Bien que Taiyô Matsumoto soit considéré comme un auteur important de mangas depuis Amer Béton en 1993, toutes ses œuvres ne sont pas publiées en France, notamment ses premières.
Ainsi, dans cette article, j’aimerai vous parler de deux livres de la bibliographie de Taiyô Matsumoto qui ne sont pas publiés à l’extérieur du Japon et qui mériteraient de l’être : Hana/Mezasu Hikari no Saki ni Aru Mono Moshiku wa Paradise (trad litt. Fleur/Peut-être qu’un Paradis se trouve au-delà de la lumière) et Hana Otoko (trad litt. L’homme-fleur). En dehors du Japon, on a tendance à penser que ses œuvres majeures sont belles et bien publiées puisque des titres comme Amer Béton, Ping Pong ou encore Number 5 sont présents. Or Hana Otoko est considéré comme une de ses productions essentielles au pays du Soleil Levant. Ou encore Hana qui a été publié à un moment charnier dans sa vie et son œuvre. L’œuvre de Taiyô Matsumoto ne déroge pas à celle des autres auteurs : elle est faite d’une ligne directrice. Parfois cette ligne est plus difficile à analyser que d’autres, elle est moins distincte car la bibliographie de l’auteur en question se fait plus éparse. Ce n’est pas le cas de Taiyô Matsumoto : la trame de son travail est rapidement mise en place et ça n’en est pas moins intéressant, loin de là.
Otoko ; 1992 : Un enfant, vivant chez sa mère, très bon élève qui souhaite réussir sa vie via l’école est obligé de passer les vacances d’été chez son père qui lui est un esprit libre, enfant de cœur obsédé par le base-ball.
Le thème du sport est celui qui ressort le plus logiquement dans ses premières œuvres, notamment Ping-Pong. Ses trois premiers ouvrages (Straight, Zero et Hana Otoko) sont des mangas que l’on pourrait qualifier de « sportif ». Néanmoins, Straight et Zero sont bien plus centrés sur le sport et sur le personnage principal. Dans ces séries, Taiyô Matsumoto fait évoluer ses personnages au fil de leurs rapports avec leurs disciplines respectifs. Hana Otoko diffère des deux autres mangas cités, il expérimente une nouvelle façon d’écrire un manga sportif : le sport n’est que la scène où se jouent les relations humaines. Hana Otoko tourne autour de la relation du fils et de son père, plus que le sport en particulier. Ce qui donnera par la suite le très abouti Ping Pong où il trouve l’équilibre parfait entre discipline et développement des personnages à travers l’interaction entre eux. Mais détrompez-vous, Hana Otoko n’est pas un « sous-Ping Pong ». Du côté graphique, Taiyô Matsumoto utilise un style très enfantin, l’histoire est dessinée à la manière d’un conte où l’onirisme surplombe le réel.
Nous nous baserons sur cette édition en particulier dans cet article.
Hana/Mezasu Hikari no Saki ni Aru Mono Moshiku wa Paradis ; 2002 : L’histoire suit une famille de créateur de masques et leur fils complètement coupé du monde.
Hana est un ouvrage pas tout à fait comme les autres qui, comme son titre l’indique, est divisé en deux parties : un manga de Taiyô Matsumoto et le script d’une pièce de théâtre jouée par la compagnie « Kurotent » (trad. Tente noire). Le manga est une adaptation libre de la pièce. Ainsi, avoir les deux œuvres dans un seul et même livre qui mêle littérature traditionnelle et bande dessinée en fait un ouvrage intéressant. Néanmoins ce n’est pas tout, Hana est également un manga important dans la bibliographie de l’auteur. En effet, il est écrit au même moment que son plus long et sûrement plus ambitieux manga à ce jour : Number 5. Hana sonne comme une bouffée d’air frais dans l’écriture de Number 5 qui fût selon l’auteur un manga long et difficile. On y retrouve des éléments de chara-design similaires, comme les marques sur les visages. De plus, l’auteur insère dans le graphisme (soit sur les personnages, soit sur le décor) une narration écrite qui va apparaître comme un mot prenant sens à travers tous les éléments narratifs en place (personnage, bulle, décor et action). Même si cette narration ressemblant au « tag » est beaucoup employée dans ses œuvres précédentes (Printemps Bleu, Amer Béton, Ping Pong, …), elle n’est pas encore utilisée de manière aussi succincte. Cyril Lepot dans la revue Proteus parle à ce propos de « toutes les surfaces, les murs représentés sont des supports et niveaux supplémentaires d’expression pour l’auteur ». Taiyô Matsumoto explore un thème déjà partagé avec son œuvre Gogo Monster : le visage caché/le masque (si ça vous intéresse nous avons d’ailleurs déjà parlé du sens des masques dans la culture, ici et là). A l’inverse de Gogo Monster où un garçon se cache le visage pour esquiver l’extérieur, l’un des enfants présents dans Hana s’enferme chez lui et crée lui-même les masques qui permettent aux danseurs de communiquer avec l’extérieur. Ainsi, dans Gogo Monster, le masque permet à l’enfant de mettre un obstacle entre lui et l’extérieur alors que dans Hana il est le vecteur permettant la communication avec le dehors. Par conséquent, Hana possède une place particulière dans la bibliographie de Taiyô Matsumoto puisqu’il réemploie des éléments de ses productions antérieures et les perfectionne. Toutefois, certains éléments vont également être réintroduits dans d’autres productions futures.
Ainsi, même si la bibliographie de Taiyô Matsumoto s’est déjà bien exportée à l’étranger, notamment en France, il reste certains titres oubliés qui n’attendent que d’arriver dans nos librairies. La -petite- liste des deux mangas abordés plus haut n’est bien sûr pas exhaustive, d’autres mériteraient également d’être publiés. Zéro arrive en tête de liste dont son combat de fin magistral et le développement du personnage raviraient les fans de Ping-Pong. Ou encore Straight, qui possède une place particulière dans la bibliographie de Matsumoto puisqu’il est son premier manga. J’espère que les éditeurs tenteront de sortir la bibliographie antérieure à Number 5 après la publication du dernier tome de Sunny. Taiyô Matsumoto dispose d’une réputation qui n’est plus à faire en France avec un style mêlant manga et bande dessinée européenne : le rêve est alors permis.
Taiyo en a encore sous le coude pour nous pauvres petits Français ! Pour nous abreuver encore de tout son art. Merci pour la découverte cet intriguant Hana Otoko.
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