The night beyond the tricornered window : enquêtes paranormales et manipulations humaines

Manga de Tomoko Yamashita, aussi connue pour sa merveilleuse tranche de vie Entre les lignes, The night beyond the tricornered window est une série débutée en 2013 dans le magazine Be x Boy. Terminée en 11 tomes dont un bonus, l’œuvre de Tomoko Yamashita est publiée dans une revue boy’s love et vendue sous forme de livres dans une collection josei. Fort de son succès, The night beyond the tricornered window a été adapté en film ainsi qu’en série d’animation. En France, le manga paraît chez les éditions Taifu.

Dès sa première page, The night beyond the tricornered window nous fait découvrir le don de son protagoniste : Kôsuke Mikado peut voir les morts. L’autrice nous présente son pouvoir par le biais de ses lunettes, lorsqu’il les enlève, le personnage voit tout flou autour de lui sauf les fantômes dont il distingue les contours clairement. Sa faculté est découverte dès le début du manga par Rihito Hiyakawa, un exorciste asocial qui le recrute afin qu’il l’aide dans ses enquêtes paranormales. Mikado travaille déjà dans une librairie, sans compter que ce qu’il voit l’effraie, il observe les morts en retirant ses lunettes surtout pour s’en tenir éloigné. D’ailleurs, il ne croit pas vraiment au surnaturel, et malgré le fait qu’il puisse observer l’invisible depuis son enfance, il tente de trouver des explications rationnelles à ces phénomènes. Ainsi, son monde change au contact de Hiyakawa, qui l’enrôle sans trop lui laisser le choix dans des chasses aux fantômes. 

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Les meilleurs Boy’s Love de 2020 : bonbon du paradis ou frisson des enfers, l’année des délices

L’année 2020 se termine et, avec elle, une longue liste de nouveautés mangas toutes plus belles les unes que les autres. Et le boy’s love n’a pas été en reste. Difficile pourtant de concurrencer l’année précédente qui nous avait régalés avec des titres horrifiques tels que MADK ou Heartless, mais elle s’est magnifiquement défendue. Je vous propose 10 titres coups de coeur, dans les découvertes de l’année, et un titre supplémentaire qui vient de tirer sa révérence et dont il est impossible de ne pas parler.

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Tokyo Babylon : Les sciences occultes au service des problèmes de la société

À l’été 1990, les femmes du studio CLAMP signent un nouveau coup d’éclat dans le monde du manga en débutant dans le magazine Wings l’une de leurs séries fondatrices : Tokyo Babylon. Le manga s’est poursuivi principalement dans la revue saisonnière South avant de s’achever à l’hiver 1993 avec une fin délibérément ouverte puisque l’intrigue se poursuit dans un autre titre du studio, X. Cependant Tokyo Babylon est un manga qui se suffit à lui-même. Sous fond d’exorcisme, de fantastique et de maîtrise du Yin et du Yang, les autrices se sont servies de leur média pour prendre la parole et pointer du doigt des problèmes de société.

Tokyo Babylon met en scène Subaru Sumeragi, un jeune exorciste de 16 ans, chef de sa lignée, qui se sert de sa maîtrise du Yin et du Yang pour venir en aide à des gens. Il s’agit pour lui d’un travail qu’il est contraint d’exécuter, quand bien même il préférerait devenir vétérinaire ou s’occuper des animaux dans un zoo. Il est souvent collé par Hokuto, son extravertie sœur jumelle qui prend soin de lui, et Seishiro Sakurazuka, un homme de 25 ans qui prétend l’aimer. Ces trois personnages vont cohabiter dans la série pendant une année afin de vivre des aventures ésotériques au cœur de Tokyo, un temps partagé sur 7 volumes de l’édition originelle, qui est l’occasion pour CLAMP de passer des messages forts sur notre monde. Dépassant le cadre de la trame principale du manga, nous allons nous intéresser aux sujets sociétaux que le studio aborde au sein de Tokyo Babylon ainsi qu’à la manière dont ils sont transmis.

