Batman – The Boring Joke ?

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Fraîchement sortie sous forme numérique, l’adaptation d’un des comics les plus populaires fait déjà énormément parler. Il pourrait être intéressant de papoter des polémiques développées au Comic Con de San Diego ou encore du machisme d’Alan Moore mais votre auteur préfère rester focus sur un seul sujet. The Killing Joke est-il un bon film d’animation ? Attention Spoilers

Avant de développer sur cette adaptation, penchons nous d’abord sur ce qu’est le matériau d’origine.

C’est en 1988 que sort The Killing Joke chez DC Comics (Souriez ! Chez Delcourt ) avec Alan Moore au scénario et Brian Bolland au dessin. Le duo propose 48 pages d’affrontements psychologiques entre Batman et le Joker. Le roman graphique (en bon françois) se penche également sur les origines de l’ennemi ultime du justicier et décide de lui attribuer une histoire. Mais ce one shot du Batverse ne s’arrête pas là puisque le Joker met à mal littéralement Barbara Gordon aka Batgirl et son père le commissaire Jim Gordon.

Véritable référence chez les fans de DC, le comics se tient une réputation d’œuvre violente et très graphique. En effet, Moore a décidé de brutaliser le personnage de Barbara en la rendant paraplégique après avoir reçu une balle en plein abdomen. Le Joker décide de lui infliger des sévices, de les immortaliser et de les dévoiler au Commissaire Gordon afin de lui faire perdre la tête. Aujourd’hui, The Killing Joke est ultra populaire et les origines du Joker qui y sont développées paraissent comme adoptées. Si vous ne connaissez pas cette histoire, il est temps de profiter d’une aventure intense et humaine.

Fallait-il pour autant mettre en scène cette histoire ? Oui et non suis-je tenté de répondre.

Le projet est annoncé en juillet 2015 au Comic Con de San Diego avec à la production Alan Burnett (Batman la relève) mais surtout Bruce Timm, responsable de la brillante série animée Batman en 1992. L’attente grandie et atteint des sommets grâce à un marketing féroce et accrocheur. Mark Hamill rejoint le casting pour reprendre son rôle du Joker dans la série de 1992. Du côté du justicier, c’est Kevin Conroy qui prête sa voix déjà présente pour doubler le personnage dans cette même série.

A la réalisation, Sam Liu hérite du projet après avoir montré ses compétences avec Batman Year One (2011), Justice League: Crisis On Two Earths ou Superman/Batman: Ennemis Publics qui s’inscrivent tous dans le DC Universe Animated Original Movies. Liu a également bossé pour la crèmerie d’en face en proposant Hulk Vs, Planet Hulk, et Thor : Son Of Asgard. Il a remporté un Emmy Award pour la série Batman de 2004.

Loin d’être une simple repompe du Comics, le Killing Joke de Sam Liu essaie de flatter ce sur quoi il s’appuie tout en essayant de s’émanciper. En regardant la première demi-heure, on se demande quel fléau frappe les créatifs de vouloir renforcer le background des personnages de manière superficielle et ne pas s’en servir pour l’intrigue principale. Je m’explique.

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L’adaptation s’ouvre sur un arc narratif centré sur Batgirl qui travaille en étroite collaboration avec Batman. Les deux justiciers sont à la poursuite d’un criminel sociopathe appartenant à la mafia de Gotham. Absent du support originel, cette histoire est là pour planter le personnage de Batgirl, lui donner de l’importance avec des états d’âmes et accentuer la situation dramatique provoquée par sa rencontre avec le Joker.

Il était évident que les 48 pages du comics ne pouvaient pas en faire un long métrage d’où ce choix de développer Batgirl et sa relation avec Batman. Une relation conflictuelle puis sentimentale trop vite balayée pour donner une quelconque importance.

Ceci est d’autant plus dommageable que dépassée cette demi-heure poussive et très, trop éloignée de la noirceur du batverse. Le travail de Sam Liu est impeccable, presque irréprochable. La narration, les personnages, les décors, les dialogues, tout est repris comme un hommage, une déclaration d’amour à l’œuvre de Moore et Bolland. L’adaptation en elle-même pourrait rentrer dans mon top 3 des animés DC. Les origines du Joker sont brillamment introduites à coups de flash-back, le personnage transpire la folie, son freak show est angoissant à souhait. Côté technique, le film reste classique et sobre avec des animations certes rigides mais d’une qualité plutôt supérieure à ce qu’on trouve dans les animés du Dcverse.

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S’il était si important de développer du contenu pour que le récit soit étoffé, il fallait s’en éloigner et y aller franco. Avant de passer à l’arc Batman vs Joker, on aurait pu découvrir la naissance d’Oracle au lieu de nous l’envoyer dans une petite scène post-générique. A une époque où le féminisme truste les sujets de discussions, Liu aurait très bien pu renforcer la symbolique autour de Barbara Gordon et de ce viol suggéré avec une sorte de renaissance pour la suite. Au lieu de cela, le personnage est le plus mal écrit de l’anime, n’apporte aucun élément logique à l’intrigue et est renforcé par quelques attributs sexy dignes des pires pages de DevianArt. Du classic bullshit en somme.

Je pourrai conclure en disant que si l’adaptation pure est réussie, elle est salie par une première demi-heure inutile. Je pourrai également conclure sur le fait que cette même partie décevante efface un des sujets majeurs du batverse, à savoir la compréhension et le ressenti de la relation entre Batman et le Joker. Je pourrai également terminer sur cette dernière scène et ce rire qui s’arrête tandis qu’un autre continue. Mais je repense à Batman vs Superman et me dis avec quelques soupirs que la Warner est encore passée à côté de quelque chose de grand. En attendant Suicide Squad.

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7 réflexions sur “Batman – The Boring Joke ?

  1. Je ne trouve pas, que c’était une bonne idée de faire cet anime.

    Qui en plus me semble vieillot!!
    (Du moins, c’est mon impression.)

    C’est un comics. Point.

    {A moins, d’avoir un budget faramineux ET un team artistique très créatif ET très impliqué ET capable de prendre des risques, etc…………!!………}

    • Je reste mitigé car l’adaptation du comics en lui même est excellente et retranscrit bien l’intensité des enjeux. Donc sur ce plan l’idée est bonne. C’est plutôt l’apport original pour allonger la durée du long métrage qui me pose soucis.

      Et je te rejoins sur l’investissement humain et financier pour en faire quelque chose de vraiment exceptionnel. Plus de liberté donc s’éloigner du support originel.

      Pour l’aspect vieillot, c’est justement un point positif. J’ai apprécié cela et ça m’a rappelé la série de 1992 justement.

      • Ce titre étant à part ; il aurait mérité un traitement (budget, créateurs, etc.) à part…

        S’il rappelle quelque chose ; c’est que c’est raté (du moins, c’est mon avis)

  2. Je comprends qu’ils aient voulu créer une histoire au début avec Batgirl pour que le spectateur ait plus d’empathie pour le personnage, mais ce n’est pas le cas, l’histoire est juste misogyne au possible et ne met pas en avant l’ampleur et la complexité de la relation entre Batgirl et Batman. Je suis donc d’accord quand tu dis dans l’article que le personnage de Barbara Gordon est très mal écrit dans le film d’animation. Ce n’est pas rendre hommage a ce grand comics qui a sa sortie n’était pas sensé avoir un impact aussi grand. Cette fin m’a énormément marqué et j’avoue que de la vivre en animation m’a grandement fait plaisir. Cette fin est juste d’une géniale complexité.

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