qui résument chaque étape du questionnement de Marwena dans un univers clos et « contre-nature ». En effet, comment une fenêtre peut-elle à la fois refléter l’amour du Seigneur et barrer l’accès au monde extérieur ? Comment ne pas voir dans le tapis rouge une traînée de sang laissée par chaque sœur dans un processus sacrificiel permanent de leur enveloppe terrestre pour fuir les plaisirs et accéder à un monde idéal promis par le Seigneur ? Ritournelle est une perle mélancolique façonnée par son auteure avec amour et bonté.

D’s©

  • Un anime : « Hibike! Euphonium »
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©武田綾乃・宝島社/『響け!』製作委員会

Restons dans l’humilité et la détresse intérieure avec un bijou conçu en 13 épisodes par Kyoto Animation : Hibike! Euphonium. Réalisée par Tatsuya Ishihara, la série s’avérait alléchante au travers de sa bande-annonce jazzy. Par Saint Sakuga et Saint Genga, cet anime musical sera-t-il plus abouti que K-ON! ?

Kumiko est une joueuse d’euphonium, également nommé tuba ténor. Elle entre au lycée et décide de s’inscrire dans le club de fanfare pour continuer à pratiquer de son instrument. L’année passée, son club de musique de collège participe au concours national mais échoue, ce résultat affectant profondément son amie, la trompettiste Reina. Depuis cet échec, Kumiko n’a plus la motivation pour parfaire ses techniques ou s’améliorer et préfère suivre les activités en dilettante, choix renforcé par la médiocrité globale de la fanfare lors d’une démonstration aux nouveaux élèves. Tout semblait nous préparer à suivre une simple série slife romcom lorsque le professeur du club suggère à l’orchestre de viser le concours national. Que faire ? Est-ce une bonne idée ? Quelle est ma place dans cet ensemble ? Parviendrai-je à réunir à nouveau les compétences requises pour relever ce défi ? Aurai-je suffisamment confiance pour y parvenir sans buter encore contre la dernière marche du podium ?

Le premier aspect positif de cette série concerne les personnages. La niaiserie disparaît avant même d’avoir pointé le bout de sa barbapapa et les amourettes qui viendraient parasiter la narration sont rapidement éludées (petite pensée émue à la digne Hazuki). Nos humbles écolières n’ont quasi aucun comportement cucul la praline et adoptent des attitudes responsables et réalistes. Parmi elles, se détachent des personnalités fortes et inattendues comme la vice-présidente du club de fanfare, Asuka. Elle est quelque part la plus adulte de la série, c’est-à-dire la plus vile, la plus égoïste, parfois la plus infecte. En somme, comme beaucoup de gens dans la vie. Son objectif reste inchangé tout au long de l’histoire et peut se résumer de la façon suivante : « Je suis là pour jouer de mon euphonium, et rien d’autre. Alors, mes minettes, vous êtes bien mignonnes mais vos soucis sentimentaux, je m’en bats l’œil avec une patte de coléoptère panée ! ». Taki, le flegmatique professeur et chef d’orchestre du club, adopte également un comportement très humain, entre empathie et antipathie, en insistant subtilement sur le postulat suivant : la voie du succès ne sourira qu’aux persévérants. Il met en pratique cette règle en constituant des épreuves de sélection qui font chuter des vétérans du club peu entreprenantes au profit de certains nouveaux bien plus méritants. On commence alors à se concentrer sur les objectifs de plusieurs membres qui étudient seuls ou en petits groupes leurs partitions respectives tout en restant attentif et solidaire du sort de l’orchestre dans son évolution au fil des répétitions. On appréciera également le sérieux avec lequel le studio aborde quelques méthodes d’apprentissage des instruments (répétitions respiratoires) et les séquelles qu’ils peuvent laisser (doigts durcis par les cordes, lèvres abimées par les cuivres, etc.).

L’autre point fort de la série réside dans l’animation. Là où la Toei Animation se contente paresseusement d’appliquer un quota syndical dans ses productions, Kyoto Animation rend honneur à la profession. Hibike! Euphonium est une sucrerie himalayenne qui fond dans la bouche avec des décors d’une splendeur et d’un réalisme remarquables. Les morceaux de bravoure tournent généralement autour de Reina, un personnage au caractère bien trempé et doté d’un nekketsu cristallin, cherchant sa place dans un Nouveau monde en implorant Dvorák. Musicalement, on s’attend à en écouter à foison, ce qui n’est pas le cas. Et c’est à la fois surprenant et compréhensible. Avant de jouer, il faut effectivement s’exercer en permanence et pratiquer les bases sans relâche. La musique prend alors toute sa dimension dans le dernier épisode, fruit d’un dur labeur. Entre les mises en scène envoûtantes et la finesse de certaines séquences animées, la musique s’y glisse, aussi légère qu’une brise qui étreint le cœur de ces humbles demoiselles dans cette ascension poétique vers le Golgotha de la Rédemption : s’entraider pour se renforcer, ne pas délaisser autrui pour briller seul et s’unir pour réussir.

