Après un bon millier d’écoutes des trois projets de PNL (Peace N’ Lovés) puis quelques discussions passionnées et passionnantes portant sur ce groupe de rap français, j’ai eu la bonne idée de proposer à Enwyn une discussion argumentée sur Nostroblog.
C’est donc sur la narration qui s’étend sur les trois projets (Que la Famille, Le Monde Chico et Dans la Légende) que cette conversation portera.
N (Neer) : Avant d’entrer dans le vif du sujet, Enwyn, pourrais-tu nous raconter ta découverte de PNL et quelles ont été tes impressions à la première écoute ?
E (Enwyn) : J’ai découvert PNL peu après la sortie du clip Le Monde ou rien via un ami qui m’avait parlé d’eux comme des petits nouveaux qui allaient tout rafler dans ce game. En réalité, il y a eu pour moi deux découvertes bien distinctes. La première fois que j’ai écouté Le Monde ou Rien j’ai rejeté directement leur musique en pensant que c’était mauvais et sûrement beaucoup trop étrange à mes oreilles. Ensuite il y a eu la seconde découverte, c’était peu avant que le clip d’Oh Lala sorte. Ce même ami est revenu me voir en me reparlant d’eux j’ai donc redonné une chance au groupe. Et là j’ai commencé à aimer le rythme, la musicalité, ça sonnait encore étrange mais après la première écoute je passe en repeat et finalement depuis ce temps là j’ai plus passer un seul jour sans en écouter. Donc pour ma part ça a été une découverte en deux temps : le premier contact où je ne comprenais tout simplement pas leur musique et la seconde fois où tu les découvres réellement, c’est à dire que le déclic a été effectué et leur musique ne sonnera plus jamais comme à la première écoute. Je suppose que ça été pareil pour toi ? La plupart des personnes que je connais n’ont pas aimé leur musique la première fois qu’ils les ont écoutés.
N : Oui, ça a été pareil pour moi. J’ai d’abord commencé par écouter l’album Dans la légende suite aux éloges que tu leur faisais sur Twitter. Première écoute très laborieuse et difficilement supportable, mais plusieurs mois se sont écoulé et j’ai curieusement eu envie de réécouter. Le morceau Mira a servi de déclic et c’était une sorte d’épiphanie musicale. J’avais compris que leur intention n’était pas de proposer de la trap agressive comme ce qui était à la mode mais un rap planant, loin des clichés du genre.
Bref, entrons dans le vif du sujet.
PNL c’est une narration sur trois projet musicaux (pour l’instant).
Une narration qui décrit l’ascension autant sociale qu’artistique des frères Ademo et N.O.S : les rappeurs qui composent le duo PNL.
Pour commencer, on peut se demander quels sont les points communs entre Ademo et N.O.S. et a contrario qu’est-ce qui les différencie. Qu’en penses-tu ?
E : C’est vrai, on a tendance à penser le groupe comme une seule et même entité. C’est en partie vrai, l’unité, “la famille”, sert ce propos. Mais si on creuse un peu plus on s’aperçoit que les deux frères sont bels et biens deux personnes différentes, ayant chacun leur propre motivation, façon de penser ou encore d’écrire. L’une des différences les plus frappantes est leur façon de rapper. Ademo est animal quasi instinctif, on le retrouve à faire des “ounga ounga” entre deux couplets et autres bruits d’animaux en fond sonore régulièrement. Bah oui, il est comme ça. Donc bien évidemment il pose sur l’instrumental dans ce sens là, c’est-à-dire très souvent il est à “fleur de décibel” afin que sa “rage [nous] contamine”. A l’inverse, N.O.S a tendance à être plus calme, plus chantonnant. Ce n’est pas pour autant qu’il ne possède pas cette même rage qu’Ademo. Au lieu de parler de rage, il préfère le mot haine : une haine “trop grande pour neuf mètres carrés”, il rappe pour l’oseille car son “coeur de billets” se soignera dans un “chemin étroit et sombre”. En clair, la façon de rapper de N.O.S véhicule un certain spleen. Si Ademo est le porteur d’une fatalité animale chez l’Homme alors N.O.S porte en lui cette perpétuelle insatisfaction dont l’Homme est prisonnier, de même qu’un ennui de son environnement, sa vie, son époque. Leurs proches sont les seuls qui peuvent les soutenir face à leurs conditions. Un groupe avec une dualité qui les oppose en apparence n’est pas nouveau dans le rap français. On peut citer Lunatic, plus de 15 ans en arrière, dont Ali était vecteur d’une sagesse et d’un comportement plus calme alors que Booba était plus agressif dans sa manière de poser et avec une façon d’écrire plus instinctive.
