Pseudomorph of Love : Pour l’amour des cristaux

Après Femme fatale de Shuzo Oshimi, c’est au tour d’une mangaka que j’admire de sortir son premier artbook : Haruko Ichikawa. En me faisant découvrir L’ère des Cristaux, l’artiste m’avait émerveillé par la beauté de ses dessins et la pureté de son style, si bien que j’avais consacré un long article sur les éléments visuels de la série. Il était donc naturel que je me penche sur son grand recueil d’illustrations afin de les contempler dans de très bonnes conditions.

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En vogue avec notamment la diffusion de l’anime (disponible en simulcast sur ADN), le huitième tome de L’ère des Cristaux est sorti le 22 novembre au Japon. Simultanément à sa parution, le premier artbook de l’autrice (en très grande partie consacré à la série) a vu le jour. Coûtant 2800 yens (soit environ 21€), le livre de 128 pages est édité chez Kodansha en sens de lecture français. Maintenant que vous savez tout sur l’ouvrage, vous êtes prêts pour un compte-rendu détaillé de son contenu sans la moindre once d’objectivité mais avec de nombreuses photos !

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Les Fleurs du Mal : Jeu de Masques

Aku no Hana est un manga de Shuzo Oshimi.

Il a été prépublié dans le mensuel Bessatsu Shônen Magazine de 2009 à juin 2014, visant selon la ligne éditoriale du magazine un public plus mature que son dérivé le Weekly, par exemple. Edité par Kodansha au Japon, il a très vite disposé d’une version américaine chez Vertical sous le titre The Flowers of Evil de 2012 à 2014 et a été publié également en espagnol sous le titre de Las Flores del Mal par Norma Editorial et même en italien sous le titre I Fiori del Male – Aku no Hana par Panini Comics. Autant dire que nous l’avons attendu avec impatience dans l’hexagone… Jusqu’à ce que Ki-oon nous apporte la bonne nouvelle en octobre dernier !  Et depuis le 12 janvier 2017, nous pouvons enfin placer la version française sur nos étagères.

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Pour une publication française de Yokohama Kaidashi Kikô

Chers lecteurs, même si cette façon de faire est un peu abrupte, je vais faire de la publicité très directe pour inviter les éditeurs français à songer à une publication du manga Yokohama Kaidashi Kikô. C’est un manga exceptionnel, chef d’œuvre contemplatif, et il est vraiment regrettable que nous ne puissions le lire physiquement dans notre langue.

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3d00a2d9bf7a06f93242bfc4fed392f7Yokohama Kaidashi Kikô est un manga d’Hitoshi Ashinano, publié par Kodansha dans la revue Gekkan Afternoon entre 1994 et 2007. Il existe deux éditions de la série : l’une en 14 volumes, puis la plus récente, condensée en 10 volumes. Elle conte l’histoire d’Alpha, une cyborg très élaborée qui tient un café en attendant le retour de son propriétaire. Dans ce monde, une catastrophe semble avoir fait baisser le niveau de l’activité humaine, ce qui est très propice à une vision calme, contemplative et crépusculaire du monde. Le titre du manga, qu’on peut traduire par « Journal de shopping de Yokohama », évoque les trajets en scooter que doit effectuer Alpha de sa campagne vers Yokohama pour faire les courses. Alors que Yokohama est censée être une ville importante du Japon moderne, elle y croise peu de gens, ce qui est caractéristique de ce monde sur le déclin. Alpha rencontre plusieurs personnages récurrents, de ses voisins humains à d’autres cyborgs, en passant par des créatures surnaturelles, dans diverses séquences tranches-de-vie.

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L’ère des Cristaux : suivons la voie du bouddhisme

Dans L’ère des Cristaux (宝石の国, Hôseki no Kuni) de Haruko Ichikawa, publié en France depuis janvier 2016 par Glénat (on les en remercie), l’influence du bouddhisme est évidente, dès la lecture des premières pages. En fait, l’idée même du manga provient de la lecture d’un sutra lorsque la mangaka était encore au lycée ! Ce sutra décrivait la Terre Pure comme étant faite de joyaux. Les bases de ce qui deviendra plus tard L’ère des Cristaux sont posées. Je vous propose un rapide tour d’horizon de l’influence qu’a le bouddhisme (mais aussi l’hindouisme) dans l’univers de ce fantastique manga, en me basant sur les quatre premiers tomes sortis en France.

Introduction

Déjà, pour bien démarrer : qu’est-ce que le bouddhisme ? C’est l’une des religions les plus pratiquées au monde, dont l’originalité principale réside dans le fait qu’elle n’a pas de dieu créateur (ce qui n’empêche pas l’existence d’une foule de divinités, via l’influence de l’hindouisme, les deux religions ayant la même origine géographique et ayant co-existé). Pour certains, il s’agit presque que d’une « simple » philosophie de vie. La finalité est d’atteindre l’éveil afin d’échapper au cycle des réincarnations (samsâra, संसार en sanskrit), car ces existences successives, soumises au karma, sont empreintes de souffrance et d’ignorance. Cela se fait en atteignant la sagesse suprême, le nirvâna (« libération », sous-entendu, du cercle des réincarnations), et l’on devient alors arhat, un « méritant ».

