Chers lecteurs, avec Maerlyn, nous vous proposons aujourd’hui un article sur la saga Alien. Et ce pour une raison simple : l’article Trilogie il était une fois de Sergio Leone qu’on a coécrit il y a quelques années a super bien marché. Pour fêter ça, je me suis dit qu’on allait remettre le couvert de l’article cinéma à deux mains. Quoi de mieux qu’Alien ? Maerlyn fan de longue date, moi qui vient de découvrir, toujours dans l’actu, et qui a donné son nom au blog ! Bref, Maerlyn bonjour, on va discuter un peu de tout ça.
Raismith : Premièrement, quand est-ce que tu as découvert Alien ? Tu n’étais pas né à sa sortie que je sache *clin d’œil*
Maerlyn : Alors j’ai découvert la saga quand j’étais petit et que je dévalisais les vidéo-clubs (sauf qu’on pouvait pas garder les vidéos et c’était triste). Je devais avoir un peu moins de 8 ans. Le premier que j’ai vu c’était Alien³. Puis j’ai vu le 2 (peut-être à la télévision, je ne suis pas certain). Et j’ai pu voir le quatrième à sa sortie au cinéma. Ce qui fait que j’ai vu l’original de Ridley Scott que quelques années plus tard (celui-là à la télévision, c’est certain).
R. : Étonnant ! Quand on sait l’aura du premier. Du coup, tu as accroché tout de suite (d’autant plus que Alien³ n’a pas la meilleure réputation de la saga) ? Qu’est-ce qui t’a plu si oui ?
M. : Ah oui j’ai adoré tout de suite ! En fait Alien³ était l’un de mes films préférés dès la première fois que je l’ai vu. Bizarrement c’est celui que j’aime le moins maintenant, alors que j’ai résisté pendant des années à toutes les critiques négatives que je voyais. Mais les goûts changent… Ce que j’ai aimé c’était le personnage de Ripley déjà, très différent des héros ou héroïnes que je connaissais. L’Alien aussi bien évidemment, j’étais très fan de toutes sortes de monstres déjà gamin, et il était très impressionnant. Mais surtout c’était l’ambiance du film. C’était glauque, complexe pour un enfant de mon âge, sexuel aussi (même si ça ne me semblait bien évidemment pas aussi clair que maintenant). J’étais fasciné par ce film.
R. : Pour ma part, j’ai découvert la saga en DVD cette année. J’ai enchaîné les quatre très rapidement. Je ne sais pas si on peut me catégoriser en tant que grand fan, je ne suis pas pionnier dans ce fanboyisme là. Mais j’ai regardé la série avec une forme de respect, en me disant “sa réputation n’est pas usurpée”. Ils m’ont tous passionné pour différentes raisons, aussi bien dans l’ensemble que pour chaque film individuellement. Et pour réagir à ce que tu dis, je trouve que Ripley est un personnage formidablement bien écrit et interprété. C’est une femme à la fois forte et féminine, qui porte le film grâce à son charisme. Je ne pense pas dire de bêtise en avançant que ce genre d’héroïne est assez rare. Maintenant, une question me taraude : que penses-tu de chaque film individuellement ?
M. : Pour moi, le premier film est un chef d’œuvre. C’est vraiment ce que le cinéma peut donner de mieux. Ripley est le meilleur exemple de la “Final Girl”, bien supérieure à toutes celles qui l’ont suivie, et les quelques unes qui l’ont précédée (genre Laurie Strode dans Halloween). Mais tout le reste du film est également parfait. L’écriture de chaque personnage (ainsi que le cast) est pointilleuse, il suffit de voir la première scène de repas pour s’en rendre compte. Et puis le film réalise un sans-faute dans l’équilibre entre son background de science-fiction et son récit de pure horreur.
