Après la pluie : la mise en scène de l’Amour

C’est le 27 juin 2014 que le manga Après la pluie de Jun Mayuzuki a débuté au sein du magazine mensuel Spirits des éditions Shogakukan. Le 18 janvier 2016, il est transféré dans revue Big Comic Spirits de la même maison d’édition. Il y est publié jusqu’au 19 mars 2018, où il s’achève en l’espace de 10 volumes. Fort de son succès critique et public, la série est adaptée à l’hiver 2018 en une série d’animation de 12 épisodes réalisée par Ayumu Watanabe puis en film mis en scène par Akira Nagai. Ce dernier est sorti dans les salles obscures japonaises le 25 mai 2018 et a été précédé d’un court drama promotionnel de 4 épisodes. Une période assez faste pour le manga au Japon, au sein de laquelle un artbook est également sorti. En France, ce sont les éditions Kana qui publient Après la pluie depuis le 7 avril 2017. Il est traduit par Thibaud Desbief.

Apres la pluie - manga

L’histoire racontée par Jun Mayuzuki est tout ce qu’il y a de plus simple, puisqu’elle en met en scène Akira Tachibana, une jeune lycéenne qui travaille dans un restaurant familial depuis qu’elle est tombée amoureuse du patron, Masami Kondô, un père célibataire de 45 ans. À travers cette romance naissante, l’autrice aborde de nombreux thèmes liés à la rencontre, des sentiments pétillants à la cicatrisation de blessures, en passant bien évidemment par la flamme de la passion qui se ravive. Il est clair qu’Après la pluie est un manga plus profond qu’il n’y paraît, et cela se remarque très vite, dès les merveilles que produit sa créatrice avec le découpage des cases. On y retrouve de nombreuses idées de mise en scène servant à appuyer les sujets abordés, et bien évidemment à donner un charme tout particulier à la série. Il convient alors de s’intéresser à la richesse visuelle d’Après la pluie, dont la maîtrise affolante n’aura eu de cesse de séduire son public dix volumes durant.

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« Le RAP cette musique d’illettrés »

« Le Rap c’est juste des mecs qui savent pas chanter », « le Rap c’est misogyne et homophobe » Il m’arrive souvent d’être confronté à ce genre de remarques et ce sont des préjugés très répandus encore en 2017, si bien qu’il est courant d’entendre cette phrase : « j’écoute de tout sauf du rap [et du metal] ». Très bien, j’annonce la couleur. Ce que je vais dire paraîtra extrême mais j’ose prendre position dans cet article. Ceux qui revendiquent ne pas aimer le rap sont victimes de préjugés pouvant être jusqu’à racistes. Pour ces personnes, la bonne musique ne peut pas être faite par des gens de la cité, ils ont une idée préconçue de ce que doit être un chef-d’œuvre de musique. Si ce n’est pas quelqu’un de parfaitement lettré élevé en lisant du Victor Hugo, et s’il s’agit de quelqu’un qui s’habille en survêtements et crache de gros mollards par terre, sa musique sera obligatoirement moins bonne que celle d’un artiste possédant une culture pointue et une plume irréprochable. C’est donc cela l’art ? C’est donc cela la musique ? C’est donc cela la poésie ?

Le rap est un genre musical né aux États-Unis dans les années 70 et s’inscrit dans le mouvement culturel qu’on nomme hip-hop. C’est une musique populaire dont il est même possible de faire remonter ses origines à la musique des troubadours du Moyen-âge (voire même bien avant) avec laquelle le rap entretient bien des points communs. Le rap se caractérise par ses couplets en rimes entrecoupés le plus souvent par des refrains et qui se pose sur un rythme (principalement un beat). Cet article propose une porte d’entrée au rap français, car c’est le plus abordable pour un francophone même si le rap US et celui des autres pays du monde sont très riches et ne demandent qu’à être explorés. Voici donc une sélection de rappeurs français possédant chacun leur style et qui maîtrisent leur art. Cette sélection n’est pas un classement.

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L’Enfant et le Maudit : l’image comme vecteur de poésie

Les joueurs du récent The Last Guardian le savent, la poésie ne se ressent pas uniquement en lisant des poèmes, elle peut se cacher dans les images. Dans ce jeu vidéo de Fumito Ueda, on incarne un jeune garçon faisant la rencontre d’un animal fantastique. S’ensuit une épopée quasi-muette d’une splendeur telle que le spectateur actif devant son écran pourra sans mal s’émerveiller et qualifier l’œuvre de poétique.

l'enfant et le maudit manga

« La poésie, on ne sait pas ce que c’est, mais on la reconnaît quand on la rencontre », disait Jean L’Anselme. Et ce terme de poésie, quand bien même il peut paraître galvaudé, c’est justement ce qu’évoque une œuvre mettant elle aussi en scène l’histoire d’une rencontre : L’Enfant et le Maudit ; un manga d’un artiste se cachant sous le pseudonyme de Nagabe, publié au Japon depuis 2015. Dans cet article, nous allons nous intéresser à ce titre atypique selon la question suivante : de quelles manières L’Enfant et le Maudit dégage-t-il de la poésie ?

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L’art d’Akino Kondoh résumé en 4 thèmes

Née en 1980 dans la préfecture Chiba, Akino Kondoh est une mangaka pour le moins atypique. Diplômée des beaux-arts en 2003, elle débute le manga quelques années auparavant, en 1998. Pour autant, elle n’est pas connue seulement pour ses bandes dessinées, c’est une artiste touche-à-tout qui s’est illustrée dans des domaines tels que l’animation, la peinture ou encore la sculpture.  Elle a été récompensée par de nombreux prix et a multiplié les expositions (personnelles ou collectives) à travers le monde. Parmi elles, on en retiendra deux proches de chez nous : Hint à Bruxelles en 2007 et VIDEOFORMES 2008 à Clermont-Ferrand en 2008. En 2012, elle a été invitée à Lyon dans le cadre du festival Japan Touch. Elle vit et travaille à New-York depuis 2008.

En France, trois mangas d’Akino Kondoh sont publiés par Le lézard noir. Le premier, Eiko, est sorti en novembre 2006. Il est composé de sept nouvelles datant de 1998 à 2002. Les insectes en moi, le second, est disponible depuis octobre 2009. Il compte quant à lui neuf histoires toutes publiées entre 2000 et 2004. Pour finir, Chroniques new-yorkaises a été mis en vente en août 2016, après une prépublication dans le journal Libération. Il compte 70 chapitres diffusés de 2012 à 2015 sur internet, ainsi qu’une histoire inédite en deux parties, servant de prologue et d’épilogue. Toujours chez Le lézard noir, en 2011 sort la première anthologie du magazine Ax. On y trouve une illustration d’Akino Kondoh en guise de couverture. Deux nouvelles de l’auteure sont également présentes dans le recueil, mais celles-ci ne sont pas inédites puisqu’elles étaient déjà disponibles dans Les insectes en moi.

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Maintenant que vous savez tout d’Akino Kondoh, passons au cœur même de l’article et posons-nous la question suivante : quels sont les éléments qui définissent le travail de l’artiste ? Pour y répondre, j’ai relevé quatre thèmes qui apparaissent de manière récurrente dans ses œuvres.

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