On ne prend pas les mêmes et on recommence. Après un premier article sur la nouvelle garde du manga alternatif, puis un second, voici le retour d’une rubrique visant à vous faire découvrir des auteurs. Ce ne sont pas forcément ceux dont on entend le plus parler en France et pourtant ils ont du talent à revendre et brillent par leur style aussi unique que personnel. Il n’y a pas vraiment de thématique précise pour la liste du jour, si ce n’est que les auteurs présentés dans cet article sont publiés depuis peu chez nous. L’occasion de les découvrir plus en profondeur, en espérant que des éditeurs se penchent un peu plus sur leurs travaux.
Asumiko Nakamura
Publiée dès le début des années 2000, Asumiko Nakamura se fait remarquer par ses boy’s love au style inimitable qui pourrait paraître comme naturel chez elle tant il est au point dès ses premiers mangas (La respiration de Copernic et J no Subete en tête de liste). Emprunt d’une certaine élégance, c’est le sens artistique développé de l’auteure qui apparaît en premier lieu. Mais qu’on ne s’y trompe pas, il cache une noirceur sans fond capable de mettre mal à l’aise bien des lecteurs. L’artiste aime mettre en scène des prédateurs sexuels, elle ne rechigne jamais à dessiner des actes incestueux ou pédophiles. Tout cela en fait une auteure atypique qui s’est constituée une base de lecteurs en dehors même du cercle des amateurs de boy’s love.
En France, on l’a découverte grâce à Crazy Affair chez Taifu. Un choix plutôt triste car en plus de ne pas être son manga le plus populaire, c’est loin d’être ce qu’elle a fait de mieux… Heureusement, les éditions IDP vont donner une nouvelle chance à Asumiko Nakamura d’être reconnue chez nous par le biais de la publication de Doukyusei et de sa suite, Sotsugyosei.
Néanmoins un manga encore plus accessible au grand public reste à ce jour inédit en France : Utsubora. Publié en anglais par Vertical ou encore en espagnol par Milky Way, le diptyque s’éloigne du boy’s love (mais pas vraiment de l’érotisme) pour proposer un polar envoutant jouant sur l’identité des personnages. Un titre mystérieux qui fait figure d’incontournable dans la bibliographie de l’auteure.
Masato Hisa
Marqué par la lecture de Kitaro le repoussant dans sa jeunesse, puis par celle des comics de Mike Mignola et Frank Miller, Masato Hisa se forge une esthétique basée sur le clair-obscur. Une autre particularité de l’auteur est qu’il aime enchaîner des histoires auto-conclusives dans ses mangas. On se retrouve donc avec une flopée de nouvelles suivant un fil conducteur guidé principalement par la récurrence des personnages principaux. D’ailleurs ses protagonistes se font souvent remarquer. De Lily Apricot à Tokuko McCoy, l’artiste nous fait part de son goût prononcé pour les femmes fortes (et pulpeuses).
Masato Hisa est arrivé en France avec Jabberwocky puis Area 51, publiés à quelques mois d’intervalle respectivement chez Glénat et Casterman. Au programme un mélange de créatures folkloriques et mythologiques, des dinosaures anthropomorphes, des contes et légendes revisités et cetera, le tout à la sauce polar. Décidément lire les œuvres de l’artiste ramène à l’enfance, à la période où l’on s’amusait de l’imaginaire collectif.
Dans Area 51, on suit les enquêtes d’une détective privée dans une ville pas comme les autres. Tout le bestiaire fantastique de notre monde (et plus si affinité) cohabite dans la cité, et c’est ce qui fait le sel du manga. Masato Hisa réinterprète des mythes plus ou moins connus pour nous offrir un divertissement aussi intense que déjanté. Pour plus de précisions sur le mangaka, je vous invite à lire mon entretien avec lui.
