La sorcière aux champignons : un conte à la féérie empoisonnée

Créatrice de L’académie Alice, shôjo manga culte des années 2000, Tachibana Higuchi s’est consacrée corps et âme à sa série fleuve durant 31 tomes. Elle a même dessiné des livres autour de son attachant univers comme le spin-off en 3 volumes L’académie musicale Alice mais aussi un livre d’images sous la forme d’un conte, quant à lui jamais publié en France, prouvant ainsi son goût pour ce style littéraire. Se défaire d’un manga aussi populaire et long que L’académie Alice, qui a marqué le magazine Hana to Yume en assurant la transition entre l’époque de Fruits Basket et celle de Yona – Princesse de l’Aube, n’est évidemment pas une tâche aisée.

Et pourtant c’est ce que parvient à réaliser Tachibana Higuchi en dessinant son nouveau manga, La sorcière aux champignons. Ce dernier n’est plus publié dans le magazine Hana to Yume contrairement à sa série précédente mais sur l’application Manga Park du même éditeur, à savoir Hakusensha. Et si son nouveau manga parle également de magie, celui-ci n’a plus rien à voir avec L’académie Alice sur la forme. En effet, la présente série de l’autrice est racontée comme s’il s’agissait d’un conte. En France, ce sont les éditions Glénat qui nous proposent ce manga sous le titre de La sorcière aux champignons

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Le couvent des Damnées : Unter die frömmigkeit, die raserei !

Lors de la sortie du tome 1 du Couvent des Damnées, premier titre de la mangaka Minoru Takeyoshi, beaucoup de lecteurs et lectrices se sont probablement dits qu’il s’agirait d’un manga historique sérieux traitant de la sorcellerie dans le Saint-Empire romain germanique du Moyen-âge tardif. Un essai sur les confrontations entre catholiques « alcooliques » et protestants « un instant ! » ou tout simplement une tranche de vie (découennée) chez les bonnes sœurs ? Ni vraiment l’un, ni vraiment l’autre. L’infrastructure du couvent est effectivement présentée sous couvert d’une documentation soignée mais le fil conducteur laisse place à une grande liberté de ton et surtout d’action autour d’un électron libre chargé en gigowatts qui n’a qu’une seule idée en tête : éliminer la bourrelle d’une proche.

Tonight, we dine in hell !

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Tu ne le sais pas encore mais tu es déjà dans mon collimateur… – © 2015 Minoru TAKEYOSHI / SHOGAKUKAN

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Berserk : Je crois en la violence multiple, démoniaque, angélique et apostolique…

Bien avant Berserk, les délices infernaux d’Hiéronymus Bosch ou encore la géomancie autobiographique et les rêves fantasmagoriques de Salvador Dali, il existait déjà un bestiaire fantastique depuis l’antiquité mésopotamienne. Après le sexe et la mélancolie, il est temps d’effectuer une petite incursion tératologique des créatures humaines devenues monstrueuses, un peu comme la métamorphose des ennemis de Guts

Si vous êtes mélomanes, voici une musique d’ambiance à écouter durant votre lecture. Elle a été concoctée par le groupe de black métal finlandais Beherit.

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© 1989 by Kentaro Miura / HAKUSENSHA, Inc.

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HAWKWOOD : don't be awkward… !

Depuis la fin de titres marquants (et souvent en arrêt de commercialisation) comme Aya – Conseillère culinaire, Ethnicity, Full Ahead ! Coco ou encore Reiko the zombie shop, les récents résultats de l’électrocardiogramme de l’éditeur Doki-Doki n’étaient guère « palpitants ». Mais voilà que l’excitation ressurgit soudainement à coup de schling! et de schlang! dans une série historique assez prometteuse : Hawkwood. Sortons heaumes, épées et quelques trésors de la langue françoise et allons à la rencontre de ces guerriers et nobles ayant fait couler le sang en conciliabules et sur des champs de batailles qui entaillèrent une longue et célèbre succession de conflits opposant les royaumes de France et d’Angleterre : la guerre de Cent Ans (1337-1453).

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Transgression, protection, humour : le sexe dans les images du Moyen Âge

On a pu voir apparaître ces derniers mois des comptes sur Twitter ou Tumblr qui relaient des images médiévales humoristiques. Ils partagent le plus souvent des enluminures avec des créatures issues des bestiaires médiévaux, des scènes de la vie courante assez cocasses et parfois même des images carrément érotiques voire sexuelles. Le problème de ces comptes est qu’ils publient ces images sans jamais les contextualiser ou les expliquer. Si de notre point de vue d’internaute du XXIe siècle, le contenu est drôle, on ne parvient pas toujours à saisir le véritable sens de ce que l’on vient de voir, comment ces images étaient perçues, et à quel point elles étaient répandues.

Ici ce seront essentiellement les représentations des organes sexuels qui vont nous intéresser, parce qu’outre le fait qu’on dispose ainsi d’un corpus large, je trouve qu’elles illustrent très bien la manière dont les hommes au Moyen Âge concevaient différemment les images. Et, sans le cacher, le sujet d’étude est fort drôle. Néanmoins je ne me base que sur des images que l’on trouve en Occident chrétien, d’une part parce que c’est essentiellement celles-ci que publient les comptes médiévistes humoristiques, d’autre part parce que le rapport à l’image n’est pas le même en dehors de la Chrétienté et que je ne tenterais pas d’expliquer un sujet que je ne maîtrise pas le moins du monde.

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