Le top 10 musique de février 2023

A peine le temps de digérer le mois de janvier que nous sommes déjà en mars pour parler de février. Les choses sérieuses commencent avec the waeve et Forever Pavot qui ont le potentiel de rentrer dans le top de fin d’année. Gorillaz est aussi de retour, ce qui implique un nouvel album de Graham Coxon et de Damon Albarn dans le même mois, et pourtant aucun album de Blur.
Du lourd mais aussi du bizarre, avec les rappeurs situationnistes Deichkind, du rock en finlandais, de la dance de Drag queen brésilienne, Napoléon en low-poly qui fait de la musculation, du shoegaze coréen, et un français qui utilise des métaphores bien originales. Rien d’étonnant à vrai dire : ne dit-on pas que le beau est toujours bizarre ?

1 – The waeve
(Glam rock classieux)

The waeve est un groupe qui est aussi un couple, composé de Graham Coxon, ancien guitariste de Blur, et Rose Elinor Dougal de the Pipettes. Je ne vais pas m’inventer expert des Pipettes, mais je peux vous dire que The waeve ne ressemble à rien de ce que Coxon a fait. Le référentiel le plus proche que je pourrais vous donner serait l’album Congratulations de MGMT ou certains titres de Roxy music période Brian Eno, avec beaucoup de saxophone. Il y a aussi un peu de Nancy Sinatra et Lee Hazleewood dans la manière dont les voix se répondent de manière belle et ténébreuse. Si je devais décrire cet album en un mot, je dirais “Classe”. Toutes les chansons sont bien construites, élégantes et nous emmènent dans des directions inattendues.
Un projet très intéressant et déjà je pense un des disques de l’année.

2 – Forever Pavot – L’idiophone
(Chanson française façon Gainsbourg)

Emile Sornin, l’homme au coeur de Forever Pavot, est un ami de longue date sans que je le sache. Il a coécrit une bonne partie de l’album Rest de Charlotte Gainsbourg, et réalisé l’excellent clip de Dizzee Rascal, I don’t need a reason
Cette combinaison, aussi étonnante qu’elle paraisse, résume assez bien cet album. D’un côté, une musique clairement inspirée de Gainsbourg, mais sans pédophilie ni féminicide, ce qui est une bonne chose. D’un autre côté, valeur est donnée à l’image, chaque chanson étant construite comme un court métrage dont le chanteur serait le personnage principal.
Là où Benjamin Biolay essaie de sortir de ses références françaises en faisant du Strokes pas terrible, Forever Pavot assume parfaitement son héritage, en y apportant une fantaisie et un univers qui lui est propre et qui est moderne.
Une belle découverte, qui mérite beaucoup mieux que le relatif anonymat dans lequel l’album est sorti. Malgré la couverture de Magic (oui bon), le concert à Strasbourg était très peu rempli et le nombre d’écoute peu élevé. Je vous invite vraiment à donner une chance à ce disque. 

3 – Deichkind – Neues vom Dauerzustand
(Electro rap en allemand)

Deichkind est un groupe étonnant et d’une certaine manière, profondément allemand. Si on devait les comparer à un équivalent français, peut-être pourrait-on envisager un mélange d’Orelsan,TTC,  et Stupéflip. Orelsan pour le flow et la manière dont certains morceaux sont composés façon simple / basique, comme par exemple ici Kids in meinem Alter. TTC pour des instrus très électros. Stupéflip pour le côté esthétique bizarre. 
Pourtant, on ne peut pas réduire leur musique à ces points de référence, car ce serait passer outre un univers visuel et sonore très original. Visuel, car Deichkind cultive une esthétique faite de bric et de broc très stylisés, qui mélange le disco et Silent hill, les sacs poubelles et la technologie, le kitch et le dérangeant, qui fait que l’on ne sait jamais si l’on doit rire ou avoir peur, peut-être un peu des deux. Sonore, car il y a une efficacité dans ces beats qui rappellent à quel point, de Scooter à Sash en passant par Snap, l’Allemagne a été un pays majeur de l’Eurodance.  
Alors, oui, tout ceci est vraiment très allemand, et je vous conseille de regarder ne serait-ce qu’une traduction google trad pour avoir un aperçu de ce que cela raconte. Surtout, regardez leurs clips et leurs lives. C’est un voyage mouvementé qui vous attend. 