Haruhisa Nakata
Le dernier et non le moindre n’est autre que Haruhisa Nakata, l’auteur de Levius. Publiée en France aux éditions Kana, sa première série nous plonge dans un univers steampunk rappelant aussi bien Fullmetal Alchemist que Les cités obscures. On y suit un jeune garçon, doté d’un automail, pratiquant une discipline violente en vogue nommée boxe mécanique. Mais plus qu’un manga sportif, Levius est une œuvre ontologique qui questionne la mémoire, les rêves ou encore le libre-arbitre. Un récit ambitieux saupoudré d’un contexte géopolitique instable le rendant d’autant plus passionnant.
L’ambition justement, Haruhisa Nakata n’en manque pas. Il compte créer avec son titre ni plus ni moins une nouvelle norme du manga. Car oui, si le fond est intéressant, la forme l’est tout autant. Levius regorge d’idées pour être rendu accessible à l’international. Pour commencer, le sens de lecture original est occidental, allant de ce fait à l’inverse de la quasi-totalité des mangas. On trouve ensuite quelques idées ingénieuses : les dialogues écrits horizontalement, les onomatopées inscrites dans des cases (et non directement sur le dessin), tout est pensé pour simplifier au mieux l’adaptation aux langues étrangères.
Suite à la fin de la publication du magazine Ikki, le manga s’est arrêté. Depuis, il a repris sous le nom de Levius/est dans la revue Ultra Jump de Shueisha. Haruhisa Nakata a certes un nouvel éditeur, mais il semble bénéficier de la même liberté de création.
C’est terminé pour ce troisième numéro de la nouvelle garde du manga alternatif. Si les auteurs présentés dans cet article ont des univers très différents, ils ont en commun d’être des petits nouveaux sur le marché français. L’occasion de leur souhaiter le meilleur et d’obtenir la reconnaissance qu’ils méritent. Et j’espère également vous avoir donné envie de vous plonger dans leurs mondes imaginaires et leurs esprits créatifs.
Déjà conquis par Masato Hisa et Haruhisa Nakata, pour la troisième auteure je n’ai rien lu d’elle pour l’instant. Etant vraiment pas fan de BL je crois que je vais m’abstenir pour l’instant.
Utsubora n’est pas un BL (et il est magnifique.. <3)
Utsubora tu dis, je me pencherai sur la question ;) merci
(oui, c’est d’ailleurs ce que je dis dans l’article.)
Je l’aime bien, cette rubrique. Voir parler de Nakamura me fait vraiment plaisir, je n’ai jamais compris ce qui faisait qu’elle n’était pas (ou presque pas) éditée ici, alors que son travail est incroyable. Je compte sur BL idp pour nous mettre dans le bain..
Levius m’a plus qu’emballée, c’est agréable de lire du bon Steampunk et graphiquement je le trouve très beau (pas compris les critiques négatives, d’ailleurs). J’attends la suite, en étant certaine qu’elle sera à la hauteur (rien que les couv’ m’emballent déjà).
Quant à Hisa, il faut que je le lise (ter).
J’espère qu’IDP publiera les 8 tomes de la Nakamura Collection. Je rêve un peu, mais bon (pour ça que je les importe d’ailleurs…)
Pareil, zéro doute sur Levius /est. D’ailleurs je lis en boucle l’extrait disponible sur Amazon : http://www.amazon.co.jp/Levius-est-%E3%83%A4%E3%83%B3%E3%82%B0%E3%82%B8%E3%83%A3%E3%83%B3%E3%83%97%E3%82%B3%E3%83%9F%E3%83%83%E3%82%AF%E3%82%B9-%E4%B8%AD%E7%94%B0-%E6%98%A5%E5%BD%8C/dp/4088902785/ref=sr_1_2?ie=UTF8&qid=1464178357&sr=8-2&keywords=levius#reader_B01914UEHY
(Le tome 2 sur le 17 juin au passage, on aura bientôt la couverture)
Pour Masato Hisa, bah tu vas aimer Area 51. Me suis-je déjà trompé en te conseillant un manga ? Non ? Alors achète et lis (et viens me dire que t’es fan).
Levius, le mélange Gunnm >< Last Man!
J’ai hâte de lire Doukyusei, vu qu je ne connais pas encore la mangaka, mais je trouve son style super attirant.
Et le meilleur c’est J (mais tu aimerais surtout Copernic).
(La bise aux éditeurs qui passeraient par là)
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