De Community à Harmontown, une histoire d’amour

J’en ai déjà parlé plusieurs fois, mais ayant peut-être affaire à de nouveaux lecteurs, je vais le répéter…

Oh, attendez, en fait, pourquoi ne pas totalement assumer que j’ai affaire à de nouveaux lecteurs, et d’abord dire bonjour.

Bonjour.

Voilà. C’est bref, je sais. Mais croyez-moi, bientôt vous allez vous souvenir de cette brièveté avec nostalgie, car j’ai une tendance facile à la digression. Ce qui peut m’amener à écrire des paragraphes entiers sans rapport avec le sujet dont je comptais parler. Comme celui-ci. Tout à fait.

Donc ce que je voulais dire, c’est que j’aime Community. Je l’aime d’amour vrai, comme on dit… euh… comme je dis parfois en tout cas. Si je pouvais, je lui ferais des bébés.

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Pourtant j’ai découvert la série sur le tard (fin de la saison 2) et presque par accident (on m’a dit que l’un des persos était fan de Farscape, j’ai dit que j’y jetterais un œil, car je suis le fan ultime de Farscape). Niveau références que j’aime, j’en ai d’ailleurs pris plein la gueule dès la saison 1, avec Breakfast Club, Les Affranchis, Batman, et j’en passe. Community, c’était la série qui avait les mêmes goûts que moi, et pas juste celle qui faisait semblant (oui, je parle de toi, The Big Bang Theory). Et puis, il y avait aussi des personnages originaux, dont la force est peut-être bien que la série/les scénaristes ne les jugent jamais, en bien ou en mal. Du coup, le spectateur non plus, et l’immersion se fait tout en douceur. Enfin, des scénarios toujours plus inventifs les uns que les autres finissaient ce tableau parfait.

La saison 2 avait toutes les qualités de la première, mais décuplées, comme sous stéroïdes, des stéroïdes qui seraient absolument délicieux. Rien que pour vous donner une idée, elle finit en diptyque d’apothéose sous forme de paintball géant aux enjeux starwarsiens (oui, le sens de cette phrase m’a échappé très vite).

NBC

Et puis la troisième saison est arrivée. La saison qui a connu un break trop long pour ne pas foutre les boules à tous les fans, qui a vu éclater au grand jour les problèmes d’entente entre Chevy Chase et Dan Harmon, et puis les problèmes de Dan Harmon tout court (ses rixes avec la production, ses scénarios terminés souvent à la dernière minute, parfois plus tard, etc). Et aussi la saison où certains spectateurs se sont sentis laissés sur le carreau, ayant l’impression d’assister à la folie masturbatoire d’un showrunner en roue libre (bon, OK, je n’ai vu personne le dire en ces termes, mais je suis sûr que certains l’ont fait).

Personnellement c’est pendant cette saison 3 que j’ai décidé d’épouser Community. Oui, je sais que j’ai déjà parlé de lui faire des bébés, mais après tout, je n’avais pas établi de chronologie. Bon, en tout cas, c’est devenu un peu plus qu’une série pour moi, c’était une œuvre où je me retrouvais, qui utilisait la pop culture comme un véritable langage (et avec amour) plutôt que de se contenter de faire des références, qui offrait des personnages beaucoup plus complexes que ce que l’on voit dans une comédie habituelle, qui utilisait le concept de « méta » avec une intelligence rare, et qui semblait vouloir abattre les barrières entre le produit télévisuel et ses spectateurs. Community me parlait, au sens premier du terme. (non, le paragraphe suivant ne me décrit pas en train d’aller faire un tour en hôpital psychiatrique)

Alors, quand j’ai appris que Dan Harmon avait été licencié, le coup a été dur. Mais j’en ai déjà parlé en long, en large, et en parenthèses. Je pourrais faire une comparaison avec les étapes du deuil, mais ce serait trop facile. Du coup j’invoque les dieux du paragraphe trop court. Hop !

Sam Spratt

Portrait de Dan Harmon, par Sam Spratt

Le retour aussi attendu que redouté de la série a eu lieu le 7 février. Je ne savais plus trop sur quel pied danser encore quelques heures avant de voir le fameux season premiere. Harmon était parti et il était sans aucun doute l’âme du show. Mais de bons scénaristes restaient sur place, et ils avaient l’air confiants. Le cast était toujours le même aussi, et j’ai rarement vu un groupe d’acteurs/trices aussi solide. J’ai donc regardé cet épisode 4×01 intitulé « History 101 » et… c’était désastreux. Pas au point d’être une série de merde, mais dès les premières secondes, j’ai plus eu l’impression de regarder une parodie de Community qu’autre chose. Je ne vais pas en faire des tonnes sur cette saison 4. Pour l’instant, sur 4 épisodes, il y en a 1 pas mal, 2 moyens, et 1 absolument catastrophique. Dans tous les cas il est clair que la série n’a plus ses ailes. Si certaines séries peuvent survivre, et se reconstruire, sans leurs créateurs, ce n’est pas le cas de Community, qui était une œuvre très personnelle.

