L’art d’Akino Kondoh résumé en 4 thèmes

Née en 1980 dans la préfecture Chiba, Akino Kondoh est une mangaka pour le moins atypique. Diplômée des beaux-arts en 2003, elle débute le manga quelques années auparavant, en 1998. Pour autant, elle n’est pas connue seulement pour ses bandes dessinées, c’est une artiste touche-à-tout qui s’est illustrée dans des domaines tels que l’animation, la peinture ou encore la sculpture.  Elle a été récompensée par de nombreux prix et a multiplié les expositions (personnelles ou collectives) à travers le monde. Parmi elles, on en retiendra deux proches de chez nous : Hint à Bruxelles en 2007 et VIDEOFORMES 2008 à Clermont-Ferrand en 2008. En 2012, elle a été invitée à Lyon dans le cadre du festival Japan Touch. Elle vit et travaille à New-York depuis 2008.

En France, trois mangas d’Akino Kondoh sont publiés par Le lézard noir. Le premier, Eiko, est sorti en novembre 2006. Il est composé de sept nouvelles datant de 1998 à 2002. Les insectes en moi, le second, est disponible depuis octobre 2009. Il compte quant à lui neuf histoires toutes publiées entre 2000 et 2004. Pour finir, Chroniques new-yorkaises a été mis en vente en août 2016, après une prépublication dans le journal Libération. Il compte 70 chapitres diffusés de 2012 à 2015 sur internet, ainsi qu’une histoire inédite en deux parties, servant de prologue et d’épilogue. Toujours chez Le lézard noir, en 2011 sort la première anthologie du magazine Ax. On y trouve une illustration d’Akino Kondoh en guise de couverture. Deux nouvelles de l’auteure sont également présentes dans le recueil, mais celles-ci ne sont pas inédites puisqu’elles étaient déjà disponibles dans Les insectes en moi.

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Maintenant que vous savez tout d’Akino Kondoh, passons au cœur même de l’article et posons-nous la question suivante : quels sont les éléments qui définissent le travail de l’artiste ? Pour y répondre, j’ai relevé quatre thèmes qui apparaissent de manière récurrente dans ses œuvres.

N°1 : le personnage féminin

Dans Chroniques new-yorkaises, on suit le quotidien d’une jeune japonaise dans la ville américaine. Rien de plus normal à ce que la protagoniste soit une femme puisqu’Akino Kondoh se met elle-même en scène. En réalité le manga est plus proche d’un journal de bord amusant que d’une fiction.

Pour aller plus loin, intéressons-nous justement aux histoires issues de son imaginaire. Le constat se fait rapidement, on y retrouve systématiquement des femmes suivant un même modèle esthétique. Elles sont jeunes, pas très grandes, fines. Leur visage est un peu rond. Elles sont coiffées d’une coupe au carré dont la frange suit généralement la même découpe. A présent on peut faire un parallèle avec Chroniques new-yorkaises, car les femmes qu’Akino Kondoh met en scène dans Eiko et Les insectes en moi ressemblent sans s’y tromper à l’avatar qu’elle crée de sa personne dans sa bande dessinée autobiographique.

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Les personnages féminins sont donc très importants dans l’œuvre de l’artiste, si bien qu’un manga, Eiko, porte le nom de l’une d’entre elles. Akino Kondoh projette une part d’elle-même à travers ses protagonistes et ça se ressent autant d’un point de vue esthétique qu’au niveau de la sensibilité.

N°2 : les tranches de vie

Ces femmes, que font-elles dans les mangas d’Akino Kondoh ? Elles vivent, tout simplement. Il peut arriver des péripéties plus ou moins importantes mais on reste ancré dans leur quotidien. C’est évident avec le cas de Chroniques new-yorkaises. En bon journal de bord, on suit les aventures de l’artiste à travers des morceaux choisis de sa vie.