N : C’est vrai que le lien avec Lunatic est pertinent pour plusieurs raisons. Non seulement pour cette dualité entre les deux rappeurs mais aussi parce que ces deux duos marquent une sorte de tournant dans le rap français.
J’ajouterai pour continuer à parler de cette dualité qu’Ademo et N.O.S ont pour point commun d’assumer leurs péchés qu’ils ont commis car ils font “partie de la pire espèce” mais dans le but de nourrir leur famille.
Par ailleurs, pour en revenir à la narration sur les trois projets, on a cette évolution du style de PNL. Que la famille, le premier et seul EP est le plus brut et sauvage, l’auto-tune est moins maîtrisée mais possède un charme certain surtout pour les morceaux Je vis, je visser et Simba qui dépeignent d’une nouvelle manière l’ennui de la jeunesse des quartiers, parfois obligée de bicrave pour survivre. C’était l’époque où PNL n’avait pas encore de succès et était toujours dans la précarité : “Ici comme les dollars c’est gris, j’té-ma la lune me faire des oigts-d” (Obligés de prendre) À l’autre extrémité de leur discographie, dans l’album Dans la légende, on a des morceaux beaucoup plus solaires et avec une auto-tune sublimée. La chaleur que dégage cet album témoigne de leur ascension sociale et artistique : “j’sors de la savane, de la jungle, que du soleil. Wallah wallah j’ai plus sommeil”, même si les propos sont toujours froids et violents. Ils sont certes heureux de sortir de la galère mais voient leur célébrité d’un mauvais oeil comme dans cette phase dans DA : “Mowgli n’aime pas qu’on lui dise “T’es célèbre.”” ou celle ci dans Luz de Luna : “j’monte sur scène, l’impression d’être une bête de foire”.
E : En effet, s’ils rappent ce n’est que pour l’oseille. La célébrité ne les attire pas, pas plus qu’une quelconque validité de la part de la presse. Seules les paroles de ceux qu’ils considèrent comme leur famille ou qui s’identifient comme en faisant partie peuvent les atteindre. Je ne pense pas qu’ils voient forcément la célébrité d’un mauvais oeil mais surtout comme un des nombreux moyens de les travestir. S’ils acceptaient de faire des interviews, de se montrer régulièrement dans la presse, sur les plateaux télés etc, ces pontes du divertissement et de la communication n’hésiteraient pas à les utiliser pour leur propre intérêt. Dans ce cas là, les deux frères tireraient une croix sur cette liberté à laquelle ils aspirent tant dans leur texte. De plus, ils restent intègres vis à vis de leur vie passée et d’où ils ont grandi. Pourquoi aller faire le clown sur des chaînes qui jouent les pompiers pyromanes en comprenant les jeunes de quartiers dans un premier temps et en diffusant juste après des reportages anxiogènes sur ces mêmes jeunes ? Comme l’a si bien dit Ademo à travers la dernière mesure de son couplet dans Tu sais pas : “Fuck vos interviews, j’aurais pu passer dans vos reportages de chiens”. La mesure de N.O.S que tu viens de citer (“j’monte sur scène, l’impression d’être une bête de foire”) est intéressante. Contrairement à Ademo, je pense que N.O.S vit beaucoup moins bien ce nouveau rôle de rappeur très connu. Les fans ? Il s’en fout : “Je te laisse tous les fans, contre les flammes”. Cela fait partie d’un des nombreux paradoxes du groupe, comme en témoigne l’action entreprise par N.O.S avant la création du groupe avec son frère. Il décide de faire un projet marketing baptisé 365 jours pour percer où il dissémine des titres de son projet solo tout au long de l’année. Percer pour quoi ? L’argent. Mais percer insinue quoi ? Le succès. Ils incarnent cette jeunesse souhaitant faire leur beurre légalement après des années dans l’illégalité qu’ils voient comme une impasse mais n’acceptent pas les contreparties tel que le succès qu’un moyen légal comme celle que la musique engendre.