4 – Orbital – Optical delusion
(Electro de clubber des années 90)

En 1995, je suis en voyage de classe à Barcelone, et, ne me demandez pas pourquoi, j’achète là-bas la bande son de Mortal Kombat. Parmi les titres de cette compilation bigarrée (on y trouve aussi bien le fameux thème techno que du napalm death), je découvre Halcyon + On + On, sa rythmique répétitive et ses voix de hippie sous LSD.
Trente ans plus tard, nous sommes toujours encore là, avec la grosse techno années 90, et les voix féminines un peu flippantes, un peu angéliques, du genre à te mettre dans un costume d’ours pour te cramer. 
Et puis,il y a ce gros tube avec Sleaford Mods (qui viennent de sortir un nouvel album), morceau puissant anti-Brexit, qui reboucle la boucle, et donne à espérer qu’on puisse éclater des Tories en écoutant cette musique dans le prochain jeu de la saga de Ed Boon. 

5 – Gorillaz – Cracker island
(Mélancolie joyeuse, funk-pop)

Alors que Graham Coxon est revenu avec un nouveau groupe étonnant, on ne peut pas dire que Damon Albarn surprenne vraiment avec ce nouvel album de Gorillaz. Quoi de plus logique après tout :  le groupe a été conçu comme pouvant abriter tout le monde, rappeurs, remixeurs de dub, chanteur de Cure ou Bad Bunny. A ce niveau, vous savez exactement à quoi vous attendre, mais la surprise est que ça reste aussi bien. Les morceaux rentrent bien dans la tête, et même si on sait que Damon Albarn ne sera plus jamais le roi de la fête, le résultat est bien plus entraînant que ses albums solos. 

6 – Shame – Food for worms
(Post-punk)

Quand un groupe anglais qui s’appelle “Honte” sort un album qui s’appelle “de la nourriture pour les vers”, on sait que l’on va avoir droit à 45 minutes de bonheur. De ce point de vue, et des autres aussi, le disque ne déçoit pas. Si vous ne connaissez pas Shame, c’est du post-punk, mais un peu plus énervé et sale que les autres. Groupe anglais oblige, le disque contient un certain nombre de tubes. 
En conclusion : mioum mioum les gentils vers.

7 – Kelela – Raven
(R’n’B avec influences Drum’n’bass)

Dans les années 90, j’aimais beaucoup Roni Size. Tous les genres étaient influencés par la jungle ou la Drum & Bass. Erik Truffaz faisait du jazz drum’n’bass, Denez Prigent faisait du fest-noz électro, même David Bowie et Etienne Daho faisaient de la jungle. Tout était mieux avec des boucles et des booyaka.
Presque trente ans plus tard, Kelela prend ce qu’il reste de cette époque et le mélange avec du R&B façon Erykah Badu. Elle a bien raison. Car qui va en concert ? Les jeunes qui n’ont pas vécu ça et pensent que c’est tout à fait novateur, et les vieux qui apprécient les références. Pour vous dire à quel point je rentre dans la seconde catégorie, cet album m’a donné envie de réécouter les morceaux de 4AD avec Ursula Rucker
Autre élément qui vous donnera envie d’écouter à coup sûr ce disque : la pochette est bien belle et mystérieuse. 

8 – Teksti TV 666 – Vapauden tasavalta
(Rock’n’Roll / Noise / Prog rock en finlandais)

Décrire la musique, donner envie d’écouter, c’est difficile. Soit je fais référence à des groupes que vous n’avez pas écoutés, soit à force de comparaison on a l’impression que tout se ressemble, et ce n’est pas toujours faux.
Et puis, des fois, on écoute du rock noise progressif en finlandais avec quatre guitaristes et un bassiste sur scène.
Pas la peine d’en dire plus, déjà vous écoutez.


9 – Caroline Polachek – Desire, I want to turn into you
(synth pop, très dansant dans la première partie de l’album, plus calme dans la seconde)

Ancienne chanteuse du groupe Chairlift, Caroline Polachek poursuit sa carrière avec beaucoup de succès. Elle a écrit pour Beyoncé, a chanté avec Charli XCX et Christine and the queen. 
Nous sommes dans un univers synthpop, comme on dit, ou juste pop, du genre qui fonctionne bien. Sexy mais pas vulgaire, dansant mais subtil, ni trop cérébral ni trop dans les hanches, il s’agit d’un disque vraiment bien pensé et bien fait. 

