Les 20 meilleurs mangas de 2022

Comme la fin de chaque année, l’heure est au bilan. Et quand on doit dresser celui de la production manga en France, on est forcé d’avouer que celle de 2022 est une nouvelle fois exceptionnelle, aussi bien au niveau de la qualité que de la diversité. Parmi environ 200 nouveautés lues, il a été cette année encore compliqué pour moi de dresser un Top 20 tant de nombreux titres auraient mérité d’y figurer. Cependant certains mangas s’imposent tellement comme des évidences qu’il m’est impossible de les retirer, me facilitant ainsi cet exercice que je propose sous diverses formes depuis déjà 2010.

Voici mon classement des 20 meilleurs mangas publiés en France en 2022. Il s’agit bien évidemment d’une liste subjective, sélectionnant les titres en fonction de ceux qui me parlent le plus, que ce soit au niveau des dessins, de la narration, des thématiques, de l’histoire ou autre. Ne comptent que les mangas dont le premier tome est sorti cette année et sont exclus aussi bien les rééditions que les séries dérivées et suites sous un autre titre.

Plusieurs thématiques sont représentées, cependant on remarque toutefois que ma liste de cette année est marquée par deux genres en particulier : le polar et la science-fiction. Chose plutôt rare me concernant, mes préférences allant en général vers la tranche de vie quand bien même j’adore les récits de l’imaginaire. Mais elle n’est pas absente pour autant, puisque l’on retrouve dans ce classement des récits du quotidien, qu’ils soient doux ou tragiques. La liste est également composée de romance (souvent LGBT), de drame, d’horreur et d’eroguro. Bonne lecture, en espérant que vous fassiez quelques découvertes marquantes.

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Báthory – La comtesse maudite : sous la rumeur sanglante

Les amateurs de musiques extrêmes ou de légendes sombres ont très certainement entendu parler de la « comtesse sanguinaire », Elisabeth Báthory, dont les crimes, la cruauté supposée et la figure vampirique, se baignant dans le sang de ses victimes, ont fait l’objet de multiples adaptations et récits. Dans le milieu de la musique Metal, notamment, on compte un très grand nombre de références, de thématiques et chansons hommages, tout comme en littérature, au cinéma, etc.

Mais cette réputation est-elle bien justifiée ? Les faits rapportés sont-ils basés sur des témoignages fiables ? Qu’en est-il de la réalité historique ?

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Zone Fantôme : une autre histoire de l’œil

Une jeune femme qui ne peut s’empêche de pleurer, un lycée où se déroule un culte macabre, un homme qui découvre une rivière spectrale alors qu’il voulait se suicider, un tueur en série qui n’est pas maître de ses actes, bienvenue dans Zone Fantôme, la nouvelle série d’histoires horrifiques de Junji Itô. Publiée en ligne sous la forme de saisons ainsi que dans le magazine Nemuki +, cette série de récits indépendants a débuté en 2020, et suit ainsi Sensor dans la chronologie des mangas de l’auteur. En France, le premier tome est sorti au sein des éditions Mangetsu. Celui-ci contient quatre histoires : Le coteau aux pleureuses, Maudite madone, La rivière spectrale d’Aokigahara et Léthargie

Après une panne d’inspiration qui a donné lieu à des récits tout de même excellents comme en témoigne La déchéance d’un homme ou encore Raspoutine le patriote, Junji Itô est revenu aux fondamentaux de sa manière de concevoir du récit d’horreur avec Sensor. Dans la pure continuité, il signe Zone Fantôme où il se débarrasse de la connexion entre les différentes histoires, sorte de prison narrative pour lui qui brille dans la brièveté de ses récits. Il propose donc quatre épisodes succincts, dont la rapidité du basculement vers l’effroi puis en direction d’une conclusion souvent macabre est la principale force. Pour autant Junji Itô prend le temps de poser calmement les bases de ses scénarios en présentant à la fois les personnages et le contexte, une place offerte par l’amoindrissement des contraintes éditoriales dû à la publication en ligne. 

