Souvenir d’un amour perdu : Kylooe, tome 2

Parce qu’il y a des bandes-dessinées meilleures que d’autres j’ai décidé d’aborder une nouvelle fois Kylooe avec son second tome. Celui-ci a pour sous-titre Green Tunnel. Il faudra arriver au bout du volume pour en comprendre la signification. Pas besoin d’avoir lu le premier tome de Kylooe pour se lancer dans celui-ci, l’histoire est indépendante. L’attachante Lanyue n’apparait pas dans ce volume et le personnage de Kylooe a un rôle secondaire contrairement à l’opus précédent où il se situait au premier plan.

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Sanyi est un jeune homme qui vit d’un petit boulot. Il habite dans un petit appart avec sa copine, une jeune fille un peu vulgaire sur les bords et pas très futée. Elle l’agace à tel point qu’il se demande ce qu’il fait avec elle. Alors qu’elle lui demande de parler de ses ex-copines, Sanyi va mentir. Plus qu’un mensonge c’est une réalité déformée, arrangée, qu’il va raconter. Le jeune homme ne ment pas qu’à sa gourdasse, il le fait aussi à lui même.

En fait Sanyi était amoureux de Fei, une fille un peu bizarre, un brin mélancolique et solitaire. Lui-même a des doutes sur le fait qu’ils soient véritablement sortis ensemble par le passé, tout ce que l’on sait c’est qu’il l’a perdu de vue. Cette rencontre, il va être un peu forcé de la raconter à son meilleur pote lors d’une pause déjeuner. En fait, il ne va lui narrer que les prémices de son amour perdu. C’est cette histoire qui est contée dans le second tome de Kylooe.

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Et Kylooe dans tout ça ? Que vient faire la boule de poil dans cette romance passée ? Et bien pas grand chose en fait. Il apparaît juste en forme de dessin animé. On sait que Sanyi en était fan dans son enfance et que Fei prend toujours du plaisir à le regarder. C’est d’ailleurs devant un épisode de Kylooe que Sanyi vient à se remémorer ses souvenirs avec Fei. Du coup, le monde des rêves présent dans le premier tome ne l’est pas dans celui-ci. Cette alternance entre rêve et réalité qui faisait la force de Kylooe disparaît lors de cet épisode. Enfin pas totalement comme le suggère l’arrière de la couverture.

Même sans cet univers aussi fantastique qu’inventif le second opus de Kylooe est d’un très haut niveau. Une nouvelle fois, le développement des personnages par Little Thunder est une franche réussite. Sanyi est plutôt agaçant en début de tome. Il apparaît comme assez sûr de lui et même plutôt hautain. Mais en réalité il est tout le contraire. Le jeune homme se montre attachant et a tendance à se laisser entrainer. Fei, quant à elle, est solitaire. Elle vit seule accompagnée de ses deux hamsters. Contrairement à Lanyue, l’héroïne du premier tome, elle est détachée de ce qui l’entoure et ne cherche pas à s’intégrer. Elle se soulage grâce à la peinture. Plus qu’une passion, il s’agit là d’une libération pour la jeune fille. Tandis que Lanyue va se perdre dans le monde des rêves avec Kylooe, Fei va s’accrocher à la réalité grâce à Sanyi. En revanche la copine de Sanyi est exagérément insupportable. A tel point qu’elle m’a fait penser à Misa Misa de Death Note (oui, c’était gratuit). Mais bon, elle est plus à plaindre qu’autre chose au final.

Nos deux protagonistes vont vivre une histoire d’amour assez ambigüe. De manières relativement différentes, ils vont s’aimer, sans jamais réellement se l’avouer. Little Thunder narre parfaitement cette romance que l’on sait vouée à l’échec depuis le début du tome. Le ton du récit se veut plutôt mélancolique. On sent parfaitement que Sanyi regrette le temps où il côtoyait Fei. Cette nostalgie passe d’abord par la phase où Sanyi se ment à lui-même sur sa relation avec Fei et ses soi-disant conquêtes amoureuses. Ensuite elle s’exprime par les souvenirs du jeune homme alors qu’il regarde par hasard un épisode de Kylooe.

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Graphiquement on ressent que le monde des rêves n’est plus là. Toutes ces couleurs vives qui contrastaient avec la sombre réalité ne nous transportent plus dans l’univers merveilleux présent lors du premier volume. En fait le contraste des couleurs existe entre le présent et les souvenirs de Sanyi. Quand le protagoniste se rappelle des moments passés avec Fei, la colorisation du manhua est plus terne. Mais ce n’est pas vraiment flagrant. Il s’agit là du principal défaut de ce tome. Après, le travail de Little Thunder est d’une qualité rare. La jeune femme est une très bonne illustratrice et elle a vraiment un don pour jouer avec les couleurs. C’est vraiment un plaisir d’admirer son travail graphique. Le physique des personnages va de paire avec leurs caractères. Les expressions sont très bien réalisées et reflètent l’état des personnages. Le seul point d’ombre à ce sujet est que Little Thunder a du mal à exprimer la tristesse par les sanglots. Le résultat est plus grotesque que réaliste. C’est dommage mais plutôt léger comme défaut. C’était déjà le cas lors du premier tome. Et puis, comme en témoigne la couverture, les décors de Kylooe sont de toute beauté.

De la même manière que lors du premier tome l’édition de Kana est de qualité. Heureusement car le livre coûte 18 euros tout de même. Il n’y a pas grand chose à redire. Seulement je souhaiterais bien avoir droit à un mot de l’auteure sur l’ensemble de son œuvre. Savoir ce qu’elle en pense, connaître ses inspirations ou même ses méthodes de travail. Une petite postface n’aurait pas été de trop.

En conclusion, Kylooe est une œuvre à part. Ce second album le confirme. Même sans le côté fantastique et cette orgie de couleurs qui faisaient la force du premier tome, le manhua nous offre une lecture très agréable qui ne laisse pas indifférent. Vous pouvez bien entendu vous lancez dans le chef d’œuvre de Little Thunder par ce second volume mais il serait dommage de passer à côté du premier tome qui est, au final, bien supérieur. Et maintenant rendez-vous bientôt pour connaître mon avis sur le troisième et ultime opus de Kylooe.

On attend votre avis !