Les Séléniens

C’est flagrant dès la lecture du premier chapitre : l’apparence des Séléniens. Les Tennins (Apsaras, अप्सरा, en sanskrit) sont des nymphes célestes du folklore japonais, issues à l’origine de l’hindouisme. Elles sont représentées par de belles femmes, portant des kimonos et des bijoux luxueux. Elles portent souvent des fleurs de lotus et jouent des instruments de musique, comme de la flûte ou du biwa, traversant les Cieux sur des nuages (ou des lotus géants). Et c’est typiquement de cette façon que les Séléniens débarquent à chaque fois, en chantant, en jouant de la musique et en lançant des pétales de lotus, de cette façon si enjouée, comme s’il s’agissait d’une cérémonie et que leurs attaques n’avaient pas de funestes conséquences…

A gauche : Apsara (Grottes de Yulin, Chine) ; à droite : des Séléniens.

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STAIRWAY to HEAVEN : Une sexescalade burlesque

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Le lectorat au début de cet article

Série éditée en 2005 chez Pika, Stairway to Heaven de Makoto Kobayashi n’est plus commercialisé dans nos contrées depuis plusieurs années. Reste les sites et magasins d’occasions pour se les procurer moyennant un certain prix. Mais alors, me direz-vous non sans une pointe de frustration aigre-dure, pourquoi en parler ? Pour aiguiser vos appétits, mes agneaux ! Avant même de poursuivre la lecture de ce billet, je vous invite à prendre votre plus gros post-it fluo et un gros marqueur pour y inscrire en majuscules police Calibri taille 72 : « trouver Stairway to Heaven !! ». Plaquer le ensuite au-dessus de votre ordinateur ou sur le front de votre copine. Le jour où une occasion en or se présentera, vous saurez quoi faire.

En attendant, et à défaut d’avoir un levier 24 carats pour influencer l’éditeur sur une improbable réédition, embarquez dans ce divin zeppelin mettant en exergue l’idée de jouer ouvertement sur des relations sexuelles débridées sans les rendre fades et vulgaires.

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L’attaque des titans : le collector de la honte

S’il y a bien un manga que j’adore, dont j’achète chaque volume à sa sortie, c’est L’attaque des titans. Bien que moins populaire qu’au Japon ou qu’aux USA, la série connaît tout de même en France un gros succès. En 2015, les éditions Pika ont tiré soixante-mille exemplaires du tome 11 selon le rapport annuel de l’ACBD rédigé par Gilles Ratier, ce qui en fait le quatrième manga du marché devant les indéboulonnables One Piece, Naruto et Fairy Tail. C’est à cet égard que la maison d’édition française a lancé une version collector du tome 17. De quoi réjouir les fans ? Pas vraiment.

attaque des titans collector 17 unboxing

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A silent voice : la surdité a la parole

On le sait, les éditions Kodansha n’hésitent pas à lancer des mangakas débutants dans le Shonen Mag, que ce soit à travers le magazine principal ou son hors série. L’exemple le plus frappant de ces dernières années est bien évidemment L’attaquant des titans, manga de Hajime Isayama qui a pris une dimension inespérée. Et c’est peu dire qu’affirmer qu’ils ont également misé sur le bon poulain avec Yoshitoki Oima. Avant A silent voice, dont je vais parler dans cet article, la seule véritable expérience de mangaka de la jeune femme se cantonnait à l’adaptation d’un light novel très sombre nommé Mardock Scramble.

Mais revenons sur A silent voice. A l’origine il s’agit d’un one shot d’une soixantaine de pages. Publié dans le Bessatsu Shonen Mag en 2011. Il remporte un concours de popularité le plaçant devant des mangas comme L’attaque des titans et Aku no Hana. C’est à partir 2013 que le one shot est sérialisé dans le Shonen Mag. Depuis c’est le succès pour Yoshitoki Oima, de nombreux prix et nominations à la clef. A peine terminé en 7 tomes au Japon, voici que A silent voice débarque en France aux éditions Ki-oon.

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Un pinceau affuté comme un sabre de samouraï

Aujourd’hui, c’est de Vagabond dont nous allons parler. Il s’agit du manga qui a conféré à Takehiko Inoue, son auteur, le statut de dessinateur d’exception.

Musashi, personnage principal de l'histoire

Musashi, personnage principal de l’histoire

D’un point de vue technique, Vagabond est un manga seinen qui parait depuis 1997 dans le magazine Morning de Kodansha. La série est inspirée du roman La Pierre et le Sabre d’Eiji Yoshikawa. On y suit la vie de Miyamoto Musashi, un rônin sauvage à la recherche des meilleurs adversaires pour détenir le titre de plus grand bretteur. Ce magazine possède d’autres bonnes séries, comme Billy Bat dont j’ai déjà parlé il y a un moment maintenant.

C’est le point de vue d’un retardataire dont vous allez avoir le droit, car je n’ai lu la série que jusqu’au tome 18 pour le moment (sur les 35 parus). Mais elle fait d’ores et déjà partie de mes séries fétiches.

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