10 – Parannoul – After the magic (shoegaze / pop)

Ce mois de février est mondial. Après la Finlande et l’Allemagne, partons pour la Corée. Avec Parannoul, pas de K-pop mais du shoegaze. La tête dans les nuages mais le regard pointé vers les pédales d’effet de guitare. Pourquoi lui et pas un autre ? Un aspect pop qui peut surprendre. On pense aux envolées des films de Makoto Shinkai, dans les moments où les personnages principaux décident d’abandonner tous leurs principes pour courir l’un vers l’autre, et tant pis si le monde et les émotions explosent. 
Cette alliance inattendue fait l’originalité de ce disque à découvrir. 

A écouter aussi

Paramore – This is why (Rock fm)

On a tendance à ne penser à Paramore que comme le groupe du premier Twilight mais il suffit de regarder les statistiques d’ écoute du dernier album (45 millions d’écoutes pour le premier morceau) pour se rendre compte que le groupe est bien installé, avec une large fan base. 
On avait laissé la chanteuse Haylee Williams sur un album solo très eighties et chouette. De retour en groupe, le son est plus rock mais toujours dansant. On pense à No doubt (les mauvaises langues diront superbus pour le morceau C’est comme ça) ou à certains morceaux de Foals. 
D’un point de vue critique, ce n’est pas un chef d’oeuvre, mais le disque est si agréable que l’on appuie sur la touche répéter sans y penser. Dans un monde en ordre, c’est le genre de musique que l’on écouterait sur une radio comme le mouv ou oui fm.

Channel Tres – Real cultural shit (Funk)

Vous voulez encore danser ? Vous avez aimé le dernier Gorillaz ? Alors écoutez, Channel Tres. Moins de stars, mais un groove qui pourrait voler votre coeur, si vous voyez ce que je veux dire.

Big| Brave – Nature morte (Doom)

Le groove n’est pas la qualité première de Big|Brave, le groupe de doom préféré de ton colocataire en école d’art fan de Soulages. La bande son de la fin du monde, observée depuis un bunker, à manger des fayots crus. 

Orval Carlos Sibelius – Territoires de l’inquiétude (chanson française psychédélique)

Un disque que je n’ai pas énormément écouté, sorte de chanson prog seventies avec du synthé et de la bombarde, très bizarre. Mais je ne peux passer sous silence un disque qui commence  par les mots “La vie est un sandwich triangle dont la tranche de jambon est indiscutablement absente”. 

Pabllo Vittar – Noitada (dance brésilienne)

La biographie de Pabllo Vittar sur spotify le décrit comme un des artistes drag queen les plus célèbres du monde. Je peux tout à fait le croire au vu des 4 millions d’écoutes mensuelles sur la plateforme. Proche de Major Lazer, l’univers musical de Pabllo Vittar est un joyeux patchwork dansant, quelque part entre Lady Gaga, la K-Pop et de la musique plus agressive comme Bonde do Role ou Buraka Som Sistema. Très étonnant.

Luje – Raving track (rock indépendant)

Luje est un jeune groupe lyonnais vendu comme étant très inspiré par Deerhunter. J’aime beaucoup Deerhunter, alors effectivement, j’aime bien Luje. La vie est parfois simple.
Comme vous pouvez le constater, le  mois de février est court mais riche en nouveautés. On se retrouve le mois prochain avec de nouvelles choses étonnantes que j’ai hâte de vous faire écouter. En attendant, vous pouvez suivre toute l’actualité musicale sur les playlists hebdomadaires que je réalise sur Spotify. 

Pour quelques heures de musique supplémentaires

Les albums présentés ici me sont parvenus aux oreilles grâces aux magazines de pop français Magic et les Inrockuptibles. Brooklyn Vegan pour les Etats-Unis et Visions pour l’Allemagne sont là pour amener d’autres tonalités, parfois plus métalliques ou rock’n’roll. J’ai gardé Remezcla pour la musique latino-américaine, Pan african Music pour la musique africaine, Cinézik pour la musique de films et Resmusica pour la musique classique.
Vous pouvez retrouver le résultat sur Spotify en vous abonnant à mon profil, sur youtube quand je trouve le temps, et dans un tableau excel où vous pouvez filtrer par genre et par revue si vous le souhaitez.


La playlist du mois de février, que vous trouverez en début d’article dure 28h24 pour 484 titres, plus besoin d’écouter la radio, c’est merveilleux, et on y découvre toujours de nouvelles choses.

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