Batman par Morrison #04 (The Black Glove)

Dans le monde des comic books, quand un nouveau scénariste débarque sur une série existant depuis des décennies, il va normalement choisir les éléments du passé qu’il décide de garder et il va en laisser d’autres de côté. C’est un processus fait un peu à l’aveuglette et souvent assez vague pour que le lecteur ne se pose pas trop de questions.
Morrison en a décidé autrement. Il explique en introduction du recueil The Black Casebook qu’il a voulu condenser toutes les anciennes histoires de Batman en une seule timeline. Faisant fi des changements de ton, des reboots, des erreurs de continuité, etc… C’était un pari fou et risqué, et c’est pour ça que c’est un génie (ou alors c’est son physique de Lex Luthor, ne sous-estimons jamais ce détail).

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Ainsi la première partie de The Black Glove fait intervenir des personnages qu’on n’avait pas vu depuis les années 50 pour la plupart. C’est le fameux Club des Héros, qui regroupe les vigilantes inspirés de Batman à travers le monde (et dont j’avais parlé dans ma review de The Black Casebook). Dans sa chronologie, Morrison décide de placer leur première rencontre aux tout débuts de la carrière de Batman.
Suite à une invitation inattendue, le Caped Cruisader les retrouve donc dans une ambiance que ne renierait pas ce cher Alan Moore. Car en voyant le Légionnaire être devenu quasi-obèse, le Chef Indien alcoolique, et le Mousquetaire avoir passé quelques années en prison pour homicide involontaire, il est inévitable de penser à Watchmen et à sa déconstruction cynique (mais pertinente) du monde des super-héros.
L’histoire est un huis clos dans la grande tradition d’Agatha Christie, avec une île isolée du monde, des persos qui se font dessouder chacun leur tour, et du twist au niveau du véritable tueur. Et derrière tout ça plane la menace du Black Glove, on ne sait toujours pas qui ils sont, ils observaient Batman dans Batman and Son, et ils semblent à présent vouloir sa peau, mais ne se montrent pas en personne. Ils disent vouloir mener une lutte du bien contre le mal.

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Et après, ça commence à devenir bizarre…

Le troisième fantôme de Batman (cf Batman and Son) apparait et attaque le commissaire Gordon. Nous n’avions vu ce fantôme que dans dans un « What if » jusque là, un futur possible/alternatif ou Damian était devenu Batman, mais pourtant Bruce le reconnait. Il dit l’avoir vu dans un rêve. Le fantôme tire sur Batman, dont le cœur s’arrête. On a alors droit à un épisode très mystique comme Morrison en a le secret (cf le trip au peyotl d’Animal Man). Ici, la lecture de 52 et du Black Casebook aident pas mal à comprendre les multiples références. On suit donc le délire de Batman inconscient, et en état de mort clinique. L’imagerie onirique prend le dessus sur la logique narrative. Batman se revoit ainsi à ses tout débuts, nous redécouvrons alors l’homme qui a tué ses parents, une expérimentation de privation sensorielle des années 50, Bat-Mite, et une image n’appartenant pas au passé où le jeune Bruce voit son propre enterrement.
Puis il est réanimé par le faux Batman (le fantôme). On apprend ensuite que les trois imposteurs faisaient partie d’un vieux programme mis en place pour créer quelqu’un capable de remplacer Batman s’il mourrait. Un programme dont les cobayes étaient des flics et dont l’instigateur était le Docteur Hurt, le même qui avait organisé l’expérience de privation sensorielle sur Batman. Une expérience qui avait eu des effets secondaires à l’époque, le Dark Knigh s’étant vu victime de profondes phobies.
Batman parvient à se libérer, mais le troisième fantôme s’enfuit. Toutefois, c’est sur un Batman confus que l’épisode se termine, ayant des doutes sur ce qui lui est vraiment arrivé dans le passé, voyant Bat-Mite sous forme d’hallucination. Et c’est ainsi le lecteur qui est plongé dans le doute, hésitant entre ce qui est réel et ce qui n’est qu’imagination. Ou fiction…

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L’ultime histoire de The Black Glove revient sur le personnage de Jezebel, la petite-amie du moment de Bruce. Il compte justement rompre avec elle autour d’un bon dîner (parce qu’il est ce genre de gars), mais tout est foutu en l’air au moment où elle est prise en otage. Bruce doit agir vite, et violemment. Et le volume se termine donc sur Jezebel découvrant qu’il est Batman.
Cette histoire semble très détaché de toutes les autres, et même plus que dispensable. Mais comme on le verra prochainement dans Batman R.I.P les apparences sont souvent trompeuses.

À voir également:
Batman par Morrison #01
Batman par Morrison #02
Batman par Morrison #03

2 réflexions sur “Batman par Morrison #04 (The Black Glove)

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