Parasite (Kiseiju) et les relations interspécifiques.

En pleine lecture de Parasite (Kiseiju), je me suis posé cette question : Hitoshi Iwaaki est-il un biologiste malgré lui ? On est en droit de se questionner sur cette problématique vu que le mangaka base son récit sur des notions propres à la biologie : la relation interspécifique, l’écologie, et l’éthologie. Dans ce premier article (sur trois normalement), on va parler de la relation interspécifique ! Et quelques trucs sont spoiler.

Dans le monde vivant, il existe un phénomène assez étrange : un organisme hôte est exploité par un organisme parasite. Le parasite puise des nutriments et survit grâce à l’hôte. L’hôte subit des nuisances dues à cette relation alors que pour le parasite, c’est tout bénéf ! C’est ce qu’on appelle le parasitisme. On a ici le speech de départ de l’histoire. D’étranges vers à tête foreuse apparaissent sur le sol nippon.

coucou

Coucou ! 

Leur but ? Atteindre le cerveau et prendre le contrôle de leur hôte. On retrouve bien la définition citée plus haut : le parasite bénéficie d’un corps pour se mouvoir et l’humain perd toute existence. Si on pousse cette définition dans ses retranchements, on arrive à la notion de prédation. Ce nouvel organisme, que je nomme l’humain parasité, a pour mission de se nourrir d’êtres humains lambdas. Encore une fois, l’humain parasité bénéficie d’un garde-manger  bien rempli et les humains se font bouffer (un peu nuisible comme bestiole donc).

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Bon appétit.

Voilà pour les méchants ! Mais notre bon Hitoshi Iwaaki ne s’arrête pas à cette simple relation, notamment pour son héros (et là, ça devient intéressant).

Shin’ichi Izumi écoute tranquillement de la musique quand une de ces bestioles essaie de prendre possession de sa tête. Manque de pot, ça marche pas. Il se retrouve dans son bras droit et est obligé d’en prendre la possession pour survivre.

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Je crois que ça a merdé…

Comme pour ses congénères, il est doué d’intelligence. Ce parasite sachant sa mission échouée, devient plus ou moins ami avec notre héros qui lui donne pour nom Migi. On a donc un héros humain parasité mais pas vraiment. En effet, Shin’ichi ne subit pas de nuisance vitale (outre le fait que son bras parle, a une conscience propre et amène des problématiques sociales) mais est un réservoir d’énergie pour son colocataire d’infortune.

D’après ce point de comparaison, il y a deux écoles : soit la symbiose, soit le mutualisme. En général, la relation entre nos deux compères est souvent qualifiée de symbiose. La symbiose est une relation qui bénéficie obligatoirement aux deux espèces. Dis comme ça, ça sonne bien. Après réflexion, peut-on admettre que Migi bénéficie forcément des aptitudes de Shin’ichi et inversement ? Pas vraiment… Plusieurs scènes montrent que les deux sont souvent en désaccord. Quand Migi décide de tuer un individu gênant ou de mettre  en place un plan au raisonnement bien cartésien, cette action ne bénéficie en aucun cas à Shin’ichi qui reste un être humain empli de sentiments et à la logique tachée par ses émotions. Quand l’humain décide de faire preuve d’altruisme, le parasite rétorque d’une logique implacable.

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Le mutualisme en une image.

C’est pour cela que je préfère parler de mutualisme, soit une relation qui ne bénéficie pas obligatoirement aux deux organismes. Les deux cohabitent, se jaugent et font avec leur tempérament. Enfin, si on met les méchants et les gentils ensemble, qu’est-ce qui se passe ?

Les humains parasités contre l’humain parasité mais pas vraiment, on peut extrapoler une autre relation interspécifique : la compétition. Les uns sont nuisibles pour les autres : ils représentent un danger pour leur espèce. Shin’ichi voue une haine farouche à ces monstres et souhaite les éradiquer. Migi suit froidement les agissements de Shin’ichi tant que sa survie est assurée. Les Parasites les considèrent comme un danger de par l’échec qu’est Migi et de par le fait qu’ils sont un obstacle à leur mission.

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Un combat entre deux organismes nouveaux.

On peut même, pour le plaisir, pousser l’idée des relations interspécifiques encore plus loin ! Pour cela, je vais prendre deux personnages comme exemple : Gotô le parasite parasité et Oda Mamoru l’homme parasité mais pas vraiment (un peu comme Shin’ichi mais un poil différent).

Gotô est une expérience réussie mené par le groupe des Compagnons (des parasites qui ont compris qu’à plusieurs, on est plus fort). Enfin, surtout par Tamiya Ryôko. Cette expérience consiste à mettre en relation un homme parasité avec d’autres parasites. Dans le cas présent, cinq bestioles pour un corps humain.

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Le Parasite parfait.

On peut qualifier cette relation de commensalisme, c’est-à-dire qu’un organisme perçoit des bénéfices alors que l’autre ne ressent aucun effet de cette relation. Gotô est le Parasite le plus puissant que l’on croise durant l’histoire. Cette force est acquise par le fait qu’à chaque membre habite un parasite (et donc toutes ses aptitudes). Cette relation lui offre alors une attaque parfaite et une défense totale. Quant aux parasites, ils sont dans un état de dormance constant (uniquement lorsque Gotô prend le contrôle) et ne ressentent pas les effets de cette relation.

