Icare : à s'approcher du soleil, on se brûle les ailes

Moebius, maître incontesté de la bande dessinée franco-belge. Jiro Taniguchi, maître incontesté du manga d’auteur. Alors quand le premier propose un scénario de science-fiction au second, le monde de la bande dessinée est intrigué et assiste à la naissance d’Icare.

icare manga taniguchi moebius

Couverture cartonnée et papier semi-glacé histoire de sublimer les dessins de Jiro Taniguchi : les éditions Kana ont mis les petits plats dans les grands pour proposer une fabrication à la hauteur de cette rencontre. S’ajoute à cela deux bonus en fin de volume : une longue interview de Moebius sur les origines et le traitement du mythe d’Icare ainsi que les dessins préparatoires de Jiro Taniguchi.

Tout promet un BD d’exception. Et pourtant…

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Gengoroh Tagame & le manga gay

Gengoroh Tagame fut (et est encore à vrai dire) l’ambassadeur du manga gay en France et dans le monde. Au Japon, il a été le premier à mélanger pornographie homo et sadomasochisme dans un même manga. En effet, en plus de dessiner des messieurs musclés ou bien en chair mais pratiquement toujours poilus, le mangaka a aussi un style de récit bien à lui, rempli de BDSM (acronyme mixant plusieurs abréviations en une : Bondage & Discipline, Domination & Soumission, Sado-Masochisme), de violences sexuelles et de tortures physiques (on est à ça près de l’eroguro)(voir le futur article de Meloku pour plus de précisions sur le sujet #TEASING). Pour faire bref, ses histoires sont souvent assez dures, parfois horribles, et finissent rarement bien (euphémisme).

Note : je n’emploie pas le terme « bara » (le « hentai homo ») contrairement à l’usage habituel en Occident, puisque, comme l’explique Tagame dans Massive – Gay Erotic Manga and the Men who make it, il s’agit en fait d’un terme insultant utilisé par les hétéros japonais pour qualifier les homos. Ces derniers se sont réappropriés le terme dans les années 60 avec la publication d’un magazine gay du même nom, avant qu’ils ne tombent dans l’oubli (le mag’ et le mot). Avec l’arrivée d’internet des années plus tard, le terme est revenu d’entre les morts et les mangas gays se sont vu qualifiés de « bara », et ce malgré sa connotation négative dans son pays d’origine. Si certains mangakas se moquent un peu (façon de parler) de ce retour inattendu, ce n’est pas le cas de Gengoroh Tagame qui préfère ne pas voir ce mot associé à son travail (il semble cependant avoir mis un peu d’eau dans son vin à ce sujet depuis la sortie de Massive en 2014) (la conférence que j’ai linkée vaut le coup d’être lue/écoutée sinon). Le terme est cependant trop ancré dans la culture internet pour espérer sa disparition à court ou même long terme. Au Japon, ce type de mangas est plutôt désigné sous le nom de gay/gei (ゲイ) manga.ototo no otto 7 p6

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Prison School : Sur le chemin de l’école

Article_Nostro_PS_1S’il y a bien une série qui m’a fait longtemps saliver au point de vouloir une publication en France, il s’agit bien de Prison School (Kangoku Gakuen pour les puristes) d’Akira Hiramoto. Prépublié au Japon dans le Young Magazine depuis 2011, elle est toujours en cours de d’édition à hauteur de 13 volumes, et connaît un certain succès dans l’archipel. En France, c’est désormais chose faite grâce à Soleil qu’on remerciera pour son audace et son bon goût en matière de sélection.

Avant de commencer les réjouissances, revenons un peu sur l’auteur.
Akira Hiramoto, le mangaka, n’en est pas à son premier jet, déjà auteur de “Ago nashi Gen to Ore Monogatari” (comédie, Young Magazine) et de “Me and the Devil Blues” un thriller bien rythmé en 4 tomes disponible chez Kana, il peut se vanter d’avoir un certain pied dans le milieu. Quelques années plus tard, on le verra s’essayer à un genre plus mature (Ecchi/Borderline) avec “ Yarisugi Companion to Atashi Monogatari ” (publié dans le Young Magazine) et pour ensuite continuer avec “Prison School”, qui va aujourd’hui nous intéresser.

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Attache-moi : Les ficelles du bondage

Qui n’a jamais eu, au détour des étalages de sa librairie préférée, ce regard en coin et cet esprit légèrement mal tourné, cherchant du contenu hors des sentiers battus ? Qui n’a jamais eu les doigts baladeurs prêts à se poser sur ce rayon trop en hauteur, souvent négligé ou dénigré par ses contemporains ? Qui n’a jamais été pris de cette douce folie que de feuilleter puis de prendre, avec réserve, cet ouvrage qui occupe notre esprit depuis son annonce de publication ? Pas moi.

Mais aujourd’hui, faisons fi des convenances et des préjugés et franchissons allègrement le pas qui nous mènera sur les merveilleux chemins de la littérature moins catholique qu’orthodoxe. Parce que oui, on va parler de fesses, de cuir, et de colliers, s’il vous plaît. Et pour se lancer sur ces sentiers sinueux, nous allons nous pencher sur le dernier né de la collection Senpai de Pika, qui reprend du service pour notre plus grand bonheur. « Attache-moi » de Ryûta Amazune est une série érotique orientée fétichiste, prépubliée dans le magazine Young Animal et toujours en cours de parution au Japon, à hauteur de 12 tomes. « Attache-moi » ou Nana to Kaoru pour les puristes, a également été l’objet de deux spin-off « Black Label » et « Pink Pure » contant des petites histoires annexes au récit principal. On notera aussi que la série a fait apparition à l’écran lors d’une adaptation sous forme d’OAV d’un seul épisode, en plus des deux films-lives sortis en 2011 et 2012.

attache-moi

« Bienvenue à toi, jeune novice de la cravache et de la laisse, car maintenant débute ton initiation aux ficelles du BDSM » Lire la suite