Hirohiko Araki et Phantom Blood

Vous connaissez Jojo’s Bizarre Adventure, mais connaissez-vous Hirohiko Araki, son créateur ? C’est l’objet de la première partie de cet article publié à l’origine sous la forme d’un thread sur Twitter. Puis, nous nous plongerons en détail dans la Partie 1 de JoJo’s Bizarre Adventure : Phantom Blood.

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INU-OH : Un film, deux Yuasa 

La filmographie de Masaaki Yuasa ne cesse d’être plus fascinante et variée au fil des années. Après son passage en tant qu’animateur sur des séries comme Crayon Shin-Chan ou Chibi Maruko-Chan, Masaaki Yuasa débute sa carrière de réalisateur en 2004 avec Mind Game, un pur OVNI psychédélique adapté du manga éponyme de Robin Nishi. Ce grand film où différents moyens d’expression et techniques d’animation cohabitent pour illustrer les destins croisés de plusieurs personnes dans ce grand océan qu’est la vie a pourtant divisé le public à sa sortie. Même si le film a désormais un statut culte au point où la scène de course du film reste un modèle pour de nombreux étudiants en animation, Masaaki Yuasa décide à partir de Mind Game de faire des œuvres qui pourront toucher et plaire au grand public, sans jamais totalement y arriver. Même en faisant des compromis, en essayant de rentrer dans un moule et d’atteindre une forme de normalité, Yuasa reste Yuasa.

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Real – tome 15 : Quand la fiction se confond avec la réalité

Annoncé pour le printemps 2015, le quinzième volume de Real n’est sorti qu’à l’automne 2020 au Japon. Une longue pause durant laquelle Takehiko Inoue a mis de côté son activité de mangaka en stoppant les parutions de Real et Vagabond. L’auteur, qui a toujours exprimé ses difficultés à dessiner Vagabond, est parvenu à s’échapper de cette spirale en revenant sur le devant de la scène en 2019 pour publier de nouveaux chapitres de Real. Si le blocage a pris du temps avant de céder face au désir de dessiner de Takehiko Inoue, c’est tout naturel qu’il reprenne le manga avec Real tant il a toujours trouvé dans cette série un réconfort et un cadre professionnel, tandis que Vagabond s’apparente à de la poésie et le dessiner revient à se plonger dans la nature sauvage. 

En France, le tome 15 de Real est paru en août 2021 chez les éditions Kana, toujours traduit par Thibaud Desbief. Un événement donc, d’autant plus que ce nouveau volume est immense, d’une richesse et d’une densité colossales. Il nous fait retrouver nos trois protagonistes en lien avec le basket et le handicap, mais nous plonge également dans la crise artistique de Takehiko Inoue, confrontant ainsi la réalité des personnages avec celle de l’auteur. Ce grand retour nous offre un tome magistral, qui pourrait presque être lu comme s’il s’agissait d’un one-shot, quand bien même il serait regrettable de passer à côté des quatorze premiers. Et pour fêter de si belles retrouvailles, on se devait bien de faire un article.

Crédit pour les images : REAL © I.T. PLANNING, INC.
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Rêveries sur l’herbe dans l’Ere des cristaux

L’Ere des cristaux, Haruko Ichikawa
(publié en français chez Glénat)