N : On en arrive au succès alors. Un des thèmes majeurs de la musique de PNL. Pas seulement succès au sens financier mais ils parlent également de l’ascension sociale ; ça va de paire. Si on se penche sur les textes de PNL, beaucoup de champs lexicaux sont observables et notamment celui du corps féminin qui est utilisé comme allégorie du succès. La vie a donc ainsi un corps. Ainsi, dans Différents N.O.S dit “la vie me donne son cul, j’connais pas le goût de ses lèvres”. Le cul est vu socialement comme la partie la moins “noble” du corps car c’est la plus connotée sexuellement. Ici, ça renvoie à une à une misère sentimentale et par extension à une misère sociale. A contrario, les lèvres se situent en haut du corps, c’est plus “noble” que le cul socialement car ça renvoie au baiser amoureux. Ce contraste sexe/amour est présent dans beaucoup de couplets de N.O.S. Une fois qu’ils ont connu le succès le point de vue de N.O.S change et il dit dans DA : “Hé là, Hola, tes lèvres ne me font plus penser. Hé là, Hola, mes rêves ne me font plus bander”. Ici, les lèvres font référence à la fortune, N.O.S y a finalement goûté à tel point qu’il en est lassé. On a une inversion des caractéristiques qui renforce ce contraste avec les lèvres qui sont censées être liées au plaisir charnel donc faire bander et les rêves sont censés faire penser, mais là c’est l’inverse. Le succès a rendu N.O.S confus et perdu dans ses désirs.
E : Le fameux “Avant j’étais moche dans la tess/Aujourd’hui j’plais à Eva Mendes” d’Ademo dans DA montre bien cette ascension sociale qui se traduit par une perception de la beauté différente une fois la notoriété atteinte. Au delà de juste une perception différente de la beauté ça représente également une ascension sociale pure et simple. Mais ça ne les empêche pas de rester QLF : “On s’est oubliés en bas/En haut, j’me rappelle de toi”. Bien qu’ils aient monter les étages de l’ascension sociale ils n’oublient pas leurs collègues avec qui ils traînaient avant leur succès. Ademo et N.O.S en deviennent presque compatissants avec celles et ceux qui sont encore dans la même condition qu’eux il y a peu : “J’ai mal, j’vois mes semblables en bas, bas, bas/Faire rampampampam”. Ils auraient aimé les faire monter en même temps qu’eux.
N : Oui, d’ailleurs cette idée d’ascension sociale est bien visible par le champ lexical de la verticalité qui est très récurrent : “monter”, “en haut”, “en bas”, “au-dessus”, “en-dessous”. La dernière phase que tu cites qui conclut la première piste de l’album Dans la Légende fait écho à la dernière phase de la dernière piste de l’album qui est Jusqu’au dernier gramme : “J’vois leurs regards me dire à l’aide / Et plus j’monte plus j’ai mal”. Ademo a toujours un point de vue en hauteur (cf. son visage sur la cover de l’album qui regarde en haut pendant que N.O.S regarde en bas). Tout cela n’est pas anodin; Ademo et N.O.S montent socialement et souffrent de cette ascension. Mais quelque soit l’endroit que les rappeurs regardent, le monde demeure inchangé : c’est ce reflet de la stratosphère sur leurs lunettes qui est continu, c’est la fatalité de la vie.
Pourtant ce monde qu’ils voient d’en haut aujourd’hui, ils n’ont fait que le réclamer auparavant : c’est tout le propos de Le Monde Chico (l’album qui précède Dans la légende). Comme tu l’expliquais c’est l’un de leurs nombreux paradoxes mais ces paradoxes nourrissent énormément ce que j’appelle l’auto-référentialité de leurs textes, c’est à dire la façon de faire référence à ses propres textes en reprenant des phases déjà utilisées et en changeant le sens pour les enrichir. Par exemple, la phase “J’veux du L, j’veux du V, j’veux du G” est utilisée 3 fois : une fois dans chacun de leurs projets et à chaque fois elle est remaniée tant au niveau du texte que dans la scansion. La première fois c’était dans Je vis je visser : “J’veux du L, j’veux du V, jveux du G / Pour sapper mes marques dans l’coeur” Ademo veut du Louis Vuitton et du Gucci, des vêtements de luxe pour combler ses manques en “habillant” son coeur avec des marques.
La deuxième fois dans Le monde ou rien :”J’veux du L, j’veux du V, j’veux du G / Pour dessaper ta racli” Il veut toujours les mêmes vêtements de luxe mais cette fois pour séduire et déshabiller des femmes.
La troisième fois dans Naha : “J’veux du L, j’veux du V, j’veux du G / Président, ta grand-mère” cette fois Ademo fait une double référence en une phase puisque “Président” fait référence à la phase de Le Monde ou rien : “Président dans l’hall, j’ai vu l’ien-cli voter blanc”. Il a remplacé la fin par “ta grand-mère” pour dire qu’il n’est plus dans la bicrave et que les vêtements de luxe il les a déjà. D’ailleurs, je tiens à souligner l’audace d’Ademo d’avoir écrit un texte à trous pour ce morceau Naha, il y remplace chaque fin de bar par un “hmmm” qui supprime purement et simplement la rime. c’est sans doute l’un des textes les plus ambitieux du rap français.
