Kazuo Kamimura était un auteur prolifique et parmi les nombreux titres qu’il a débuté en 1972, on retrouve deux mangas qui sont encore aujourd’hui ses œuvres les plus emblématiques. Lady Snowblood tout d’abord, une quête sanglante dans laquelle une jeune femme vengeresse punit les personnes qui ont brisé la vie de sa mère. Scénarisée par Kazuo Koike (Lone Wolf & Cub, Crying Freeman), la série a commencé sa parution le 29 février dans le magazine Playboy de Shueisha. C’est quelques jours plus tard, le 3 mars, que le premier épisode de Lorsque nous vivions ensemble est publié dans la revue Manga Action de Futabasha. Parce que ce dernier est bien plus personnel et représentatif de l’art de son auteur, nous allons nous pencher sur une de ses scènes qui a ému une génération de lecteurs.

Se remettant des mouvements étudiants progressistes de la fin des années 60 et étant confronté au terrorisme de l’Armée Rouge, le Japon connaît un important choc idéologique au moment où est publié Lorsque nous vivions ensemble. Le pays est en mouvement et, pour autant, la libération des mœurs n’en est qu’à ses prémices. Les deux personnages centraux du manga, Kyôko et Jirô, vivent ensemble sans être mariés, ce qui est à l’époque mal vu par la société japonaise. Confrontés aux regards de leurs familles, de leurs collègues et même d’amis du même âge qu’eux, ils mènent une vie de marginaux dans leur petit appartement miteux. Eux qui font l’amour et non la guerre ont accompagné une génération de jeunes japonais dans leur quête de liberté et d’émancipation. La révolution, ils la font dans leur taudis en brisant les tabous sur le harcèlement, l’avortement, la dépression, la déviance sexuelle et plein d’autres sujets qu’une société passéiste voudrait enfermer dans un placard. Néanmoins le manga de Kazuo Kamimura est avant tout l’histoire passionnelle d’un couple qui s’aime, connaissant des moments de larmes plus nombreux que les éclats de joie. En France, ce sont les éditions Kana qui publient le manga en 3 tomes, d’après une traduction de Thibaud Desbief.
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