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Dai Dark : un ovni d’humour et d’horreur

Après avoir agité la planète manga pendant 18 ans et 23 volumes avec Dorohedoro, Q Hayashida est de retour en nous proposant une nouvelle série. Un ovni d’humour et d’horreur appelé Dai Dark, qu’elle publie depuis 2019 dans le magazine Gessan. En France, ce sont les éditions Soleil qui publient ce shônen manga qui ne ressemble décidemment à aucun autre. 

Cette fois-ci Q Hayashida nous amène dans l’espace pour nous livrer une comédie horrifique de science-fiction. On suit dans Dai Dark les aventures spatiales des quatre fléaux, et surtout de Sanko Zaha. Le jeune homme n’est pas comme les autres puisque ses os auraient la faculté d’exaucer n’importe quel vœu. C’est pour cette raison que tout le monde souhaite sa mort, sauf Avakian, son énigmatique et bien pratique Sakadoh.

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INU-OH : Un film, deux Yuasa 

La filmographie de Masaaki Yuasa ne cesse d’être plus fascinante et variée au fil des années. Après son passage en tant qu’animateur sur des séries comme Crayon Shin-Chan ou Chibi Maruko-Chan, Masaaki Yuasa débute sa carrière de réalisateur en 2004 avec Mind Game, un pur OVNI psychédélique adapté du manga éponyme de Robin Nishi. Ce grand film où différents moyens d’expression et techniques d’animation cohabitent pour illustrer les destins croisés de plusieurs personnes dans ce grand océan qu’est la vie a pourtant divisé le public à sa sortie. Même si le film a désormais un statut culte au point où la scène de course du film reste un modèle pour de nombreux étudiants en animation, Masaaki Yuasa décide à partir de Mind Game de faire des œuvres qui pourront toucher et plaire au grand public, sans jamais totalement y arriver. Même en faisant des compromis, en essayant de rentrer dans une moule et d’atteindre une forme de normalité, Yuasa reste Yuasa.

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Real – tome 15 : Quand la fiction se confond avec la réalité

Annoncé pour le printemps 2015, le quinzième volume de Real n’est sorti qu’à l’automne 2020 au Japon. Une longue pause durant laquelle Takehiko Inoue a mis de côté son activité de mangaka en stoppant les parutions de Real et Vagabond. L’auteur, qui a toujours exprimé ses difficultés à dessiner Vagabond, est parvenu à s’échapper de cette spirale en revenant sur le devant de la scène en 2019 pour publier de nouveaux chapitres de Real. Si le blocage a pris du temps avant de céder face au désir de dessiner de Takehiko Inoue, c’est tout naturel qu’il reprenne le manga avec Real tant il a toujours trouvé dans cette série un réconfort et un cadre professionnel, tandis que Vagabond s’apparente à de la poésie et le dessiner revient à se plonger dans la nature sauvage. 

En France, le tome 15 de Real est paru en août 2021 chez les éditions Kana, toujours traduit par Thibaud Desbief. Un événement donc, d’autant plus que ce nouveau volume est immense, d’une richesse et d’une densité colossales. Il nous fait retrouver nos trois protagonistes en lien avec le basket et le handicap, mais nous plonge également dans la crise artistique de Takehiko Inoue, confrontant ainsi la réalité des personnages avec celle de l’auteur. Ce grand retour nous offre un tome magistral, qui pourrait presque être lu comme s’il s’agissait d’un one-shot, quand bien même il serait regrettable de passer à côté des quatorze premiers. Et pour fêter de si belles retrouvailles, on se devait bien de faire un article.

Crédit pour les images : REAL © I.T. PLANNING, INC.
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Dédales : Les chemins cauchemardesques menant à la création

Restant à l’écart lors d’une fête, Brian dessine une forme monstrueuse avant de se rendre compte qu’il s’agit de son autoportrait, vu à travers le miroir déformant d’un grille-pain. Bienvenue dans Dédales, le nouveau comics de Charles Burns où la création se mêle à la réalité et à l’imagination, et la bande dessinée croise le cinéma.

