L’idée de ce dossier germait depuis un moment suite à diverses conversations entretenues avec mon entourage et sur le web : l’art contemporain a globalement une mauvaise image. Notre comportement face à l’art a évolué au fil des siècles. Fille de la religion, l’image était au début la manifestation de l’invisible et conçue par des anonymes au service d’une entité divine ou d’un mort à commémorer. Puis notre regard s’est « laïcisé » pour considérer l’image comme une œuvre à part entière : sorties de leurs lieux de vénération, la peinture ou la sculpture sont devenues des objets de collection et des créations artistiques. Arrivent ensuite les apports technologiques à partir du milieu du XIXe siècle (la photographie, le cinéma, etc.) qui ont libéré l’artiste d’un cadre de reproduction stricte de la nature vers une théorisation de l’art. Mais à trop déconstruire un support qui a véhiculé tant d’histoires, de mythes et de croyances, l’homme perd ses repères et l’art contemporain s’ostracise de la société tandis que ses ramifications populaires sont de plus en plus appréciées et valorisées (cinéma, bande dessinée, jeu vidéo, etc.).
En effet, les termes « art » et « contemporain » sont généralement accolés au vide pictural, à l’abstraction conceptuelle, aux performances nihilistes et à la masturbation post-avant-gardiste. Autant d’appellations absconses qui, parfois montées en épingle pour dénicher des notions métaphysiques, entretiennent un rejet populaire. Doit-on pour autant détester toute la production actuelle ?