Les webcomics, ou le festin gratuit

Déclaration d’amour

L’industrie de la BD et du manga est probablement l’une des industries culturelles dans lesquelles j’investis le plus, à la fois de temps, d’intérêt, et d’argent. Malheureusement, autant que j’aime suivre les nouvelles sorties ou récupérer des antiquités, parfois, fatalement, les coffres sont vides. Heureusement pour moi, j’ai grandi et je vis à l’incroyable époque d’internet, où se sont développés sur les deux dernières décennies de nombreux circuits officieux où des artistes plus ou moins débutant-es proposent leur travail librement, et souvent même gratuitement !

Comme beaucoup de gens de mon âge, j’ai découvert les webcomics au collège, en lisant des gens comme Fülix ou Maliki. Aujourd’hui l’idée n’est plus si nouvelle ; certains vétéran-es s’en sont servi comme tremplin et éditent leur BD traditionnellement, parfois même le webcomic d’origine, remanié ou étendu (on peut mentionner le délicieux  et NSFW Oglaf par exemple); des plateformes spécialisées se développent (Webtoon, Delitoon,…) et grossissent tellement qu’elles peuvent même faire tranquillement leur pub sur des grosses plateformes comme Facebook. Certains ont marqué l’internet (comme le célèbre screamer dans The Bongcheon-Dong Ghost) et/ou continuent de jouir d’un énorme succès sous des formes très diverses, et ce ne sont pas les fans de Killing Stalking qui me diront le contraire.

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Internet a changé depuis, et moi aussi, mais j’ai gardé l’amour que j’ai pour ce support. D’abord, il permet en général une agréable proximité avec les artistes, qui sont plus disponibles, et, souvent, n’hésitent pas à partager les détails de leur processus créatif voire à commenter directement leurs propres travaux. C’est une perspective que je trouve incroyablement enrichissante et à laquelle je regrette d’avoir si peu accès dans le circuit « officiel ».

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Asako I & II : redoubler d’amour

Mercredi soir, dans le cadre du Festival International du Film Indépendant de Bordeaux, j’ai eu la chance de me rendre à une projection d’Asako I & II, un film de Ryûsuke Hamaguchi (qui présentait lui-même Senses plus tôt dans la même journée, toujours dans le cadre du FIFIB). Ryûsuke Hamaguchi, jeune réalisateur japonais peu connu en France malgré 11 long-métrages à son actif (et à peu près autant de court-métrages) était cette année en compétition à Cannes avec ce film, justement, et nous fût présenté par les responsables du festival comme l’élève prodige de Kurosawa, alors que la presse multipliait les comparaisons entre Asako I&II et Vertigo.

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Trois mangas pour (vraiment) grandir

C’est la rentrée, et vous en entendez parler partout, et je ne ferai pas exception cette année ! Articles sur articles, médias sur médias enchaînent les sujets sur les écoliers de retour à l’école et les travailleurs de retour au travail ; comme articles sur articles et médias sur médias enchaînaient à propos du bac en juin. Mais qu’est-il arrivé à ces mêmes élèves de terminale qui rentreront dans le supérieur – ou dans la vie active entre temps ? Cette étape (c’est-à-dire l’obtention du bac ou n’importe quelle « graduation » équivalente) est toujours présentée comme un rite de passage et une transition majeure dans l’immense majorité des productions culturelles qui la mentionnent. L’univers du lycée est très prisé dans la culture populaire en général, mais aussi et peut être tout spécialement dans ce qui nous intéresse : les mangas et les animes. Cependant, lorsqu’il est le cadre principal il est très souvent soigneusement délimité, et peu de scènes sont situées dans « l’après », que ce soit l’enseignement supérieur ou les débuts de la vie active : les personnages qui sortent de ce cadre disparaissent, et la chronologie de ces histoires survit rarement aux remises de diplôme.

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My Lesbian Experience with Loneliness : un peu de fesse et beaucoup de difficultés

Ce mois-ci chez l’éditeur américain Seven Seas a été annoncée la sortie de My Solo Exchange Diary, la suite du manga autobiographique My Lesbian Experience With Loneliness, de Nagata Kabi, chez le même éditeur. En plus d’être une bonne nouvelle, cette publication est aussi un témoin du succès que cette autobiographie remporte parmi le lectorat anglophone (et japonais, bien sûr). Vous avez d’ailleurs probablement déjà vu sa couverture rose à rayures quelque part, et ce manga a déjà remporté plusieurs prix plus ou moins officiels, au Japon et aux États-Unis. Rien d’officiellement annoncé en France pour l’instant, mais c’est un titre que j’attends avec impatience.

Comme le titre l’indique, il s’agit d’une autobiographie touchant à des sujets très intimes dans les détails, c’est donc une œuvre très personnelle. Et pourtant, c’est aussi une œuvre très universelle par sa clarté et son large éventail de thèmes.

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L’édition américaine chez Seven Seas Entertainment

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Lire des livres jeunesse quand on est moins jeune

Le « livre jeunesse », c’est quoi, déjà ? D’après le dictionnaire, on désigne par là l’ensemble des livres destinés aux plus jeunes, de la petite enfance à l’adolescence ; et donc on retrouve le même nom pour le secteur de l’édition qui leur est dédié. D’abord un petit retour sur cette industrie en France : la jeunesse est le deuxième secteur de l’édition, avec 20% des ventes totales, et plus de 90 éditeurs, d’après les chiffres de 2014. C’est aussi une industrie culturelle comme une autre avec ses stars que l’on voit à chaque rentrée (Max et Lili, Tchoupi, Petit Ours Brun et autres best-sellers réguliers), ses grands noms célèbres et ses légendes (Tomi Ungerer, Grégoire Solotareff, Yvan Pommaux et plein d’autres encore). Pourtant c’est aussi un secteur qui n’est pas très homogène, le livre jeunesse va du livre en mousse aux roman « premières lectures », en passant par l’album, la BD et le manga kodomo, et autres formats, parfois uniques. La limite entre livre jeunesse varie parfois : faut-il inclure ou séparer les adolescents ? Comment mesurer la limite ? Est-ce pertinent ? Mais je préfère laisser de côté tout ce qui est destiné aux adolescents ainsi que la Young Adult litterature pour me concentrer essentiellement ici sur les albums jeunesses, pas seulement bien sûr, mais c’est ce que je connais le mieux. Gardez donc bien à l’esprit que je ne vous présente qu’un tout petit détail du tableau !

Tout un monde

J’espère que vous appréciez cette incroyable blague de ma part (Mais Tout Un Monde est aussi un bon livre)

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