E : C’est bien que tu parles d’auto-référentialité parce que c’est l’un des points les plus intéressants chez ce groupe. Le couplet de N.O.S dans Jusqu’au dernier gramme en est rempli. Dans cette track, il y a toutes les préoccupations du duo, disséminées habituellement dans leur discographie, mais cette fois-ci réunies en un seul morceau. La désillusion vis à vis de la vie : “Igo la vie est moche donc on l’a maquillée avec des mensonges”. Tout le couplet de N.O.S joue sur des paradoxes et des avis antinomiques, qui fait toute la complexité de leur pensée : “Parfois, j’voudrais sauver la Terre/Parfois, j’voudrais la voir brûler”. Doit-il sauver la Terre à l’aide de ce qu’il a réussi à construire depuis le premier projet ou la laisser sombrer car il voit -peut-être encore plus qu’auparavant- la noirceur du monde ? A. Rimbaud a écrit : “Je me crois en Enfer, donc j’y suis.”. Peut-être que la vision pessimiste de N.O.S vis à vis du monde viendrait de sa persuasion personnelle de ce monde ? Il voit alors la Terre plus mal qu’elle ne l’est réellement. Et pourtant, on ne peut pas lui en vouloir. Le monde d’aujourd’hui laisse que très peu de place à l’optimisme, surtout dans le monde où a vécu N.O.S et son frère. C’est une question qui pourrait obtenir une réponse -sûrement partielle- dans un prochain projet. A l’écoute de Jusqu’au dernier gramme, le morceau laisse lui-même très peu de place à l’optimisme quant au futur de leur carrière. Vont-ils sortir un prochain album mais qui sera leur dernier ? Très probable au vu du texte de N.O.S. Ou en tout cas, tant qu’ils n’auront pas résolu la problématique de la lumière et des ténèbres. Il souhaite la réussite symbolisée par la lumière et pourtant l’obscurité semble être leur seul réconfort : “Cette lumière va partir, et mes rêves en pâtir/Cette lumière va partir, l’obscurité m’attire”. Le texte le plus récent de N.O.S depuis DLL, dans son feat avec DTF (Avant de Partir), donne assurément des clés : “J’arrive pas (je recompte), je vis pas/Je te laisse tous les fans (le monde), contre les flammes”. Ils sont en pleine désillusion quant à l’idéal tant recherché depuis leurs premiers textes. Leur idéal semble se dérober continuellement à en devenir une sorte d’impossible, trop beau pour être réel. On espère qu’ils n’étaient pas attirés par un mirage depuis le début.
N : Et oui, comme tu l’as dit pour Jusqu’au dernier gramme, cette track fait écho à de nombreux autres morceaux du groupe. Par exemple, Ademo a repris la phase “Le code pénal sous la semelle” de J’vends et l’a transformé en “J’ai mille eu’ sous la semelle” pour dire qu’ils n’ont désormais plus de problème avec la justice et qu’ils sont fortunés. Le monde qu’ils ont tant voulu obtenir, ils l’ont enfin et Ademo dit “Le monde, j’le vois de travers j’le monte / En l’air, en l’air jusqu’à / Ce que ce putain de bonheur se montre”. Cette phase fait écho à tout l’album Le Monde Chico et montre que malgré leur succès, le bonheur reste une sorte d’horizon inatteignable. N.O.S lui, fait également référence à d’anciens morceaux. La phrase “Igo la vie est moche donc on l’a maquillé avec des mensonges” est une continuité de cette allégorie de la vie qui prend le corps d’une femme et que j’ai développé plus haut. Il parle aussi des cafards qu’il “croise dans les mêmes bat” qui est une récurrence dans les textes de PNL, et dit aussi “J’veux plus jamais revoir l’impasse”. L’impasse étant le hall où il bicravait. À la fin de son couplet, N.O.S conclue toute l’idée de narration des trois projets de PNL avec cette phase forte : “Et le shit a bullé / Jusqu’au dernier gramme”. C’est évidemment une continuité du refrain de Le Monde ou Rien : “Le shit bulle, bulle, bulle”, ici N.O.S dit que le shit a fini de buller. Cela peut avoir deux significations. La première est au sens littéral : le shit qui bulle est un très bon shit, donc la musique de PNL aurait fini de buller et serait arrivée à son apogée. La deuxième est au sens plus figuré, peut-être dans le sens où les deux frères se sont “consumés” en créant cet album, ce qui annoncerait une fin de carrière proche pour le duo. Cette deuxième signification prend son sens dans le morceau car elle précède l’outro d’Ademo : “J’suis pas net sah, pute de planète j’fais du sale / J’vois leurs regards me dire à l’aide, et plus j’monte plus j’ai mal”. Et ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’ils évoquent l’idée d’arrêter le rap. Il y a le dernier feat de N.O.S que tu as cité (Avant de partir) mais aussi le morceau Uranus ou Ademo dit : “J’voulais le monde aujourd’hui j’veux jongler avec / Demain j’lui pisse dessus et j’me barre sur Namek”.