Ensuite, Aliens est le premier exemple de “bigger and louder”. James Cameron avait eu la très bonne idée de ne pas du tout essayer de refaire le premier opus. Au lieu de faire un film d’horreur, il a fait un film de guerre. Peut-être même l’un des meilleurs. Je trouve bien le film un poil trop long mais à part ça, je ne vois pas ce qu’on peut lui reprocher.
J’ai déjà parlé d’Alien³ mais comme je l’ai dit, mon avis a changé depuis que j’étais petit. Même s’il garde toutes les qualités dont j’ai déjà parlé, le film souffre au niveau du rythme. Et ses thématiques qui m’avaient tant marquées me paraissent aujourd’hui un peu lourdes dans leur traitement. Mais j’aime toujours beaucoup le film malgré ses défauts.
Et puis il y a celui que tout le monde déteste, Alien, la Résurrection. Sauf que je ne le déteste pas du tout. C’est le plus fun de tous, il y a un aspect très comic-book dans ce film, pas un hasard vu que Joss Whedon a participé au scénario. J’ai l’impression que le film se prend beaucoup moins au sérieux que les précédents, et ce n’est pas un mal. Le mot pour définir ce quatrième opus, c’est : cool. Et je trouve qu’il l’est du début à la fin (malgré le xénomorphe le plus cheum de toute la saga).
R. : On a un point commun : on n’en déteste aucun. En ce qui me concerne, le premier a une portée cinématographique indépassable. De plus, il se suffit à lui-même (là ou les autres, même si je les aime, sont des suites pures et dures). Tu parlais des acteurs, je note la présence de superbes second rôles, à savoir John Hurt (que j’ai adoré dans plein de films, surtout Elephant Man) et Harry Dean Stanton (héros de l’excellent Paris, Texas). Les effets spéciaux n’ont absolument pas vieilli et participent à la portée artistique du film. Par exemple, lorsque les membres de l’équipage pénètrent dans le vaisseau, l’atmosphère est grise, foncée, sèche… L’extraterrestre mort sur le poste de pilotage n’est qu’un élément de décor, ce qui ne fait que le rendre plus énigmatique. La vue à travers les lunettes de vision de nocturne m’a aussi paru renforcer toute cette ambiance. Bref, une franche réussite. Pour le second, il faut savoir que je n’aime pas la vision du cinéma de Cameron, qui est pire que Spielberg et Lucas en terme de blockbusterisation. J’aurais pu avoir une réserve d’ailleurs, sur le choix de mettre en avant des Marines très… “ricains”. Mais je ne peux que constater à quel point cette suite est géniale, oppressante, elle m’a scotché d’un bout à l’autre. Là aussi, c’est bien calibré en matière de réalisation. Par exemple, lorsque les Marines installent les mitrailleuses automatiques, c’est bigrement bien vu de ne nous montrer que le décompte des munitions tirées au lieu de voir les Aliens mourir. Concernant Alien³, c’est effectivement le moins fun, le plus austère dans sa réalisation. Pourtant, il apporte un élément important à la saga dans sa continuité : il renforce l’aspect “ennemis héréditaires” entre Ripley et les Aliens. Où que Ripley aille, elle y croisera les Aliens et ils détruiront tout autour d’elle. Cet aspect est établi dès l’entrée du film, et n’en déplaise à certains fans, je trouve que le postulat est la force du film. Quant au quatrième, c’est mon préféré juste derrière l’indétrônable premier. Il est fun comme tu dis, il fleure bon la SF des années 90, celle qu’on trouvait dans les jeux vidéo de la PSOne. Mais pas que. J’ai aimé deux choses dans ce film : il a une vraie portée dramatique, notamment dans le personnage de l’handicapé et la scène où son camarade se raccroche à lui. Le bien-portant devient le poids, ça m’a beaucoup interpellé. Et aussi, on sous-estime le nouvel Alien présent dans le film. C’est le plus bizarre, il peut paraître nanardesque, mais il est surtout atroce, le fruit d’une expérience qu’on aurait jamais dû tenter. Et ça correspond bien à l’aspect horrifique de la saga. Conceptuellement, c’est celui qui fait le plus peur, je trouve.