Il n’est pas exagéré de dire que L’Ere des cristaux d’Haruko Ichikawa est l’un des mangas les plus séduisants et fascinants qui se publie actuellement. Ayant fortement gagné en popularité grâce son excellente adaptation animée par les Studios Orange, il est parvenu à gagner la fidélité de fans du monde entier. Il faut dire que l’œuvre a de quoi exercer une mystérieuse attraction. D’une qualité presque expérimentale, tant graphiquement que narrativement, nourri de l’influence du bouddhisme, L’Ere des cristaux brasse audacieusement les genres en y apportant un souffle d’une fraîcheur rare. Manga de science-fiction, récit initiatique dans un univers post-apocalyptique, conte philosophique et métaphysique, exploration poussée des profondeurs psychologiques, une chose est certaine : il est unique. L’Ere des cristaux est une vraie machine à produire de l’exégèse – théories, spéculations, prédictions, analyses de toutes sortes. Son univers est si singulier et si original qu’il est possible de noircir des pages sur le moindre sujet, ce qui est absolument réjouissant. Il est une porte ouverte pour la pensée, l’imagination et l’émotion. Beaucoup d’écrits très intéressants ont été déjà produits (vous pouvez en trouver sur ce blog même !). Pour ma part, je me dois dès à présent vous avertir qu’il ne faut pas s’attendre ici à quelque réflexion profonde et révolutionnaire sur l’œuvre, je n’en ai pas l’ambition. A la place, je vous propose d’explorer dans les deux premières pages du manga un élément graphique qui m’a toujours obsédée et auquel je souhaite consacrer toute mon attention.

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Lorsque nous vivions ensemble : L’amour est un réservoir de larmes

Kazuo Kamimura était un auteur prolifique et parmi les nombreux titres qu’il a débuté en 1972, on retrouve deux mangas qui sont encore aujourd’hui ses œuvres les plus emblématiques. Lady Snowblood tout d’abord, une quête sanglante dans laquelle une jeune femme vengeresse punit les personnes qui ont brisé la vie de sa mère. Scénarisée par Kazuo Koike (Lone Wolf & Cub, Crying Freeman), la série a commencé sa parution le 29 février dans le magazine Playboy de Shueisha. C’est quelques jours plus tard, le 3 mars, que le premier épisode de Lorsque nous vivions ensemble est publié dans la revue Manga Action de Futabasha. Parce que ce dernier est bien plus personnel et représentatif de l’art de son auteur, nous allons nous pencher sur une de ses scènes qui a ému une génération de lecteurs.

Lorsque nous vivions ensemble - Kazuo Kamimura - Bannière

Se remettant des mouvements étudiants progressistes de la fin des années 60 et étant confronté au terrorisme de l’Armée Rouge, le Japon connaît un important choc idéologique au moment où est publié Lorsque nous vivions ensemble. Le pays est en mouvement et, pour autant, la libération des mœurs n’en est qu’à ses prémices. Les deux personnages centraux du manga, Kyôko et Jirô, vivent ensemble sans être mariés, ce qui est à l’époque mal vu par la société japonaise. Confrontés aux regards de leurs familles, de leurs collègues et même d’amis du même âge qu’eux, ils mènent une vie de marginaux dans leur petit appartement miteux. Eux qui font l’amour et non la guerre ont accompagné une génération de jeunes japonais dans leur quête de liberté et d’émancipation. La révolution, ils la font dans leur taudis en brisant les tabous sur le harcèlement, l’avortement, la dépression, la déviance sexuelle et plein d’autres sujets qu’une société passéiste voudrait enfermer dans un placard. Néanmoins le manga de Kazuo Kamimura est avant tout l’histoire passionnelle d’un couple qui s’aime, connaissant des moments de larmes plus nombreux que les éclats de joie. En France, ce sont les éditions Kana qui publient le manga en 3 tomes, d’après une traduction de Thibaud Desbief.

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Après la pluie : la mise en scène de l’Amour

C’est le 27 juin 2014 que le manga Après la pluie de Jun Mayuzuki a débuté au sein du magazine mensuel Spirits des éditions Shogakukan. Le 18 janvier 2016, il est transféré dans revue Big Comic Spirits de la même maison d’édition. Il y est publié jusqu’au 19 mars 2018, où il s’achève en l’espace de 10 volumes. Fort de son succès critique et public, la série est adaptée à l’hiver 2018 en une série d’animation de 12 épisodes réalisée par Ayumu Watanabe puis en film mis en scène par Akira Nagai. Ce dernier est sorti dans les salles obscures japonaises le 25 mai 2018 et a été précédé d’un court drama promotionnel de 4 épisodes. Une période assez faste pour le manga au Japon, au sein de laquelle un artbook est également sorti. En France, ce sont les éditions Kana qui publient Après la pluie depuis le 7 avril 2017. Il est traduit par Thibaud Desbief.