Pour conclure cette première partie, ce qui résumerait assez bien l’art de PNL ce serait la dualité de ses membres : la sauvagerie d’Ademo et le spleen de N.O.S, la recherche d’un idéal dans le mal et l’ascension sociale pour ce qui est des thèmes traités, l’abstraction et l’auto-référentialité pour ce qui est de leurs textes. Pour ce qui est de la musicalité chez PNL, on consacrera peut-être un prochain article entier sur le sujet.
Enfin, bien qu’on aurait pu continuer à se branler (et pas que d’une seule main) le mieux reste de les écouter parce que même la meilleure des branlettes ne pourra écumer leur musique. Pour vraiment comprendre PNL il suffit d’écouter par soi-même, comme dirait Ademo “Ouwawa ouwawa ouwawa / J’comprends pas pourquoi on m’comprend pas”.
Chronique vide et vulgaire dont on se demande ce qu’elle vient faire sur le blog à part faire tâche.
Un peu d’humilité ne ferait pas de mal. Pour le coup quand j’ai écouté la première fois PNL, je les ai tout de suite méprisé. Pour moi c’était un peu n’importe quoi. Aujourd’hui je dirais pas que j’aime. Je suis pas fan du cloud, ni de leur discours. Ca m’a pas poussé à écouter un album entier.
Par contre ce genre de chronique (et les tweets de Neer et Enwyn sur les derniers mois), m’ont montré que contrairement à ce que je pensais, PNL a tout de même ses particularités et un fond lyrical qui va au-delà de l’égotrip (qui est déjà un genre respectable, même si pas le plus profond). Y a des arguments, de l’analyse et ça, ça se respecte, même t’aime ni le fond, ni la forme.
Au passage, la vulgarité fait partie de l’art, ce qui compte c’est sa mise en forme et son sens.
Je trouve ça très intéressant de voir que vous, le « public cible » ait eu ce mouvement de recul au début; personnellement ma première réaction ça a plutôt été une grosse incompréhension, parce que j’ai senti que la musique avait beaucoup de personnalité mais comme je n’ai pas ses codes, j’ai juste eu la sensation de ne pas comprendre, de ne pas pouvoir comprendre plutôt qu’une sensation désagréable. J’y étais juste très hermétique en me disant que c’était un langage que je ne comprenais pas.
Heureusement que « quelqu’un » a beaucoup insisté ahah… Mais du coup (même si en soit j’ai pas vraiment fini ma découverte on va dire) je vous rejoins complètement sur les différences entre les deux frères, et je pense d’ailleurs que ça explique beaucoup pourquoi moi (et plein d’autres que je connais), le public « hors cible » on va dire (la classe moyenne blanche, etc…) on accroche plus facilement avec la voix et les couplets (c’est la même esthétique de toute façon) de N.O.S. au début : on comprend beaucoup plus facilement son pessimisme qui est très facile à transposer dans d’autres perspectives, alors que la rage et l’agressivité d’Ademos en premier contact, c’est très cru et « visuel », et c’est pas un truc que la plupart de ces gens connaissent, on n’en fait pas vraiment l’expérience dans notre vie, du coup c’est plus difficile à transposer sur ses expériences personnelles que la « mélancolie » de N.O.S., ça demande peut-être plus d’investissement. Après ça serait de la mauvaise fois de dire que c’est inaccessible, ça ne demande pas d’énormes efforts pour vite se rendre compte que, comme vous l’expliquez en dernier, c’est des thèmes vachement plus universels qui sont évoqués. La réflexion autour du mal-être ce n’est pas quelque chose de nouveau, surtout en France, mais ce que je trouve intéressant c’est que justement c’est fait avec une forme nouvelle (le langage, l’univers musical avec l’auto-tune), et au final ça me touche énormément alors que j’ai pas tout les outils pour comprendre ce qu’il se passe en surface.
Votre chronique est super éclairante en tout cas, bravo, les ponts que vous faites entre les textes et l’analyse sont super clairs (surtout sur l’auto-référentialité) et de toute façon ça fait plaisir de vous voir aussi enthousiastes, on sent que ça vous tient à coeur ahah. Hâte de voir la peut-être deuxième partie ahah!