M. : Oui c’est vrai qu’au-delà du fun, le 4 a de vraies bonnes idées dans son scénario. Et des idées qui partent toutes du 3. Comme tu le dis, les xénomorphes sont la malédiction qui pèse sur Ripley, de la même manière que Michael Myers cherchera toujours à tuer sa sœur. Mais cela va encore plus loin avec la Résurrection, car non seulement ils continuent de la poursuivre après sa mort, mais en plus elle devient elle même en partie Alien. Elle est maintenant tout ce qu’elle pouvait détester. Bien que Sigourney Weaver joue cela avec un détachement fascinant à regarder. Par contre l’Alien final de ce film, j’arrive pas à la sauver dans ma tête. Je l’aimais bien en 1997, mais c’est passé depuis. Même conceptuellement, je préfère l’idée du 1er, en archétype parfait et absolument terrifiant de boogeyman.
R. : Maintenant, abordons un sujet épineux : Prometheus. Tout ce que je savais de ce film avant de le voir (et avant de voir la série de film), c’est qu’il a un rapport avec Alien et qu’il s’est fait beaucoup basher. Je l’ai vu à la télévision peu de temps après avoir fini les DVDs, et je l’ai trouvé très bien. Les pistes qu’explore Ridley Scott s’intègrent parfaitement à la mythologie Alien, elles donnent des réponses tout en appelant d’autres questions. Et puis bon sang, il y a quelques scènes de génie, du genre dont je ne croyais plus Scott capable. Je pense à la scène de l’opération où il y a tout le sel original d’Alien : l’horreur, le suspense et une héroïne déterminée.
M. : Oui, la scène de l’opération ! C’est mon argument majeur quand j’entends quelqu’un dire du mal du film. C’est sûrement l’une des meilleures scènes de toute la saga (et de ces 10 dernières années tout film confondus). Comment peut-on traiter le film d’échec après ça, ça me dépasse. Cette tension de taré. Bon par contre, j’ai beau aimer le film, il faut avouer que son gros défaut, ce sont les personnages. Alors que jusque là c’était un atout de la franchise. Ici, leur écriture semble un peu plus bancale, le plus gros problème étant qu’il est très difficile de cerner les objectifs de chacun, c’est un peu trop brouillon. Sinon, je ne suis pas un trop grand fan de la théorie des extraterrestres ingénieurs de la vie humaine façon “Ancient Aliens” mais ça ne pas trop dérangé en voyant le film. Et puis après, il y a toute cette genèse du xénomorphe tel qu’on le connait. Là, j’ai fanboyé, j’avoue, j’ai fanboyé dur.
R. : Je te l’accorde, les personnages de Prometheus sont bien moins marquants que ceux des films précédents. Après, parmi les réponses, on a donc les origines du xénomorphe, et parmi les questions, on a les Ingénieurs. Je suis… curieux on va dire. La fin du film, qui appelle obligatoirement à une suite, m’a parfaitement donné envie de la voir, cette suite. Encore une fois, cet engouement vient de la cohérence globale entre tous les films. Jusqu’au 4, on est arrivé au bout de l’histoire de Ripley. Et avec Prometheus, on tente de proposer une explication détaillée à toute la mythologie. Elle est intéressante cette mythologie, c’est pour ça que j’ai envie d’en savoir plus. Et c’est justement ce à quoi on va avoir droit avec Alien : Covenant, qui est Prometheus 2. Et vers 2018, on aura Alien 5… qui serait en fait Alien 2.5, puisque le réalisateur, Neil Blomkamp, a tenu à revenir sur les personnages de Newt et Hicks, brutalement disparus au début du 3. Tu l’auras peut-être compris à travers notre discussion, j’ai très envie de savoir ce qu’il y a après Prometheus, et je trouve Alien 3 et 4 très intéressants dans la cohérence globale. Le Alien de Blomkamp me laisse bien plus perplexe du coup… Ton avis sur ces deux films à venir ?