Tokyo Babylon - Bannière

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Rendez-vous à Udagawachou : regards sur le travestissement

Présentée en France au 43e Festival International de la Bande Dessinée lors d’une exposition dédiée à la naissante revue de prépublication de mangas Hibana, il aura fallu attendre décembre 2016 pour que Hideyoshico soit enfin publiée chez nous. Et avec quel titre ! Rendez-vous à Udagawachou, un manga en six chapitres (et une courte histoire bonus) parus dès 2012 dans le magazine On Blue. C’est certainement son œuvre la plus emblématique. Son retentissement au Japon fut tel que, outre divers prix, elle a été adaptée en film en 2015, sous la direction de Noriko Yuasa.

Rendez-vous à Udagawachou est un boy’s love, c’est-à-dire un manga mettant en scène une relation homosexuelle masculine. L’auteure est connue pour ses romances gays, si bien que l’éditeur français Hana Yaoi continue à la publier avec des titres comme Gentleman et Sadistic ou encore Nennen Saisai. Mais elle ne dessine pas uniquement des BL, comme pouvait en témoigner la présentation de Romeo ga Rival (une comédie entre un jeune asocial et un cheval) à Angoulême. Elle est également active dans le milieu amateur avec ses nombreux dojinshi dédiés à L’attaque des Titans ou même une sublime histoire dans l’univers de Yotsuba.

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Au cœur de son manga, Hideyoshico s’empare de la thématique du travestissement. Ce sujet fort faisant le charme de Rendez-vous à Udagawachou, il convient de s’attarder dessus et de l’analyser selon une question : que nous dit ce manga sur la représentation du travestissement ?

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Quand le manga s’empare des problématiques LGBT

Aujourd’hui encore, il existe de nombreuses personnes qui n’ont rien de mieux à faire que s’occuper de la sexualité des autres. Pour elles, un couple se compose d’un homme et d’une femme, et tous les schémas différents sont considérés comme anormaux, voire contre-nature. Oui l’homosexualité fait peur, à tel point que certains voudraient que cela reste un sujet tabou. Ces mêmes personnes manifestent contre le mariage pour tous, sont outrées par des campagnes de prévention mettant en scène des couples gays, peuplent les réseaux sociaux de commentaires homophobes pour expliquer pourquoi leur sexualité vaut plus que celle des autres.

Parce qu’on a aimé une personne de son sexe, parce qu’on est mal dans sa peau et qu’on désire changer de sexe, on peut se faire oppresser, agresser, tuer ! Le quotidien peut vite devenir une horreur, d’autant plus que les homophobes n’ont plus peur de revendiquer leur haine.

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Alors dans cet article on va parler de mangas, comme d’habitude. Et plus précisément, nous mettrons en avant la manière dont certaines bandes dessinées japonaises traitent de l’homosexualité ou du changement de genre. Il s’agit d’un billet engagé qui n’a pas pour objectif d’aborder des œuvres qui dénigrent la communauté LGBT. Il a plutôt vocation à pousser à la réflexion et analyser comment des auteurs abordent le sujet. L’heure n’est pas à la victimisation. Et si ça dérange l’homophobe qui sommeille en vous : tant pis.

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La nouvelle garde du manga alternatif, numéro 3

On ne prend pas les mêmes et on recommence. Après un premier article sur la nouvelle garde du manga alternatif, puis un second, voici le retour d’une rubrique visant à vous faire découvrir des auteurs. Ce ne sont pas forcément ceux dont on entend le plus parler en France et pourtant ils ont du talent à revendre et brillent par leur style aussi unique que personnel. Il n’y a pas vraiment de thématique précise pour la liste du jour, si ce n’est que les auteurs présentés dans cet article sont publiés depuis peu chez nous. L’occasion de les découvrir plus en profondeur, en espérant que des éditeurs se penchent un peu plus sur leurs travaux.


Asumiko Nakamura

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Publiée dès le début des années 2000, Asumiko Nakamura se fait remarquer par ses boy’s love au style inimitable qui pourrait paraître comme naturel chez elle tant il est au point dès ses premiers mangas (La respiration de Copernic et J no Subete en tête de liste). Emprunt d’une certaine élégance, c’est le sens artistique développé de l’auteure qui apparaît en premier lieu. Mais qu’on ne s’y trompe pas, il cache une noirceur sans fond capable de mettre mal à l’aise bien des lecteurs. L’artiste aime mettre en scène des prédateurs sexuels, elle ne rechigne jamais à dessiner des actes incestueux ou pédophiles. Tout cela en fait une auteure atypique qui s’est constituée une base de lecteurs en dehors même du cercle des amateurs de boy’s love.

