Entretien avec Winshluss

Durant le festival d’Angoulême, j’ai pris rendez-vous avec Vincent Paronnaud, aussi connu sous le pseudonyme de Winshluss, afin de lui poser quelques questions. Malheureusement, on a eu quelques difficultés à se trouver, ce qui a valu d’écourter un peu l’interview. En effet, l’auteur de bandes-dessinées avait un train à prendre dans la foulée. Au final, j’ai pu l’interroger juste devant le théâtre – où avait lieu l’exposition sur les femmes de réconforts -.

winshluss

Avant de passer aux questions/réponses, voici une courte présentation du monsieur. Winshluss est donc un auteur de bandes-dessinées français qui a acquis une petite réputation grâce à des albums comme Monsieur Feraille et, plus tard, Wizz et Buzz. Il faudra cependant attendre 2008 et la sortie de Pinocchio pour qu’il soit enfin reconnu par le grand public. L’année suivante, cette adaptation quasi-muette et très décalée lui vaut de recevoir le prix du meilleur album lors du festival d’Angoulême. Depuis, plus rien. Aucune BD à se mettre sous la dent. Néanmoins, il réalise quelques films dont Villemolle 81 et Poulet aux prunes adapté de la BD de Marjane Satrapi. D’ailleurs ce n’est pas la première fois qu’il travaille avec la dame, puisqu’il avait co-réalisé avec elle l’excellent Persépolis.

En 2013, Winshluss fait son retour dans le monde la BD chez Les requins marteaux avec In God We Trust. Nommé (mais pas primé) dans la sélection officielle du Grand Prix d’Angoulême, Winshluss propose quelque chose d’assez différent de Pinocchio, ce qui ne manquera pas de diviser le public. En effet, avec In God We Trust, l’auteur parodie la Bible avec un humour noir qui fait bien souvent mouche. Une BD à sketches donc, qu’il m’était indispensable de présenter étant donné qu’il en est longuement question dans l’interview.

in god we trust

Une fois Winshluss trouvé, il me salue et me propose d’aller dehors afin de poser les questions plus tranquillement que dans le tohu-bohu du théâtre. Avant que je commence à l’interroger, il m’explique brièvement qu’il a un train à prendre dans peu de temps.

Lorsque que je lui demande comment lui est venue l’idée d’adapter la Bible, l’auteur répond qu’il voulait traiter du thème de la religion. Il voulait apporter de l’humour, aussi noir soit-il, au sujet. Surtout avec la montée de l’extrémisme, les scandales autour du Vatican, les polémiques concernant le mariage gay et tout ce qu’il se passe depuis 2 ou 3 ans autour de la religion.

In God We Trust est une BD par moment assez trash, dont les propos sont parfois crus. Pour autant Winshluss assure ne s’imposer ni limite ni censure. Il n’a pas peur de heurter les consciences et trouve même que le ton de sa BD reste bon enfant. Lorsque j’insiste un peu sur le fait que son humour puisse déranger certains croyants, Winshluss ajoute en rigolant que «ce n’est pas grave, et puis que ça fait 2000 ans qu’ils nous font chier».

god vs superman

Toujours très sympathique, l’auteur me confesse qu’il a été très influencé par Fluide Glacial, Mad ou encore Harakiri. Il me demande par ailleurs si je connais, car, toujours en se marrant, il affirme que ce sont des trucs de vieux.

Et les trucs de vieux, parlons-en ! Car c’est ce qu’il ressort principalement de cet entretien. En effet, dans In God We Trust, Winshluss se permet une pique humoristique sur le sujet des réseaux sociaux, disant, en gros, que les liens d’amitiés sur internet ne sont pas vraiment réels. Et quand je lui demande d’expliciter ce petit tacle, il évoque un conflit de générations : «C’est surtout un trait d’époque. Les réseaux sociaux, Facebook, tout ça, ce sont des trucs qui m’échappent. C’est sûrement parce que je dois être un vieux con». A cela, Winshluss ajoute que c’est surtout par rapport à l’amitié que les réseaux sociaux lui posent problèmes. Il  m’avoue qu’il préfère sans l’ombre d’un doute la chaleur d’un bar que la froideur d’un écran.

L’auteur embraie sur le rapport à la solitude et le fait que les gens se retrouvent seuls derrière leurs ordinateurs. Il continue de digresser sur la solitude en la mettant en relation avec la religion. Winshluss prend l’exemple des adeptes de Jéhovah et affirme que «dans le fond, ils sont seuls… avec leur foi…». Il conclue en revenant sur In God We Trust. Winshluss révèle effectivement avoir voulu parler de ce rapport qu’ont les religieux les plus extrémistes à la solitude dans sa dernière BD. Il ajoute qu’il souhaitait aborder ce sujet par le biais de l’humour.

Regardant sa montre, le dessinateur me dit qu’il est vraiment temps qu’il parte, me salue et se dirige vers la gare, toujours avec la même sympathie.

jésus et dieu

Actuellement Winshluss réalise Territoire, son nouveau court-métrage. Un projet auquel vous pouvez participer financièrement grâce à Ulule. Je vous donne le lien, et je vous conseille d’y jeter un coup d’œil car même si vous n’êtes pas en mesure de participer, vous pourrez en savoir plus sur le film : Territoire sur Ulule.

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