Real – tome 15 : Quand la fiction se confond avec la réalité

Annoncé pour le printemps 2015, le quinzième volume de Real n’est sorti qu’à l’automne 2020 au Japon. Une longue pause durant laquelle Takehiko Inoue a mis de côté son activité de mangaka en stoppant les parutions de Real et Vagabond. L’auteur, qui a toujours exprimé ses difficultés à dessiner Vagabond, est parvenu à s’échapper de cette spirale en revenant sur le devant de la scène en 2019 pour publier de nouveaux chapitres de Real. Si le blocage a pris du temps avant de céder face au désir de dessiner de Takehiko Inoue, c’est tout naturel qu’il reprenne le manga avec Real tant il a toujours trouvé dans cette série un réconfort et un cadre professionnel, tandis que Vagabond s’apparente à de la poésie et le dessiner revient à se plonger dans la nature sauvage. 

En France, le tome 15 de Real est paru en août 2021 chez les éditions Kana, toujours traduit par Thibaud Desbief. Un événement donc, d’autant plus que ce nouveau volume est immense, d’une richesse et d’une densité colossales. Il nous fait retrouver nos trois protagonistes en lien avec le basket et le handicap, mais nous plonge également dans la crise artistique de Takehiko Inoue, confrontant ainsi la réalité des personnages avec celle de l’auteur. Ce grand retour nous offre un tome magistral, qui pourrait presque être lu comme s’il s’agissait d’un one-shot, quand bien même il serait regrettable de passer à côté des quatorze premiers. Et pour fêter de si belles retrouvailles, on se devait bien de faire un article.

Crédit pour les images : REAL © I.T. PLANNING, INC.
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Tokyo Kaido : un monde qui ne vous comprend pas

Publié entre 2008 et 2010 dans le magazine japonais Morning, Tokyo Kaido sort en France chez Le Lézard Noir d’après une traduction de Miyako Slocombe. L’auteur à l’origine de ce manga en trois volumes est bien connu dans nos contrées, puisqu’il s’agit de Minetaro Mochizuki que nous avons déjà eu l’honneur d’interviewer et que nous admirons de Dragon Head à Chiisakobé.

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Tokyo Kaido marque un tournant important dans la carrière de l’artiste. Lassé des œuvres commerciales et des contraintes éditoriales, il se tourne vers des récits plus intimistes. Pour marquer cette nouvelle orientation, il change la graphie (mais pas la prononciation) de son nom à partir de cette série, 望月峯太郎 devient alors 望月ミネタロウ. Aujourd’hui nous allons donc nous intéresser à bien plus qu’un manga : à la renaissance de l’un des plus talentueux auteurs de bandes dessinées.

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A silent voice : la surdité a la parole

On le sait, les éditions Kodansha n’hésitent pas à lancer des mangakas débutants dans le Shonen Mag, que ce soit à travers le magazine principal ou son hors série. L’exemple le plus frappant de ces dernières années est bien évidemment L’attaquant des titans, manga de Hajime Isayama qui a pris une dimension inespérée. Et c’est peu dire qu’affirmer qu’ils ont également misé sur le bon poulain avec Yoshitoki Oima. Avant A silent voice, dont je vais parler dans cet article, la seule véritable expérience de mangaka de la jeune femme se cantonnait à l’adaptation d’un light novel très sombre nommé Mardock Scramble.

Mais revenons sur A silent voice. A l’origine il s’agit d’un one shot d’une soixantaine de pages. Publié dans le Bessatsu Shonen Mag en 2011. Il remporte un concours de popularité le plaçant devant des mangas comme L’attaque des titans et Aku no Hana. C’est à partir 2013 que le one shot est sérialisé dans le Shonen Mag. Depuis c’est le succès pour Yoshitoki Oima, de nombreux prix et nominations à la clef. A peine terminé en 7 tomes au Japon, voici que A silent voice débarque en France aux éditions Ki-oon.

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