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Gengoroh Tagame & le manga gay

Gengoroh Tagame fut (et est encore à vrai dire) l’ambassadeur du manga gay en France et dans le monde. Au Japon, il a été le premier à mélanger pornographie homo et sadomasochisme dans un même manga. En effet, en plus de dessiner des messieurs musclés ou bien en chair mais pratiquement toujours poilus, le mangaka a aussi un style de récit bien à lui, rempli de BDSM (acronyme mixant plusieurs abréviations en une : Bondage & Discipline, Domination & Soumission, Sado-Masochisme), de violences sexuelles et de tortures physiques (on est à ça près de l’eroguro)(voir le futur article de Meloku pour plus de précisions sur le sujet #TEASING). Pour faire bref, ses histoires sont souvent assez dures, parfois horribles, et finissent rarement bien (euphémisme).

Note : je n’emploie pas le terme « bara » (le « hentai homo ») contrairement à l’usage habituel en Occident, puisque, comme l’explique Tagame dans Massive – Gay Erotic Manga and the Men who make it, il s’agit en fait d’un terme insultant utilisé par les hétéros japonais pour qualifier les homos. Ces derniers se sont réappropriés le terme dans les années 60 avec la publication d’un magazine gay du même nom, avant qu’ils ne tombent dans l’oubli (le mag’ et le mot). Avec l’arrivée d’internet des années plus tard, le terme est revenu d’entre les morts et les mangas gays se sont vu qualifiés de « bara », et ce malgré sa connotation négative dans son pays d’origine. Si certains mangakas se moquent un peu (façon de parler) de ce retour inattendu, ce n’est pas le cas de Gengoroh Tagame qui préfère ne pas voir ce mot associé à son travail (il semble cependant avoir mis un peu d’eau dans son vin à ce sujet depuis la sortie de Massive en 2014) (la conférence que j’ai linkée vaut le coup d’être lue/écoutée sinon). Le terme est cependant trop ancré dans la culture internet pour espérer sa disparition à court ou même long terme. Au Japon, ce type de mangas est plutôt désigné sous le nom de gay/gei (ゲイ) manga.ototo no otto 7 p6

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Tsukiji Nao : Adekan x Nostalgia

Si Tsukiji Nao fait ses débuts en tant qu’illustratrice en 2001, il faudra attendre 2012 et son manga Adekan pour la découvrir en France. Au Japon, Adekan est publié dans le magazine Wings de Shinshokan, mensuel connu pour avoir accueilli des séries cultes de CLAMP, telles que RG Veda et Tokyo Babylon. En France, c’est Ototo qui s’occupe de l’édition du manga, et Nostalgia, le premier artbook de l’auteure, a été publié fin 2013.

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Dans Adekan, on suit les aventures de Shiro, un fabriquant de parapluie qui déteste enfiler des sous-vêtements, et Kojiro, un policier zélé. Ensemble ou chacun de leur côté, ils vont se retrouver au cœur d’enquêtes toutes plus sordides les unes que les autres. Pour les résoudre, ils devront user de malice, et lorsque cette solution les mène dans une impasse, il suffira alors de taper plus fort que ses adversaires. En fait, si Adekan démarre sur un rythme d’enquêtes, la narration se diversifie petit à petit. Un fil rouge apparaît rapidement, et les mystères autour de Shiro ne cessent de s’intensifier. C’est sans compter l’apparition d’Anri, un troisième personnage principal se présentant comme le frère du fabriquant de parapluie.

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Litchi Hikari Club : Le Grand Guignol du manga

Avec Litchi Hikari Club, Usamaru Furuya adapte une pièce de théâtre du Tokyo Grand Guignol en prenant le soin d’apporter sa touche personnelle. Dans ce one shot sorti aux éditions IMHO, l’auteur rend hommage à la culture underground japonaise, et notamment à Suehiro Maruo. On notera que ce même Suehiro Maruo a participé à l’œuvre d’origine. Voilà pour le contexte.

« Soit tu conquerras le monde à 30 ans, soit tu mourras à 14 ans… C’est une fille qui est la clé de ton destin. »

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