Caprice : Charles Burns et les comics des réalités parallèles 

« Sachez-le, il existe d’autres mondes, cachés quelque part. Et là-bas aussi, ils ont besoin de bandes dessinées pour contester leur réalité. » 

C’est accompagné de cette citation intrigante écrite sur la quatrième de couverture que l’on ouvre Caprice, le nouveau livre de Charles Burns publié aux éditions Cornélius. Il inaugure leur collection Kim dédiée à des œuvres courtes, un format en 32 pages. Quatre numéros ont vu le jour le 18 mai 2023. Le premier est justement Caprice de Charles Burns, le deuxième Anti Reflux de David Amram et le troisième Supers de Hugues Micol. Et si j’ai parlé de 4 livres, c’est parce qu’il y a également un numéro 0. Cet ouvrage collaboratif est offert en librairie pour l’achat des 3 premiers. 

En bon amateur de l’œuvre de Charles Burns de Black Hole à Dédales, je me suis procuré Caprice. Ce comics aux allures de recueil d’illustrations inédites est entièrement en couleurs. En l’espace de 32 pages, l’auteur invente des couvertures de comics à mi-chemin entre rétro et bizarre.

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Sandman : Entre le ciel et l’enfer

Afin de saisir le contexte dans lequel une BD arrive sur son marché, je me dois de vous synthétiser en quelques lignes l’histoire du marché des comics aux États-Unis dans les années 70, sa forme d’alors et ses directions pour mieux comprendre le succès unique de Sandman.

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Locke & Key : des comics à Netflix

Ayant lu et adoré la série de comics lors de sa sortie au tout début des années 2010, j’étais impatient que le projet d’une adaptation en film, ou en série, se fasse. Même si j’aurais préféré la première option, la seconde étant, par son format, plus propice aux divergences, pour le meilleur ou pour le pire. Il faut dire que le projet a connu beaucoup de rebondissements, entre un pilote pour la Fox en 2011, l’annonce d’une trilogie de films en 2014, le retour à un projet de série en 2017 sur la plateforme Hulu, abandonné moins d’un an plus tard… Et finalement, nous y voilà, pour la version Netflix.

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Le Top 3 2019 des Nostroblogeurs

Une année s’achève et une autre commence, l’heure est donc aux bilans sur Nostroblog, et quoi de plus ludique que dresser des petits classements commentés ? Certainement pas livrer des colis en terres désertiques et hostiles, déjà. Encore moins ronchonner car il y a trop de tops sur internet en ces temps de fêtes. Voilà. Alors amusons-nous et revenons sur cette année 2019 riche. Car même si on a moins été actifs sur le blog durant cette année, on n’a jamais cessé de s’adonner à nos activités préférées : lire et écrire pour moi, Joan, regarder des films et des séries ou se plonger dans des jeux vidéo pour d’autres. Mais tout cela, vous le découvrirez en lisant nos différents tops. Bonne lecture !

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Dédales : Les chemins cauchemardesques menant à la création

Restant à l’écart lors d’une fête, Brian dessine une forme monstrueuse avant de se rendre compte qu’il s’agit de son autoportrait, vu à travers le miroir déformant d’un grille-pain. Bienvenue dans Dédales, le nouveau comics de Charles Burns où la création se mêle à la réalité et à l’imagination, et la bande dessinée croise le cinéma.

Dédales Cornélius

Mondialement connu pour Black Hole, l’auteur revient au neuvième art après sa cryptique mais néanmoins géniale trilogie Toxic. Exclusivité française des éditions Cornélius, Dédales est une série qui devrait compter 3 ou 4 volumes et sera publiée à sa fin seulement en Amérique, dans un format intégral. Le premier tome est donc disponible depuis le 10 octobre, au prix de 22,50 €.

Un nouveau bouquin de Charles Burns s’attend forcément, et entre sa couverture énigmatique présentant une femme rousse de dos et sa promesse de parler de création artistique, celui-ci ne faisait pas exception à la règle.

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Les webcomics, ou le festin gratuit

Déclaration d’amour

L’industrie de la BD et du manga est probablement l’une des industries culturelles dans lesquelles j’investis le plus, à la fois de temps, d’intérêt, et d’argent. Malheureusement, autant que j’aime suivre les nouvelles sorties ou récupérer des antiquités, parfois, fatalement, les coffres sont vides. Heureusement pour moi, j’ai grandi et je vis à l’incroyable époque d’internet, où se sont développés sur les deux dernières décennies de nombreux circuits officieux où des artistes plus ou moins débutant-es proposent leur travail librement, et souvent même gratuitement !

Comme beaucoup de gens de mon âge, j’ai découvert les webcomics au collège, en lisant des gens comme Fülix ou Maliki. Aujourd’hui l’idée n’est plus si nouvelle ; certains vétéran-es s’en sont servi comme tremplin et éditent leur BD traditionnellement, parfois même le webcomic d’origine, remanié ou étendu (on peut mentionner le délicieux  et NSFW Oglaf par exemple); des plateformes spécialisées se développent (Webtoon, Delitoon,…) et grossissent tellement qu’elles peuvent même faire tranquillement leur pub sur des grosses plateformes comme Facebook. Certains ont marqué l’internet (comme le célèbre screamer dans The Bongcheon-Dong Ghost) et/ou continuent de jouir d’un énorme succès sous des formes très diverses, et ce ne sont pas les fans de Killing Stalking qui me diront le contraire.