Dédales Cornélius

Mondialement connu pour Black Hole, l’auteur revient au neuvième art après sa cryptique mais néanmoins géniale trilogie Toxic. Exclusivité française des éditions Cornélius, Dédales est une série qui devrait compter 3 ou 4 volumes et sera publiée à sa fin seulement en Amérique, dans un format intégral. Le premier tome est donc disponible depuis le 10 octobre, au prix de 22,50 €.

Un nouveau bouquin de Charles Burns s’attend forcément, et entre sa couverture énigmatique présentant une femme rousse de dos et sa promesse de parler de création artistique, celui-ci ne faisait pas exception à la règle.

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Pseudomorph of Love : Pour l’amour des cristaux

Après Femme fatale de Shuzo Oshimi, c’est au tour d’une mangaka que j’admire de sortir son premier artbook : Haruko Ichikawa. En me faisant découvrir L’ère des Cristaux, l’artiste m’avait émerveillé par la beauté de ses dessins et la pureté de son style, si bien que j’avais consacré un long article sur les éléments visuels de la série. Il était donc naturel que je me penche sur son grand recueil d’illustrations afin de les contempler dans de très bonnes conditions.

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En vogue avec notamment la diffusion de l’anime (disponible en simulcast sur ADN), le huitième tome de L’ère des Cristaux est sorti le 22 novembre au Japon. Simultanément à sa parution, le premier artbook de l’autrice (en très grande partie consacré à la série) a vu le jour. Coûtant 2800 yens (soit environ 21€), le livre de 128 pages est édité chez Kodansha en sens de lecture français. Maintenant que vous savez tout sur l’ouvrage, vous êtes prêts pour un compte-rendu détaillé de son contenu sans la moindre once d’objectivité mais avec de nombreuses photos !

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Les femmes fatales de Shuzo Oshimi

Publié en France pour la première fois en 2015 par les éditions Akata grâce à Dans l’intimité de Marie avant d’intégrer le catalogue de Ki-oon avec Les Fleurs du Mal et en attendant Happiness chez Pika, Shuzo Oshimi s’est très vite imposé comme l’un des auteurs les plus doués de sa génération. Au Japon, l’artiste fait également les beaux jours de plusieurs maisons d’édition puisque sont sortis simultanément le sixième tome de sa série phare Happiness chez Kodansha, le premier volume de son dernier manga Chi no Wadachi chez Shogakukan et enfin Femme fatale, son premier artbook chez Futabasha. Aujourd’hui, c’est ce dernier qui nous intéresse.

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Coûtant 2400 yens (soit environ 18€), Femme fatale retrace la carrière de Shuzo Oshimi à travers 128 pages d’illustrations entièrement en couleur, à l’exception de deux doubles-pages représentant les couvertures du premier tome des Fleurs du Mal et du cinquième d’Happiness qui ont donc été édités en noir et blanc (sauf en France pour la première). Comme en témoigne le titre de l’artbook et sa couverture mettant en avant trois jeunes femmes emblématiques de la bibliographie de l’auteur, l’ouvrage tourne autour de la gente féminine. Bien entendu, il y a des personnages masculins mais ils sont clairement minoritaires. De plus, il est important de noter que le livre ne suit pas l’évolution de l’auteur d’une manière chronologique, ce qui fait s’alterner des illustrations absolument sublimes avec d’autres beaucoup moins marquantes.

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Manga au singulier #5

Et de nouveau le retour de cette rubrique tant appréciée, où l’on parle avec bonne humeur des premiers tomes de nouvelles séries sorties récemment, sans forcément rentrer dans les détails. Cette fois-ci, nous partons pour un voyage dans l’imaginaire et l’émotion (et parfois, les deux en même temps !).

To your eternity

To your Eternity 1

Yoshitoki Oima est désormais une auteure qu’on connaît. Fort du succès de A silent voice (dont je vous avais parlé pour la sortie du premier tome) et en attente de son adaptation en long métrage d’animation, les éditions Pika lancent sa nouvelle série, To your eternity, après une prépublication au format numérique.

Au commencement « il » était une sphère.

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