Icare : à s'approcher du soleil, on se brûle les ailes

Moebius, maître incontesté de la bande dessinée franco-belge. Jiro Taniguchi, maître incontesté du manga d’auteur. Alors quand le premier propose un scénario de science-fiction au second, le monde de la bande dessinée est intrigué et assiste à la naissance d’Icare.

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Couverture cartonnée et papier semi-glacé histoire de sublimer les dessins de Jiro Taniguchi : les éditions Kana ont mis les petits plats dans les grands pour proposer une fabrication à la hauteur de cette rencontre. S’ajoute à cela deux bonus en fin de volume : une longue interview de Moebius sur les origines et le traitement du mythe d’Icare ainsi que les dessins préparatoires de Jiro Taniguchi.

Tout promet un BD d’exception. Et pourtant…

Au Japon, un enfant pas comme les autres naît, il s’agit d’Icare. Il a une particularité significative : il sait voler. C’est alors que le gouvernement japonais le met en captivité pour en faire une arme et effectuer des expériences dessus. Pendant ce temps, des enfants éprouvettes capables de s’autodétruire forment un groupe terroriste et effectuent des attentats un peu partout dans le pays. Au bout de vingt années de captivité, Icare, lui, se moque un peu des attentats qui se déroulent au sein même de sa patrie. Ce qui compte vraiment pour lui, c’est Yukiko, une jeune scientifique dont il est amoureux. Il souhaite également quitter le jardin dans lequel il est retenu en captivité afin de découvrir les joies de voler librement dans le ciel.

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Voilà pour le résumé. Il s’annonce prometteur mais le résultat est loin de satisfaire toutes nos attentes. En effet, Icare est une œuvre vide dans bien des sens. Je vais m’expliquer. Tout d’abord concernant le groupe terroriste. Ce que le lecteur sait, c’est qu’il s’agit d’enfants éprouvettes qui ont la capacité de se faire exploser. Et ils en profitent pour faire des attentats suicides. Tiens donc, quelle coïncidence… A aucun moment, le livre n’explique ni leur motivation ni leur origine. Ils se font sauter, sont là dans l’histoire, mais ne servent strictement à rien. On se demande vraiment l’intérêt de les inclure au récit. Encore s’il y avait un développement derrière… Le développement justement, voilà ce qui manque cruellement aux personnages de l’histoire. Le général par exemple, est une lesbienne sado-maso, ce qui ne sert en rien l’intérêt de la narration, qui ne fait que mépriser les enfants éprouvettes tout au long du récit. Son intérêt est limité à cela. Je n’ai rien contre hein, mais il y avait des choses plus intéressantes à développer que sa sexualité. C’est un personnage creux comme il y en a tant dans Icare. Entre la scientifique naïve qui tombe amoureuse d’Icare, le politicien inutile au pouvoir surnaturel et le chercheur fou aux réactions exagérées, les personnages stéréotypés s’enchaînent les uns derrière les autres.

Passons au gros de l’exposé qui est véritablement passionnant : le personnage d’Icare et son histoire. Celui-ci est un être naïf, qui ne connaît rien au monde qui l’entoure, et dont la seule réelle particularité, mis à part son idiotie et son sens du dévouement à faire pâlir de jalousie le plus fidèle des chiens, est sa capacité à voler. Lors de son vingtième anniversaire, sans qu’on ne sache pourquoi, il décide de tenter de s’enfuir. Il veut être avec Yukiko, la scientifique dont il est niaisement amoureux. Voilà que cette fuite constitue le seul intérêt de l’histoire du manga. Autant dire que l’ouvrage déçoit vraiment tant il est éloigné des attentes que le lecteur pouvait avoir.

Derrière ce scénario superficiel se cachent les dessins de Jiro Taniguchi. Le trait de l’auteur est, comme à son habitude, très plaisant. Malheureusement, le mangaka pèche dans les expressions des personnages. En effet, celles-ci sont souvent exagérées, et donnent ainsi un côté ridicule à l’œuvre. Le décor de science-fiction est quant à lui vide d’intérêt. C’est beau certes, mais c’est bien trop simpliste.

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En définitive Icare est une œuvre sans intérêt. Réunir deux très grands noms de la bande dessinée mondiale ne suffit pas à faire un bon manga, et Icare le prouve. L’œuvre n’a pas eu de succès lors de sa publication, et a été contrainte à un arrêt prématuré. On comprend hélas pourquoi en lisant ce manga surjoué. Quel gâchis au final… Deux si grands auteurs… L’œuvre est donc à réserver aux fans le plus aguerris de Moebius et Jiro Taniguchi.

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