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Internet a changé depuis, et moi aussi, mais j’ai gardé l’amour que j’ai pour ce support. D’abord, il permet en général une agréable proximité avec les artistes, qui sont plus disponibles, et, souvent, n’hésitent pas à partager les détails de leur processus créatif voire à commenter directement leurs propres travaux. C’est une perspective que je trouve incroyablement enrichissante et à laquelle je regrette d’avoir si peu accès dans le circuit « officiel ».

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La jeunesse de Picsou – Don Rosa, archiviste de l’enfance

Je viens de lire le premier tome du diptyque La jeunesse de Picsou, écrit et dessiné par Don Rosa. Un travail de fourmi nourri par la passion d’un homme qui a lu, décortiqué et appris par cœur (pourrait-on penser) la bibliographie de Carl Barks sur la vie de Picsou et ses canards de congénères. J’espère que la lecture de cet article saura vous donner envie de lire cette bande dessinée comme cette dernière m’a donné envie d’écrire cet article.

C’est à travers une anthologie chronologique qu’il retrace l’histoire de ce personnage emblématique qu’est Balthazar Picsou, la compilation The Life and Times of Scrooge McDuck en VO (on restera sur les traductions françaises dans un souci de clarté et de compréhension grand public), et recompose son passé. Plus de secrets désormais pour ce vieil homme aigri et richissime qui ne peut être désormais vu d’un mauvais œil car, bon sang, quelle vie !

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Couverture de l’édition lue et commentée

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Priest, un ange déchu au Far-West

Priest est la dernière nouveauté manwha de Pika. Et pourtant, c’est une vieille série, en Corée comme en France. Débutée en 1998 et en pause depuis 2006 dans son pays d’origine, la série de Hyung Min-woo est arrivée chez nous en 2003 et a connu de nombreuses éditions et rééditions chez feu Tokebi (volumes simples, doubles et coffrets), avant de rejoindre Pika ce mois-ci, dans leur collection Graphic, destinée aux « auteurs asiatiques aux codes narratifs et aux traits proches du roman graphique » (quoi que cela veuille dire). Et surtout,  cette réédition s’accompagne d’une promesse de fin à la clé.priest pika graphic

Ce fut une surprise totale. Notamment parce Pika l’a annoncé moins d’une semaine avant sa sortie. Le titre devait bien évidemment déjà apparaître en ligne et sur les commandes libraires, mais pour moi qui ne fais pas toujours gaffe à ça, cette stratégie de communication me laisse dubitatif. Comment créer de l’attente, de l’impatience et de la hype quand l’annonce précède de si peu la sortie en librairie ? Passons sur ce sujet, et recentrons-nous sur l’oeuvre en elle-même.

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L’art d’Akino Kondoh résumé en 4 thèmes

Née en 1980 dans la préfecture Chiba, Akino Kondoh est une mangaka pour le moins atypique. Diplômée des beaux-arts en 2003, elle débute le manga quelques années auparavant, en 1998. Pour autant, elle n’est pas connue seulement pour ses bandes dessinées, c’est une artiste touche-à-tout qui s’est illustrée dans des domaines tels que l’animation, la peinture ou encore la sculpture.  Elle a été récompensée par de nombreux prix et a multiplié les expositions (personnelles ou collectives) à travers le monde. Parmi elles, on en retiendra deux proches de chez nous : Hint à Bruxelles en 2007 et VIDEOFORMES 2008 à Clermont-Ferrand en 2008. En 2012, elle a été invitée à Lyon dans le cadre du festival Japan Touch. Elle vit et travaille à New-York depuis 2008.

En France, trois mangas d’Akino Kondoh sont publiés par Le lézard noir. Le premier, Eiko, est sorti en novembre 2006. Il est composé de sept nouvelles datant de 1998 à 2002. Les insectes en moi, le second, est disponible depuis octobre 2009. Il compte quant à lui neuf histoires toutes publiées entre 2000 et 2004. Pour finir, Chroniques new-yorkaises a été mis en vente en août 2016, après une prépublication dans le journal Libération. Il compte 70 chapitres diffusés de 2012 à 2015 sur internet, ainsi qu’une histoire inédite en deux parties, servant de prologue et d’épilogue. Toujours chez Le lézard noir, en 2011 sort la première anthologie du magazine Ax. On y trouve une illustration d’Akino Kondoh en guise de couverture. Deux nouvelles de l’auteure sont également présentes dans le recueil, mais celles-ci ne sont pas inédites puisqu’elles étaient déjà disponibles dans Les insectes en moi.

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Maintenant que vous savez tout d’Akino Kondoh, passons au cœur même de l’article et posons-nous la question suivante : quels sont les éléments qui définissent le travail de l’artiste ? Pour y répondre, j’ai relevé quatre thèmes qui apparaissent de manière récurrente dans ses œuvres.

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Archie, horreurs et compagnie

Au début des années 2000, une série animée a occupé mes mercredi après-midis : Archie Mystères & Cie. L’histoire ? Celle d’Archie Andrews, un rouquin qui enquête sur les phénomènes étranges se produisant à Riverdale avec sa bande d’amis alors qu’il préférerait plutôt profiter de son temps libre pour glander. Mais cette histoire est en fait une version fantastique du comic original, dans lequel Archie est un simple lycéen au cœur d’un triangle amoureux, avec Betty Cooper et Veronica Lodge qui se battent pour sortir avec le jeune homme. afterlifewitharchie_08-0v Lire la suite