M. : Vu que globalement Prometheus m’a plu, je suis très impatient pour Alien : Covenant. Surtout qu’avec un titre pareil, ça devrait s’intéresser encore plus à notre bestiole favorite (et c’est ce que j’attends le plus du film). Même si les changements de scénaristes me laissent un peu perplexes. Mais bon, j’ai parfois l’impression d’être le seul fan de Lindelof sur Terre, et puis on a déjà avoué que son script de Prometheus n’était pas parfait alors on verra. Au moins, Scott qui reste à la mise en scène rassure un peu.
Pour le film de Blomkamp, je ne sais vraiment pas quoi te dire. On a tellement peu d’informations pour l’instant. Et ce n’est vraiment pas mon truc de m’avancer sans support. Pour ce qui est de sa volonté de bifurquer après la fin d’Aliens, pourquoi pas ? Même si je m’en fiche un peu de Hicks et que je préfèrerais revoir Bishop. Mais après, il fait ce qu’il veut. C’est une franchise. C’est du cinéma. Tout est malléable.
R. : Je comprends quand même la frustration de certains spectateurs de Aliens. Hicks et surtout Newt sont des personnages bien écrits et attachants. Ils peuvent mériter un prolongement de leur traitement. Mais comme dit plus haut, le fait qu’ils n’apparaissent plus après renforce le côté brutal et sans concession du propos. Wait and see donc concernant Alien 5…
M. : Et puis de toute manière, quoi qu’il arrive pour la suite, cela ne gâchera jamais les films précédents. Tout comme un remake ou un reboot ne gâche pas l’œuvre originale.
R. : Merci à toi Maerlyn, on a bien bavassé.
J’espère que ce petit point sur la franchise Alien vous aura plu. À vous les studios.
Tres bon article comme d’habitude, moi même étant un grand fan de la saga d’Alien (Je préfère le second opus par contre) j’ai trouvé très agréable de lire votre conversation.
Par contre il y a un « pas » de plus ici: Les effets spéciaux n’ont (pas) absolument pas vieilli et participent à la portée artistique du film.
Content que ça t’ait plu ! C’est un article dont je suis fier moi-même, je trouve qu’on s’est bien éclaté à le faire et on s’est montrés passionnés.
Merci pour ta remarque, quelqu’un a déjà dû passer parce que je ne vois plus la coquille :x
Superbe article qui donne envie de se refaire la saga en une soirée + nuit blanche.
Alien a été mon premier contact ac la SF et je devais avoir 8-9 ans. La tension, l’horreur, l’angoisse à chaque recoin du nostromo était palpable.
Je suis plus contrasté pour Prometheus qui m’a un peu déçu pour ses explications balancés par dessus la jambe mais c’est sans doute parce que j’en attendais beaucoup plus comme pour la création de l’homme ou le space jokey. Cela est une réception purement subjective.
Le casting est décevant (subjectif etc) car beaucoup moins badass/glam.
En terme de réalisation et mise en scène, je regrette ce que j’ose appeler des anachronismes comme la technologie du film bien plus développée que « Alien le huitième passager ». Même si Scott a expliqué que Prometheus n’était pas un prequel mais une aventure indépendante, elle se passe tout de même avant les événements d’Alien.
Je ne trouve pas le film mauvais et il ne mérite pas le gros bashing mais le manque de cohérence par moment m’a sorti du film lors du premier visionnage.
PS: Quid de Predator ???? :D
Merci ! Si ça donne envie de se faire une session, c’est plus qu’espéré :D
Disons que l’écart technologique est une « incohérence dynamique » comme dirait le Fossoyeur de film. 35 ans séparant les deux films, les visions du futur n’ont plus rien à voir. Il faut alors que le spectateur accepte ce décalage dû à une mise à jour. Ça ne me gêne pas.
Concernant Predator, je ne les ai pas vus. Mais je compte les voir assez vite !