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Qu’elles aillent à l’école, qu’elles restent chez elles, qu’elles sortent seules ou avec des amis, les fictions de la mangaka sont elles aussi découpées en diverses tranches de vie. Il se dégage des œuvres d’Akino Kondoh une forme de simplicité d’une telle douceur qu’elle en devient agréable. Coudre un bouton, se couper les ongles, prendre un parapluie, c’est dans les actions banales du quotidien que réside la beauté selon l’artiste.

N°3 : le surnaturel

Afin de ne pas rendre le quotidien morne, il est important de s’évader. Pour cela, Akino Kondoh introduit des éléments fantastiques à ses récits. Pour autant, ils ne brisent pas le réel, ils s’y mélangent. Un peu comme s’il s’agissait d’hallucinations, on ne fait plus la différence entre ce qui est vrai et ce qui est faux. De cette manière, même la plus banale des situations peut nous amener à découvrir un univers merveilleux.

On peut aisément qualifier le style de l’artiste d’onirique tant l’incursion du surnaturel est attrait au domaine du rêve. Les boutons se transformant en labyrinthe de fleurs et coccinelles, un tiroir qui accueille un monde de champignons, l’irréel selon Akino Kondoh tend à rappeler les échappatoires que l’on crée durant notre sommeil.

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N°4 : l’enfance

Peut-être que j’essaie de recréer sous forme d’œuvre les cauchemars faits quand j’étais petite.

L’imaginaire d’Akino Kondoh a quelque chose d’enfantin. L’artiste nous guide vers des univers faits de fleurs et d’insectes, une sorte de monde fantasmé comme se plaisent à imaginer les enfants pour s’évader. De plus, ses personnages ne sont pas très âgés : on varie des écolières à des jeunes femmes. Et quand bien même elles sont déjà adultes, il se dégage toujours en elles un trait de caractère rappelant l’enfance. C’est par exemple le cas d’une vendeuse de pantoufles qui passe ses journées à sucer des bonbons, si bien qu’elle se demande si elle ne préfèrerait pas plutôt travailler dans une confiserie.

Comme en témoigne le titre de Les insectes en moi, les petites bêtes ont leur importance dans l’art d’Akino Kondoh. Au long de ses histoires, on retrouve des coccinelles, papillons, mantes religieuses et autres. Les personnages ont un regard d’enfant vis-à-vis d’eux, une des jeunes filles souhaitant par exemple que des insectes se collent à ses oreilles en guise de décoration. C’est un rapport d’admiration et un esprit proche de la nature propre à l’âge tendre qui découle de ses œuvres. Les bestioles sont jolies, alors autant les admirer.

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Les mangas de l’auteure peuvent avoir un côté glauque, sans que ce soit dérangeant pour autant. Par exemple on y trouve une fille à qui des œufs de grenouilles poussent dans la main. Les champignons qui peuplent l’imagination d’un autre personnage ont quant à eux un aspect qui peut dérouter. Ces éléments ont quelque chose de sale, ce qui rappelle l’enfance une fois encore. On plonge dans un monde où tout prête à s’émerveiller, sans notion de bien et de mal. Le quotidien devient beau, le malsain fascine.

5 réflexions sur “L’art d’Akino Kondoh résumé en 4 thèmes

  1. Même dans Chroniques New Yorkaises, on voit bien que la mangaka aime les insectes : plusieurs des anecdotes y sont consacrées.

    Cette présentation me donne envie de me pencher sur les titres de Akino Kondoh que je n’ai pas encore… !

  2. Les japonais ont le bon goût, dans leur culture, d’aimer les insectes, et ça c’est cool!
    Sinon article sympa, une de mes artistes préférée (du coup je suis content), à l’œuvre, je trouve, trop méconnue malheureusement. Faut voir ses animations, au moins des extraits sont dispos sur YT, et ça déchire grave. Sinon, vraiment onirique plus que surréaliste pour moi, mais c’est un détail. Cimer pour le billet mec (:

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