Apres la pluie - manga

L’histoire racontée par Jun Mayuzuki est tout ce qu’il y a de plus simple, puisqu’elle en met en scène Akira Tachibana, une jeune lycéenne qui travaille dans un restaurant familial depuis qu’elle est tombée amoureuse du patron, Masami Kondô, un père célibataire de 45 ans. À travers cette romance naissante, l’autrice aborde de nombreux thèmes liés à la rencontre, des sentiments pétillants à la cicatrisation de blessures, en passant bien évidemment par la flamme de la passion qui se ravive. Il est clair qu’Après la pluie est un manga plus profond qu’il n’y paraît, et cela se remarque très vite, dès les merveilles que produit sa créatrice avec le découpage des cases. On y retrouve de nombreuses idées de mise en scène servant à appuyer les sujets abordés, et bien évidemment à donner un charme tout particulier à la série. Il convient alors de s’intéresser à la richesse visuelle d’Après la pluie, dont la maîtrise affolante n’aura eu de cesse de séduire son public dix volumes durant.

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Tokyo Babylon : Les sciences occultes au service des problèmes de la société

À l’été 1990, les femmes du studio CLAMP signent un nouveau coup d’éclat dans le monde du manga en débutant dans le magazine Wings l’une de leurs séries fondatrices : Tokyo Babylon. Le manga s’est poursuivi principalement dans la revue saisonnière South avant de s’achever à l’hiver 1993 avec une fin délibérément ouverte puisque l’intrigue se poursuit dans un autre titre du studio, X. Cependant Tokyo Babylon est un manga qui se suffit à lui-même. Sous fond d’exorcisme, de fantastique et de maîtrise du Yin et du Yang, les autrices se sont servies de leur média pour prendre la parole et pointer du doigt des problèmes de société.

Tokyo Babylon met en scène Subaru Sumeragi, un jeune exorciste de 16 ans, chef de sa lignée, qui se sert de sa maîtrise du Yin et du Yang pour venir en aide à des gens. Il s’agit pour lui d’un travail qu’il est contraint d’exécuter, quand bien même il préférerait devenir vétérinaire ou s’occuper des animaux dans un zoo. Il est souvent collé par Hokuto, son extravertie sœur jumelle qui prend soin de lui, et Seishiro Sakurazuka, un homme de 25 ans qui prétend l’aimer. Ces trois personnages vont cohabiter dans la série pendant une année afin de vivre des aventures ésotériques au cœur de Tokyo, un temps partagé sur 7 volumes de l’édition originelle, qui est l’occasion pour CLAMP de passer des messages forts sur notre monde. Dépassant le cadre de la trame principale du manga, nous allons nous intéresser aux sujets sociétaux que le studio aborde au sein de Tokyo Babylon ainsi qu’à la manière dont ils sont transmis.

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Death Stranding : le jeu du confinement Première partie : Arpenter les chemins de la mort

Sac à dos sur les épaules, la carte à la main, nous voilà prêt à avancer. Il fait beau, mais la météo annonce une pluie qui nous obligera à faire attention. Attention aussi aux reliefs : une corde d’escalade ou une échelle ne seront pas inutiles. Une bonne journée de marche nous attend.