La qualité constante d’Hibike! Euphonium offre une série coming of age magnifique et irrésistible. On en ressort conquis et impatient d’obtenir la suite : un film condensera la série en avril prochain tandis qu’une seconde saison est en cours de réalisation.

D’s©

  • Une chaîne Youtube : « Confessions d’Histoire »

Le principe de Confessions d’Histoire est de raconter des faits historiques sous un angle ludique et pédagogique avec beaucoup de réussite. Pour cela, l’émission reprend le principe du confessionnal issu de la Téléréalité où chaque personnalité s’installe face caméra pour raconter sa version des faits  autour d’un ou d’une série d’événements avec un bagout et une gouaille empruntés aux scripts de Kaamelott, tandis que les titres qui les identifient évoquent ceux des Guignols de l’Info. Les faits, commentés sous le signe de l’humour et de l’anachronisme linguistique, respectent rigoureusement les sources écrites connues. Rien n’est laissé au hasard, la moindre blague prenant parfois des proportions historiques conséquentes (ex : le second mariage d’Aliénor d’Aquitaine, le massacre des arméniens par Zengi, etc.).

Après 3 épisodes, son créateur, Ugo Bimar, n’a plus le budget nécessaire pour financer la suite mais refuse « d’être « acheté », formaté et aseptisé pour coller aux impératifs des grilles de programmes télévisés ». Il met alors en place une association à but non lucratif (loi 1901) puis lance début décembre une opération de crowdfunding. Le succès est instantané avec plus de 8000 euros recueillis en 10 jours tandis que les dons continuent d’affluer. Cette belle aventure peut donc se poursuivre et les prochains épisodes concerneront la bataille d’Actium (31 av. J.-C.), qui sera disponible courant février 2016, puis la 3ème Croisade (1189-1192) pour une sortie au cours du printemps 2016.

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5 réflexions sur “Hey Nostroblog, t’as kiffé quoi en 2015 ?

  1. On va se concentrer sur l’audio-visuel, on a assez parlé de mangas (non, mais je plaisante, on ne parle jamais assez de mangas…). Puis bon, si c’est pour apprendre qu’on va transformer Guts en perso Disney de la dernière génération, non merci.

    Je suis vraiment tentée par Mr Robot, je l’avais déjà remarqué et il me fait de l’oeil méchamment. Certains disent que la série regorge de clichés, d’autres que c’est une perle. Il va falloir que je me fasse mon avis.

    Fargo, c’est un franc coup de coeur. J’ai toujours peur de voir des séries adaptées de films, surtout un des meilleurs films des frères Cohen (il faut le voir…), mais ils ont réussi un tour de force en en faisant à la fois un hommage à l’oeuvre originale et à la fois quelque chose de complètement unique et suffisamment différent pour qu’on ne tombe pas dans le piège de la mauvaise adaptation. Conclusion: ils ont géré.

    Pour le coup, j’aurais aimé avoir un avis sur 12 Monkeys, tout aussi dangereux à adapter (voire plus). J’aurais presque peur de me lancer, pas envie de pleurer de désespoir (oui, je suis une cry-baby).

    Sense8, je ne l’avais même pas vu passer! C’est noté. Les frangin(e)s Wachowski m’ont presque toujours tapé dans l’oeil (on va mettre Jupiter de côté). J’ai lu que c’était également une claque esthétique. ça m’a donné envie de revoir Cloud Atlas, c’est un film qui a besoin d’être revu (j’ai failli me perdre plus d’une fois dans ce labyrinthe).

    The Voices, rien à dire de plus. C’était drôle et glauque, et voir Ryan Reynolds dans ce genre de rôle était un bon trip.Je me demande bien ce qu’il donnera dans Deadpool (pas su quoi penser de la bande annonce).

    Quant à Birdman, je ne suis on ne peut plus d’accord avec Raismith, en même temps on parle d’Inarritu, alors bon. C’est presqu’un argument en soi.

    Je retiens donc quelques trucs à voir, dont la saison 2 de The Leftovers. La première m’avait laissée sur ma faim. Je la trouvais prometteuse, mais sans casser trois pattes à un canard non plus. Si la seconde tient ses promesses, je la mets de côté.

    On termine avec de la lecture malgré tout ( c’est difficile de passer outre, j’ai essayé), avec Hollow Press. Et c’est là que je maudis définitivement Meloku et ses foutus conseils sur Kago. Pas pu résister à acheter Industrial Revolution and World War, Moebius à la sauce Shintaro, ou comment transformer des bombasses en machines de guerre.

    Donc merci pour les découvertes (et les futures à venir), mais ça ne m’empêche pas d’être perplexe sur l’avenir de mon compte en banque. Comme je l’avais demandé, ça serait sympa d’être payé en chèque repas à chaque commentaire (c’est pour ça que j’ai fait une tartine, soyons clair).

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