Oda Mamoru est un jeune travailleur un peu paumé. Manque de chance, un parasite s’est installé dans sa mâchoire et son cou : Jaw. Comme Migi, il prend vie et commence à s’adapter au monde des humains. Sauf que lui, il s’érudit par la télévision (et on sait tous que ce n’est pas la plus belle des manières).

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Grossier personnage.

Contrairement au couple Shin’ichi et Migi, Oda et Jaw ont une relation un peu différente : l’amensalisme. Un organisme est nuisible tandis que l’autre n’a aucun effet. Oda subit les nuisances parasitaires de Jaw, les apparitions gênantes (si on les compare à celles de Migi) ainsi que son langage de charretier. Pour Jaw, Oda est plus un poids mort qu’un véritable atout (si on le compare à Shin’ichi qui est habile et vif) et ne l’aiderait pas dans un combat, par exemple, mais il lui permet d’exister. Oda n’a aucun effet sur la survie de Jaw (outre la nutrition et le lieu d’habitat) contrairement à Shin’ichi qui est un avantage à la survie de Migi. On arrive bien à cette relation d’amensalisme.

Hitoshi Iwaaki met en pratique dans son oeuvre des principes de biologie en jonglant avec les différentes relations qui peuvent exister entre deux espèces: les Parasites et les Humains. Il ne se cantonne pas simplement à la définition classique du parasitisme mais explore d’autres relations selon le contexte.

13 réflexions sur “Parasite (Kiseiju) et les relations interspécifiques.

  1. Excellent article, Parasite est pour moi un veritable chef d’oeuvre qui m’a beaucoup fait reflechir, une veritable oeuvre à part. Hate de lire les deux prochains articles :)

  2. Les classifications/séparations ne sont pas si nettes, je pense…
    (comme dans la nature..)

    Oda Mamoru se serait, probablement, suicidé sans Jaw.
    ET, aurait, probablement, continué d’essayé de s’ôter la vie..!!….

    Dans une conférence, j’ai entendu : « un parasite, qui reste (qu’) un parasite est un mauvais parasite » : il tue ou affaibli trop son hôte ; donc, il met en péril sa propre existence….

    P.S. : les parasites seraient à l’origine de la sexualité : pour pouvoir, mieux, « migrer » d’un corps vers un autre..

    • Les relations entre les espèces animales, végétales et fongiques sont établies et utilisées afin d’étudier le cas par cas. Si on observe une relation entre deux animaux (par exemple) dans la nature, on va utiliser les définitions que j’ai donné. Je ne vois donc pas ce qui est ambigu. Après, dans l’article, c’est une simple interprétation de l’oeuvre selon les définitions posées.

      Oda n’a jamais eu le courage de se suicider, il a juste eu des pensées suicidaires. Il est triste, se trouve dans un lieu nostalgique et pense à la mort. S’il tombe dans l’eau, c’est que le parasite apparait et se jette sur lui. Voilà.

      J’imagine que vous évoquez une relation de type hôte-parasite d’exploitation. Ici, le parasite puise les nutriments pour vivre jusqu’à ce que l’hôte ne lui fournisse plus. Si l’hôte dépérit, il le quitte et en trouve un nouveau. Il est mauvais pour l »hôte mais lui, il fait son job. Par exemple, le crabe et la sacculine.

      Dans l’oeuvre, oui, les parasites préfèrent un sexe plus que l’autre. Leur adaptation à l’organisme sera facilitée en conséquence.

      P.S. : je ne comprends pas votre message mais merci quand même !

      • Bah, vous êtres trop « formaté » par l’école (plus exactement, les programmes de l’éducation nationale [« la fabrique à fabriquer les crétins »]) ; comme tout de monde (enfin, trop de monde).
        La nature y est décrit quasiment (du moins en esprit) comme au XIXème siècle : agressive.

        Faire son « job » ; le parasite est à : « point emploi » (autre ANPE : Agence National Pour Esclaves) !??
        C’est de l’ironie, je précise ; étant, la sacralisation de l’emploi, pff.

        Pour revenir au suicide, c’est souvent un évènement extérieur ; qui fait qu’il y a un suicide…
        Puis d’autres essais de suicide ; si la situation de change pas…

        Sinon, je trouvais l’article pas trop mal (sinon, je n’aurais pas pris la peine de laisser un commentaire).

        • Non, moi j’crois qu’il faut qu’vous arrêtiez d’essayer d’dire des trucs. Ça vous fatigue, déjà, et pour les autres, vous vous rendez pas compte de c’que c’est. Moi quand vous faites ça, ça me fout une angoisse… j’pourrais vous tuer, j’crois. De chagrin, hein ! J’vous jure c’est pas bien. Il faut plus que vous parliez avec des gens.

          • Avec votre « ortocraphe » ; c’est vous qui ne devriez plus rien écrire

            L’efficacité de longues années d’éducation nationale….

            Merci, de dire ; pire d’écrire ; combien les gens – et surtout toi – ont un bas niveau

              • Difficile à juger, d’une plaisanterie : il y a trop de phrases, de ce niveau, sur internet.

                Et, qui reflète le niveau d’éducation ET de formatage.
                Pire : l’état d’esprit.

                Au point, que je crois qu’une connaissance ; disant, qu’il y avait une dégénération chez les « humains », avait raison.

  3. Pingback: Parasite (Kiseiju) et l’écologie. – NOSTROBLOG

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