Nostro Awards 2016 : les meilleurs mangas sur l’Imaginaire

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Pour ces second Nostro Awards, nous allons nous plonger dans le monde de l’imaginaire. Mais pas question de faire doublon avec la SF/Fantasy. Nous parlerons d’œuvres qui se déroulent dans un monde proche du nôtre, mais agrémentées d’une touche de surnaturel. Ici on traite de magie, de légendes, de contes. Ce sont des œuvres qui prêtent, chacune à leur manière, à la rêverie. Elles nous font nous intéresser aux limites de notre monde tout en développant notre imagination.

Underwater – Yuki Urashibara

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Dans la droite lignée de Mushishi, Underwater nous plonge littéralement dans un manga à l’ambiance onirique, où Chinami découvre un village englouti dans les flots, vestiges d’un lointain passé, désormais révolus. Mais cette découverte n’est pas banale. Alors qu’une canicule s’abat sans pitié sur le Japon, la jeune fille s’évanouit. Là, elle se retrouve emportée dans ce lieu paisible et entourée d’eau. Dès lors, chaque assoupissement sera un nouveau voyage. Mais plus elle plonge dans l’inconnu, plus les habitants lui paraissent familiers. Mais quel est le lien qui les réunit ? Et comment se retrouve-t-elle là-bas ? Voyage onirique ou retour dans le passée, ou peut-être même un mélange des deux ? Les clés du mystère sont révélées avec parcimonie par la mangaka, qui prend son temps pour développer son propos, et en profite pour étayer le cœur de son récit : l’Homme face à la nature ou quand celui-ci menace son existence pour son propre confort.

Bobo

Le monde selon Uchu – Ayako Noda

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Et si le monde dans lequel nous vivons était un manga ? C’est avec cette idée qu’Ayako Noda a écrit Le monde selon Uchu. On y suit la jolie Alice dans sa nouvelle école qui, au contact d’Uchu et de son frère jumeau, prend conscience qu’elle est un personnage fictif. D’abord dévoilant des gags assez imaginatifs sur la frontière entre le manga et la réalité, c’est dans le second (et dernier) tome que l’œuvre prend une autre dimension. La jeune mangaka pense son média, et va au bout de ses idées, au bout de sa réflexion. En plus de proposer une mise en abyme fascinante, on est sensible au destin des personnages, à ce qu’ils deviennent. Une question intervient alors : que deviendront-ils une fois qu’on aura terminé la série ? Non, il n’y a pas à dire, Ayako Noda signe là l’un des mangas les plus intéressants sur le rapport entre une œuvre, son auteur et son lecteur. Assurément une mangaka à suivre.

Meloku

Le Monde de Ran – Aki Irie

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Comme les couvertures pleines de vie et fourmillant de détails le montrent, Le Monde de Ran nous transporte dans un monde de magie et de merveilles durant 7 tomes de pur plaisir, grandement aidé par le talent de dessinatrice d’Aki Irie qui sait particulièrement comment bien mettre en avant ses personnages féminins. Le quotidien de Ran est loin d’être normal. En effet, elle vit au sein d’une famille haute en couleurs : le grand frère peut se transformer en loup, la mère est la cheffe des sorcières et le père commande à une armée d’hommes-corbeaux ! Ran n’est pas en reste, grâce à ses chaussures magiques, qui lui font prendre quelques années de plus. Du moins, pour son physique, sa mentalité restant celle d’une gamine de collège, ce qui amène évidemment de nombreux problèmes. Heureusement, tout sera réglé dans la bonne humeur, car de ce manga se dégage une légèreté et une fraîcheur bienvenues. Du moins, au début. Alors que Ran découvre le monde des adultes à travers ses yeux d’enfants, la mangaka développe un récit de plus en plus sombre et dramatique.

Bobo

Somali et l’esprit de la forêt – Yako Gureishi

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Imaginez la Terre dans un futur très lointain. Un futur dans lequel la race humaine a perdu son pouvoir hégémonique sur l’ensemble de l’écosystème pour finir au bord de l’extinction et être soumis à l’esclavage par diverses créatures venues d’on ne sait où (les conséquences de retombées radioactives liées à diverses guerres nucléaires ?). L’histoire débute lorsqu’un golem découvre une fillette enchaînée au fond d’une forêt. La petite humaine s’attache immédiatement à cet être énigmatique et le voit comme un père. Ce dernier décide de la prendre sous son aile et ainsi débute leur longue marche au cours de laquelle il lui inculque des principes élémentaires de survie pour ne pas retomber entre de mauvaises mains ou mourir prématurément. Dans la culture hébraïque, le golem est une sorte de messie vengeur et protecteur des reclus du ghetto (dans le manga, l’être humain) et fabriqué selon une recette issue d’ouvrages séculaires comme Le Livre de la Création (Sefer Yetzirah) :  on choisit une bonne argile vierge qu’on modèle selon l’image désirée avant d’effectuer une marche circulaire autour de la création tout en récitant les 221 formes de l’alphabet secret. Une fois ce rite terminé, on appose sur le front du golem la lettre hébraïque Emeth (vérité) pour lui donner la vie. Sous ses airs mélancoliques, le manga Somali offre une approche très douce d’un monde harmonieux où coexistent différentes races et où la guerre semble n’être qu’un lointain souvenir. Tout semble toujours paisible et le danger est généralement suggéré. On nage en eaux douces tout en respectant certaines limites pour ne pas se noyer dans certains abysses. Ce manga s’intègre d’ailleurs assez bien dans le catalogue de komikku. D’abord, il est encensé par Koré Yamazaki, l’auteure de The Ancient Magus Bride, d’autant que la magie y est maintes fois représentée. Ensuite, Yako Gureishi partage des points communs avec la série Minuscule et son auteur, Takuto Kashiki : on y trouve des pauses culinaires dans des environnements paisibles et les deux mangaka travaillent avec un seul assistant. Dans le cas de Somali, Gureishi a réalisé l’intégralité des 5 premiers chapitres avant d’engager un assistant pour l’épauler dans la conception des décors. Entre quête d’identité, quotidien gastronomique et magie, la dernière mignardise de komikku saura ravir un large lectorat tant sur le fond que sur la forme.

Damien – D’s©

Le vœu maudit – Kazuo Umezu

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Le grand maître du manga d’horreur qu’on ne présente plus, Kazuo Umezu, est de retour dans les librairies francophones avec Le vœu maudit. Pour le plus grand plaisir des amateurs de frissons, Le Lézard Noir continue de publier ses œuvres, après l’avoir remis au goût du jour avec La maison aux insectes. Dans ce nouveau recueil, on découvre sept histoires courtes du mangaka qu’on analyse plus en détails dans notre article. Femme serpent, malédiction, poupée qui prend vie, tout est bon pour nous effrayer, même le plus grotesque et sanguinaire des pères Noël ! Mais il y a toujours un fond assez intéressant dans ses récits, comme lors de l’histoire de la jeune fille qui fait un régime pour plaire à un homme, et qui finit par le dévorer. Bref, on redemande ! Et ça tombe bien, La femme serpent est prévu pour début 2017. Un apéritif avant de s’attaquer à Je suis Shingo, l’un des mangas cultes de Kazuo Umezu !

Meloku

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