L’ère des Cristaux : suivons la voie du bouddhisme

Dans L’ère des Cristaux (宝石の国, Hôseki no Kuni) de Haruko Ichikawa, publié en France depuis janvier 2016 par Glénat (on les en remercie), l’influence du bouddhisme est évidente, dès la lecture des premières pages. En fait, l’idée même du manga provient de la lecture d’un sutra lorsque la mangaka était encore au lycée ! Ce sutra décrivait la Terre Pure comme étant faite de joyaux. Les bases de ce qui deviendra plus tard L’ère des Cristaux sont posées. Je vous propose un rapide tour d’horizon de l’influence qu’a le bouddhisme (mais aussi l’hindouisme) dans l’univers de ce fantastique manga, en me basant sur les quatre premiers tomes sortis en France.

Introduction

Déjà, pour bien démarrer : qu’est-ce que le bouddhisme ? C’est l’une des religions les plus pratiquées au monde, dont l’originalité principale réside dans le fait qu’elle n’a pas de dieu créateur (ce qui n’empêche pas l’existence d’une foule de divinités, via l’influence de l’hindouisme, les deux religions ayant la même origine géographique et ayant co-existé). Pour certains, il s’agit presque que d’une « simple » philosophie de vie. La finalité est d’atteindre l’éveil afin d’échapper au cycle des réincarnations (samsâra, संसार en sanskrit), car ces existences successives, soumises au karma, sont empreintes de souffrance et d’ignorance. Cela se fait en atteignant la sagesse suprême, le nirvâna (« libération », sous-entendu, du cercle des réincarnations), et l’on devient alors arhat, un « méritant ».

Les Séléniens

C’est flagrant dès la lecture du premier chapitre : l’apparence des Séléniens. Les Tennins (Apsaras, अप्सरा, en sanskrit) sont des nymphes célestes du folklore japonais, issues à l’origine de l’hindouisme. Elles sont représentées par de belles femmes, portant des kimonos et des bijoux luxueux. Elles portent souvent des fleurs de lotus et jouent des instruments de musique, comme de la flûte ou du biwa, traversant les Cieux sur des nuages (ou des lotus géants). Et c’est typiquement de cette façon que les Séléniens débarquent à chaque fois, en chantant, en jouant de la musique et en lançant des pétales de lotus, de cette façon si enjouée, comme s’il s’agissait d’une cérémonie et que leurs attaques n’avaient pas de funestes conséquences…

A gauche : Apsara (Grottes de Yulin, Chine) ; à droite : des Séléniens.

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