La petite amie de Minami

Passé un peu inaperçu à sa sortie, La petite amie de Minami est un manga atypique publié aux éditions IMHO. Cette œuvre prépubliée dans Animage, puis dans Garo entre 1985 et 1987, nous fait découvrir pour la première fois en France les talents de mangaka de Shungiku Uchida. C’est une artiste touche à tout, surtout connu pour son roman Fatherfucker. Sans le savoir, je connaissais la dame avant de lire son manga, puisqu’elle joue le rôle de la mère dans le très cru Visitor Q de Takashi Miike. L’un de mes films préférés au passage.

Brrr.

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Revenons un peu au manga. La petite amie de Minami est l’histoire de Minami et sa petite amie. Oui bon, je voudrais vous y voir vous aussi. Pour rentrer dans les détails, Chiyomi, la petite amie de Minami, est vraiment petite. Comme par magie, elle a été réduite à faire la taille d’une poupée. Elle s’est réfugiée chez Minami après s’être enfuie de chez ses parents. Tant bien que mal, ce dernier prend soin d’elle. Shungiku Uchida nous propose alors de suivre la vie de ce couple pas comme les autres à travers des instants choisis du quotidien.

Tout au long du one shot, on découvre ce couple hors du commun à travers ses désirs, ses craintes et ses contraintes. Attention cependant, ne pensez pas lire un ouvrage gnangnan, les personnages sont partagés entre l’amour et la raison, le désir et la frustration. Si Chiyomi tend à voir Minami comme une figure paternelle, ce dernier en a parfois assez de devoir redoubler d’ingéniosité pour prendre soin de sa petite amie. D’autant plus qu’il a des besoins sexuels à assouvir… Il en viendrait à prendre son petit bout de femme pour un jouet.

Bien entendu le récit ne s’articule pas seulement autour du sexe. C’est vraiment de la tranche de vie légère, avec des prises de tête, des réconciliations, des instants de complicité, etc. Même si le principal intérêt du récit réside en l’anormalité du couple, ce qui fait le sel du manga se situe dans la manière dont il est raconté. Outre les dialogues bien écris, la narration du point de vue de Minami fait mouche. Elle rend le personnage touchant, que l’on soit d’accord ou non avec ses choix, et lui donne une dimension humaine.

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La narration d’une bande dessinée se fait aussi par le graphisme, et là encore Shungiku Uchida a tout juste. Tout au long du manga l’auteure ne cesse de varier la mise en place des cases, variant ainsi sa manière de raconter ses histoires. De ce fait, même dans un récit basé sur le quotidien, on ne ressent pas une sensation de répétition à la lecture. Sketch en 3 cases, 8 cases, page découpée en 9, double page, Shungiku Uchida ne recule devant rien. Concernant ses dessins en eux-mêmes, bien que basiques ils dégagent un certain charme qui fait que j’adore. Après ça reste évidemment une question de goût.

Au final j’ai beaucoup aimé La petite amie de Minami et je le suggère à tous ceux qui aiment les récits de tranche de vie. Bien plus intéressant qu’il en a l’air dans ses propos, pas hypocrite, c’est une petite perle qui mérite un peu d’attention. D’autant que l’auteure vous réserve quelques surprises.

Notes:

  • Une suite est en cours au Japon, ce qui devrait être l’unique volume est prévu pour le 23 aout prochain.
  • Un extrait est disponible sur le site de l’éditeur.

Une réflexion sur “La petite amie de Minami

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