Le confinement nous a privé durant deux mois de cette joie simple de la randonnée. Heureusement le jeu d’Hideo Kojima : Death Stranding nous a permis de l’émuler autant que possible par un jeu vidéo. Plus encore, sous les apparences d’un blockbuster se cache le walking simulator de notre époque. Il ne s’agit pas que de traverser de verts pâturages, mais de reconstituer les Etats-Unis en reliant les derniers survivants d’une mystérieuse source de morts. Plus fort que Madame Soleil, Kojima avait tout compris de ce qui se passerait en cas d’épidémie mortelle. Death Stranding, un jeu qui parle du maintenant et de l’après COVID 19, enfin si ça ne va pas mieux : un monde où sortir est à la fois joie et danger, un monde où les livreurs et agents du BTP sont des héros, un monde où l’on apprend à rester connecté dans la distance. Notre monde, un peu.

Il y a beaucoup de choses à dire. Ce texte sera donc divisé en deux parties. Une première partie centrée sur la question de l’activité physique individuelle des personnes, et une deuxième partie plus centrée sur les thématiques sociales du jeu.

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Les raisons pour lesquelles Inio Asano a écrit une nouvelle fin à Solanin

Avant tout, je tiens à préciser que cet article ne dévoile aucun élément de l’histoire de Solanin, quand bien même il parle de la création du nouvel épilogue. Vous pouvez donc le lire même si vous n’avez pas encore découvert le manga.


Paru initialement entre le 30 juin 2005 et le 6 avril 2006 au sein du feu magazine hebdomadaire Young SundaySolanin est un manga en deux volumes qui a révélé Inio Asano au Japon d’abord mais aussi aux yeux du monde, dont la France où le diptyque est publié par les éditions Kana depuis le 2 novembre 2007. Fort de son succès, le manga est adapté en film par Takahiro Miko avec Aoi Miyazaki dans le rôle principal et le groupe Asian Kung-Fu Generation qui signe la bande-son. Il est sorti dans les salles obscures japonaises le 3 avril 2010.

solanin inio asano

Pour autant, encore aujourd’hui, le manga fait l’actualité. En effet, une nouvelle édition japonaise a vu le jour le 30 octobre 2017. Celle-ci est une intégrale en un volume qui contient en guise de bonus deux chapitres supplémentaires : un spin-off de la série et surtout un nouvel épilogue. Cet épilogue est sorti en anglais dans un fascicule publié par Viz Media lors de la venue d’Inio Asano au Toronto Comic Arts Festival en 2018. Cependant, il aura fallu attendre le 15 mars 2019 pour le découvrir en français grâce aux éditions Kana qui proposent une traduction de cette intégrale.

C’est donc 11 ans après la fin de son manga qu’Inio Asano a écrit un nouveau chapitre de Solanin.  Cet épilogue est tout sauf anecdotique tant il tenait à cœur de l’auteur de revenir sur la fin initiale. Afin de donner des clés de compréhension, nous allons faire la lumière sur les raisons qui ont poussé Inio Asano à dessiner un nouvel épisode de Solanin.

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Analyse d’une séquence de Yuyu Hakusho : Lorsque la tension se mue en douceur

Bien avant Hunter x Hunter, Yoshihiro Togashi a rencontré un succès flamboyant avec Yuyu Hakusho. Cette série débutée en 1990 dans les pages du Weekly Shonen Jump s’est imposée en l’espace de 19 tomes et 4 ans de publication comme l’un des plus grands classiques du magazine. Le manga est arrivé très tôt en France, puisqu’il a été publié dès 1997 par les éditions Kana.

analyse yuyu hakusho - nostroblog

Cet article n’a pas pour vocation de présenter Yuyu Hakusho mais plutôt d’en analyser un extrait de seulement quatre pages. Se déroulant dans le second volume du manga, cette séquence met en scène Yusuke et Keiko. Elle est particulièrement intéressante car elle témoigne de la virtuosité de Yoshihiro Togashi dans le découpage de cases ainsi que l’art du cadrage. Tout le talent de l’auteur pour la narration purement visuelle est alors mis en lumière. La séquence en question sera sortie de son contexte étant donné que son intérêt dépasse le cadre du récit de Yuyu Hakusho.

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