Car Community, c’était Dan Harmon, de A à Z. Et si dans cette vidéo (attention : auto-promo inside) je comparais le parcours des spectateurs à la célèbre structure que Harmon a inventé, on peut aussi l’appliquer à son propre parcours. Et maintenant que le cycle Community s’est terminé, un nouveau a commencé, à travers son podcast : Harmontown. Dans ce podcast, à présent hebdomadaire, Dan Harmon prétend être le maire d’une colonie installée sur la Lune. Ou en fait, pas du tout. Car ce concept de départ (avant même que Harmontown ne devienne un podcast, à l’époque où c’était juste Harmon parlant devant quelques dizaines de personnes, de manière pas du tout régulière, dans l’arrière-boutique d’un magasin de comics) est à peine évoqué au final. Harmontown, c’est surtout l’occasion pour Harmon de pouvoir dire absolument tout ce qui lui passe par la tête pendant une heure et demie ou deux, devant une audience. La préparation du podcast se résume à peu près à trouver un thème qui sera (ou pas) évoqué. Harmontown, c’est le chaos, avec de la structure là où on ne l’attend pas. Le podcast est co-« animé » par Jeff Davis (comédien et ami proche de Dan Harmon), grand chef dans l’art de donner de l’ordre aux digressions de l’ancien showrunner de Community, et avec comme guests récurrents Erin McGathy (hôtesse du podcast « This Feels Terrible » et petite amie de Dan Harmon) et Spencer Crittenden (Dungeon Master de génie, une courte partie de Donjons et Dragons ayant lieu à chaque podcast).

Harmontown

Harmontown, c’est parfois de l’improvisation qui ne va nulle part, du rap à base de mamans qui se font baiser, des membres de l’audience qui racontent leurs anecdotes, des détails sur la vie sexuelle de ses participants, une complainte extrêmement longue alimentée à la vodka, une engueulade de Dan et Erin en direct, ou encore une étude étrange et pertinente de la société, la vie et tout ça. En fait, c’est souvent un mélange de tout ça. L’important reste la connexion, car au final c’est probablement là son vrai but, communiquer avec le plus de gens possibles, et qu’ils communiquent entre eux. Voilà ce que je considère comme de l’écoute d’utilité publique.

Et pour finir ce billet, je voulais juste dire que si j’avais Dan Harmon en face de moi, je bégayerais probablement pendant une minute ou deux, puis je regarderais nerveusement mes pieds, et, avec un visage de plus en plus rougissant, je le remercierais pour apporter autant d’humanité dans le divertissement, ou le contraire.

8 réflexions sur “De Community à Harmontown, une histoire d’amour

  1. J’ai commencé la série cette année (enfin, fin 2012, pour être plus précis), donc avant que ne commence cette tant redoutée quatrième saison. J’aime Community. Et, comme toi, j’ai encore peur pour les épisodes qui restent, même si les deux derniers m’ont paru meilleur que « History 101 » et sa suite dans la manoir plus ou moins hanté.
    J’espère que ça va continuer ainsi en s’améliorant d’épisode en épisode.

  2. Je crois que je n’ai plus d’espoir pour la saison 4, j’en étais même à deux doigts de haïr le dernier épisode (que plein de monde semble avoir plus apprécié que les précédents). Je suis définitivement déconnecté de ce qu’ils sont en train de faire.

    • Avec le dernier épisode, j’ai enfin retrouvé le Community que j’attendais, et des réponses sur cette Study Room qu’ils sont les seuls à posséder. Alors que, par exemple, l’épisode d’Halloween était vraiment passable. Et l’épisode sur la convention de l’inspecteur Spacetime était sympa. Il aurait pu être mieux, mais vu ceux qui le précédaient, c’était correct.

      • Ouais, mais le dernier épisode, c’est aussi les vannes sur les allemands qui touchent le fond du trou de l’humour, Malcolm McDowell qui sert à rien, et la réintroduction pourrie de Chang (avec un Dean pas drôle en plus). Sinon, l’épisode de Halloween, je comprends qu’on ne l’aime pas, il a le défaut d’en faire trop sur les vannes et les références (voire auto-références), tout comme le premier en faisait trop sur les « concepts » (de la parodie, de l’animation, etc), mais j’ai trouvé que le 4×02 avait des moments et des échanges plus pertinents. Pour le 4×03, les passages avec Abed étaient pas mauvais (mais ça restait léger), par contre je pensais vraiment pas voir les scénaristes jouer à nouveau sur du Jeff/Annie, et ça m’a énervé.

        • Les nombreux concept du premier épisode m’auraient moins dérangé s’ils ne donnaient pas tant l’impression de vouloir trop en faire pour montrer que « coucou, c’est toujours Community, ça n’a pas changé, c’est comme avant! »

          Pour Chang, son personnage m’a énervé de plus en plus au cours de la précédente saison, donc son retour, quelle que soit sa forme, ne m’enchante guère. On verra bien ce que ça donne. Pour l’instant, j’aime beaucoup l’évolution du doyen, alors que les autres personnages semblent un peu figés (sauf pour le trio Abed-Troy-Britta, même si cette dernière est encore plus transparente que les saisons passées).

          Quant au Jeff/Annie, je pensais aussi la page tournée, à priori, ils en ont décidé autrement. Dommage.

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